POPULATION

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POPULATION

MARS-AVRIL 1993 - 48e ANNEE, NUMERO 2

93.46.26 - français - Bernard ZARCA, INED, 27 rue du Commandeur, 75676 Paris Cedex 14 (France)

L'héritage de l'indépendance professionnelle selon les lignées, le sexe et le rang dans la fratrie (p. 275-306)

L'héritage de l'indépendance professionnelle selon les lignées et sa différenciation selon le rang de l'héritier potentiel dépendent de la richesse économique du chef d'entreprise. Toutefois, l'analyse de l'héritage différentiel de cette indépendance, chez les artisans et les commerçants, selon les lignées parallèles (père-fils, mère-fille) ou croisées (père-fille, mère-fils) et donc selon le sexe, ainsi que la comparaison des aînés aux benjamins de même sexe, montrent qu'en deçà de la logique économique, perdure l'empreinte symbolique laissée par l'aînesse sur la famille, mais que cette empreinte est plus forte sur les femmes et pour les lignées croisées. L'héritier se fabrique dans le temps même de son éducation, comme le suggère la comparaison des données objectives relatives à la différenciation des chances d'hériter aux aspirations, elles aussi différenciées, des pères et des mères, artisans ou commerçants, concernant l'avenir professionnel de leurs enfants de l'un et de l'autre sexe. (CATEGORIE SOCIO-PROFESIONNELLE, TRAVAILLEUR INDEPENDANT, MOBILITE SOCIALE INTERGENERATIONNELLE)

93.46.27 - français - Helena CHOJNACKA, 544 C Heritage Hills, Somers, NY 10589 (E.U.)

La nuptialité dans les premières étapes de la transition démographique (p. 307-324)

Le calendrier de baisse de la fécondité dans une société ne dépend pas seulement du passage des ménages traditionnels aux ménages urbains-industriels. Il dépend aussi largement de la situation économique des ménages traditionnels déterminée par le rapport des deux principaux facteurs de production: la terre et la main-d'oeuvre. Nous vérifions que ce calendrier varie en fonction du type de nuptialité qui prévaut à la veille de la transition démographique. Dans les populations où le mariage des femmes est précoce et universel, les premières étapes du développement s'accompagnent de modifications de la nuptialité, mais le recul de la fécondité peut n'intervenir qu'après plusieurs décennies. Il faut revaloriser le statut de la nuptialité dans la théorie de la transition démographique et dans les politiques de population. (TRANSITION DEMOGRAPHIQUE, NUPTIALITE)

93.46.28 - français - Françoise BATTAGLIOLA, CSU CNRS, 59 à 61 rue Pouchet, 75017 Paris (France), Isabelle BERTAUX-VIAME, CNRS, 11 rue Boizot, 92310 Sèvres (France), Michèle FERRAND, et Françoise IMBERT

A propos des biographies: regards croisés sur questionnaires et entretiens (p. 325-346)

Cet article présente les principaux résultats d'une confrontation de parcours biographiques recueillis par questionnaire dans le cadre de l'enquête Conditions de vie effectuée par l'INSEE en 1986-87, puis par entretiens menés auprès des mêmes personnes par les auteurs de ce travail. Ce mode de lecture croisé des questionnaires et des entretiens, en montrant l'incidence de l'approche utilisée sur la façon dont les individus "disent leur vie" tente d'apporter des éléments au débat opposant ces deux modes de recueil des biographies: quelle approche des trajectoires sociales autorisent-ils? Quels congruences, décalages ou divergences dans la restitution des itinéraires leur confrontation met-elle au jour? Le cadre propre à chaque méthode, plus contraignant dans le cas d'un questionnaire, plus permissif dans celui d'un entretien, induit des décalages entre les données biographiques recueillies. Ces différences se manifestent essentiellement à travers la mise en perspectives des événements biographiques et les modalités de leur enchaînement, particulièrement au cours des phases de réorientation des itinéraires. La reconstitution des inflexions principales des parcours apparaît le plus souvent convergente. Néanmoins, ce sont les trajectoires les plus fortement structurées par une dimension omniprésente dans un mode de recueil et absente dans l'autre, telle la mobilité (ou l'enracinement) géographique et résidentielle, qui présentent les écarts les plus importants. (RASSEMBLEMENT DES DONNEES, METHODOLOGIE, ENQUETE BIOGRAPHIQUE)

93.46.29 - français - Jean-Paul SARDON, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Un indicateur conjoncturel de mortalité: l'exemple de la France (p. 347-368)

La mesure de la mortalité d'une année donnée est souvent limitée à une table transversale résumée par un seul indice: l'espérance de vie issue de cette table. Mais il est tout à fait possible de produire, comme pour les autres phénomènes démographiques, un couple d'indices, le premier correspondant à ce que, dans l'analyse longitudinale, on appelle l'intensité du phénomène, le second à l'âge moyen à la survenance de ce phénomène. Pour cela, il faut établir des taux de mortalité calculés par rapport à l'effectif initial, ou tout aussi simplement convertir les quotients de mortalité, observés à un âge et dans une génération donnés, en décès de la table de mortalité de chacune des générations considérées. Le premier indice, somme des décès réduits ou indicateur conjoncturel de mortalité, donne le nombre de décès que l'on enregistrerait (en l'absence de migrations, si les quotients sont transformés en décès de la table) si le nombre de naissances annuelles était constant. Il révèle en fait les modifications du calendrier de la mortalité au fils des générations. Le second indice donne l'âge moyen de cette distribution des décès. La durée de vie moyenne ainsi déterminée est toujours inférieure à l'espérance de vie de la table du moment. L'application aux données françaises montre que ces nouveaux indices peuvent compléter utilement les analyses faites à partir des tables de mortalité classiques. (FRANCE, MESURE DE LA MORTALITE, METHODOLOGIE)

93.46.30 - français - Jean-Luis RALLU et Laurent TOULEMON, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Les mesures de la fécondité transversale. II. Application à la France de 1946 à 1989 (p. 369-404)

Différents indices peuvent être calculés pour mesurer la fécondité transversale. En période de choc démographique, comme le baby-boom d'après-guerre, aucun indice exprimé en termes d'enfants par femme n'est satisfaisant. La fécondité selon le rang de naissance n'est mesurée convenablement que par les indices fondés sur la combinaison de quotients de fécondité par rang. Pour les années récentes, la combinaison des quotients par rang et âge de la mère conduit à une mesure de la fécondité de 1,86 enfant par femme en 1989, tandis que les quotients par rang et durée depuis la naissance précédente aboutissent à une mesure de 2,13 enfants par femme. On est donc loin de l'indice synthétique habituel, qui se situe à 1,81 enfant par femme, tandis que l'indice le plus complet, tenant compte à la fois du rang de naissance, de la durée depuis la naissance précédente et de l'âge de la mère, fournit une mesure de 1,94 enfant par femme. La fécondité par rang est aujourd'hui stabilisée (0,90 premier enfant, 0,68 deuxième enfant, 0,28 troisième et 0,09 enfant de rang 4 ou plus par femme en 1989). Les naissances sont aujourd'hui de plus en plus tardives, et les différences entre indices traduisent l'influence de la structure de la population sur la fécondité. Aucun indice transversal n'est entièrement satisfaisant, mais le calcul de plusieurs indices montre que l'indice synthétique habituel peut être biaisé, en valeur comme en tendance. (FRANCE, MESURE DE LA FECONDITE, METHODOLOGIE, SOMME DES NAISSANCES REDUITES)

93.46.31 - français - Jean-Noël BIRABEN, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Le point sur l'histoire de la population du Japon (p. 443-472)

Depuis une quinzaine d'années de nombreux travaux de démographie historique ont complètement renouvelé et étendu l'histoire de la population du Japon. La synthèse tentée ici porte sur le nombre des habitants et les reconstitutions du mouvement de la population. De 150.000 habitants en 300 av. J.C., la population aurait crû jusqu'à un sommet de 7,5 millions vers 1050 de notre ère, et décliné jusqu'à la fin du XIIe siècle. Puis une remontée lente, entrecoupée de catastrophes la conduit autour de 12 millions lors de la réunification du pays à la fin du XVIe siècle. Le shogunat des Tokugawa, en 1603, donne au Japon, malgré sa fermeture au monde en 1636, un développement considérable jusqu'au début du XVIIIe siècle où un recensement en 1732 permet de l'estimer à 31,5 millions, puis de grandes catastrophes entraînent son déclin à 29,1 millions en 1792. Une remontée lente commence alors accélérée après la chute du shogunat en 1868, qui la conduit aujourd'hui à près de 125 millions. Grâce aux shumon-aratamecho, registres de population boudhistes tenus à partir de 1630, on a pu reconstituer le mouvement des naissances et décès de provinces, et, à titre indicatif, du Japon, mouvement qui rejoint celui des reconstitutions plus précises du XIXe siècle. (JAPON, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE)

MAI-JUIN 1993 - 48e ANNEE, NUMERO 3

93.46.32 - français - Alfred NIZARD et Francisco MUNOZ-PEREZ, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Alcool, tabac, et mortalité en France depuis 1950. Essai d'évaluation du nombre de décès dus à la consommation d'alcool et de tabac en 1986 (p. 571-608)

En France, la statistique des causes initiales de décès sous-estime le nombre de morts imputables à la consommation d'alcool: en 1986, seulement 10.034 décès sont attribués à des causes spécifiées alcooliques. Quant au tabac, il est mentionné comme cause initiale de 36 décès... En ajoutant les causes de décès associées, on arrive à 18.263 décès avec mention d'alcool et à 2.657 décès pour le tabac. Une évaluation fondée sur plusieurs éléments - répartition par âge des décès par cause, croisement des causes principales et associées, études épidémiologiques et analyses de l'évolution des mortalités masculine et féminine par cause depuis 1950 - a permis de mieux apprécier l'effet de ces consommations sur la mortalité en France. L'alcoolisme a été à l'origine de plus de 35.000 décès en 1986 (6,5% du total) parmi lesquels figurent, notamment, plus d'un tiers des décès par maladie de l'appareil digestif, un quart des décès par troubles mentaux et un cinquième des morts violentes. Quant au tabac, plus de 50.000 décès (soit 9% du total) lui sont imputables. On y compte notamment un cinquième des décès par cancer et par maladies de l'appareil respiratoire. Parmi les affections de l'appareil circulatoire, la proportion est moindre (6%) mais le nombre de décès correspondant est élevé, près de 12.000. Pour chacune des consommations, le nombre de décès est évalué pour les deux sexes, par grand groupe d'âge. (FRANCE, FACTEUR DE MORTALITE)

93.46.33 - français - Nicolas BOURGOIN

Le suicide en milieu carcéral (p. 609-626)

Le suicide en prison attire particulièrement l'attention des spécialistes depuis la crise de sursuicidité carcérale qui prend naissance en 1972. L'objet de cet article est d'évaluer dans quelle mesure les gens se suicident plus en prison qu'en liberté, d'établir des comparaisons entre suicide carcéral et suicide en milieu libre selon le mode et le profil socio-démographique du suicidé sur un nombre élevé de cas, et d'essayer de mesurer le lien entre le suicide et certains événements de la détention. Des difficultés méthodologiques sont partiellement résolues par l'emploi des taux comparatifs. Les résultats de l'analyse laissent entrevoir des différences essentielles entre les deux types de suicide: le milieu carcéral se distingue par une radicalité dans le mode employé et la vulnérabilité particulière des jeunes. La sursuicidité carcérale est importante, particulièrement chez les femmes et les étrangers. Le fait d'avoir commis un incident en détention apparaît lié au risque de suicide, et peut donc constituer un premier critère pour délimiter une population à risque. L'analyse des moments délicats de la détention où le risque de suicide est le plus à craindre constitue un complément nécessaire à la base d'une action préventive. (SUICIDE, MORTALITE DIFFERENTIELLE, PRISON)

93.46.34 - français - Robert KASPARIAN, 72 rue Velpeau, 92160 Antony (France)

L'analyse longitudinale de la population active: une typologie des profils de carrière des résidents en France en 1982 et appartenant aux générations de 1911 à 1935 (p. 627-654)

Les études longitudinales de la vie active sont encore rares et maigres, faute de sources d'information adaptées. L'enquête "3B" de 1981 offre justement des possibilités nouvelles pour ce genre d'analyse. L'auteur propose donc une méthodologie d'exploitation de l'enquête "3B" pour analyser, dans la vie d'une série de générations, les passages successifs entre situations d'emploi et de non-emploi et les passages d'une situation d'emploi à une autre. Le résultat final visé est une typologie des profils de carrière. La méthodologie proposée se base sur celle que Courgeau et Lelièvre ont développé pour analyser des données biographiques. L'instrument principal est la table d'entrée-sortie par situation d'emploi, par âge et par sexe (et, quand l'échantillon le permet, par génération). Les paramètres calculés sont les probabilités de présence dans un état donné, les nombres moyens d'entrées et de sorties, les quotiens instantanés d'entrée et de sorite. De telles tables n'ont été calculées que pour quelques-unes des très nombreuses situations d'emploi ou de non-emploi que la richesse des données recueillies permettait théoriquement de distinguer. (FRANCE, ANALYSE DES BIOGRAPHIES, POPULATION ACTIVE, PROFESSION, GENERATION)

93.46.35 - français - Sophie PENNEC, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Le passage à la retraite d'une génération féminine: une projection par simulation individuelle (p. 655-682)

Ce travail consiste à décrire le devenir familial et économique probable d'une génération à l'horizon 2020-2040, en l'occurrence celle des femmes nées entre 1938 et 1942. Il s'agit d'apprécier le degré d'isolement de ces femmes durant la dernière partie de leur cycle de vie (présence ou non de conjoint ou d'enfants). L'étude porte également sur la situation financière des femmes de ces générations: celle-ci est liée non seulement aux droits propres acquis par ces femmes et leur conjoint éventuel, au cours de leur vie professionnelle, mais aussi au phénomène d'isolement simulé précédemment, le veuvage entraînant bien entendu une modification de leurs ressources. Ces simulations, réalisées à partir de données individuelles issues de l'enquête famille de 1982, sont encore exploratoires, mais elles montrent déjà comment ce type de travaux peut éclairer le débat sur les systèmes de protection sociale. (FRANCE, CONDITION FEMININE, PERSONNE AGEE, CONDITIONS DE VIE, SIMULATION)

93.46.36 - français - Nicholas EBERSTADT, The American Enterprise Institute, 1150 17th Street NW, Washington, DC 20036 (E.U.)

Population et main-d'oeuvre en Corée du Nord: évolution et conséquences (p. 683-710)

Le silence des statistiques nord-coréennes était à peu près total depuis près de 30 ans. Il a été levé récemment, des données démographiques sur les caractéristiques et le mouvement de la population ayant été fournies au Fonds des Nations Unies pour les Activités en matière de Population. Les éléments d'information sont peu nombreux: une composition par sexe et groupe d'âge, des taux bruts de natalité et de mortalité, des renseignements sur la mobilité résidentielle, l'urbanisation et le secteur d'activité. Mais cela suffit à l'auteur pour effectuer une reconstruction plus complète des évolutions de la fécondité, de la mortalité, des effectifs et de leur répartition par âge et combler ainsi un vide presque complet, de l'armistice qui a mis fin à la guerre jusqu'à 1987. Les résultats les plus impressionnants sont sans doute la baisse de la fécondité, plus tardive et moins achevée qu'en Corée du Sud, mais parallèle, et les particularismes de la population active. (COREE RPD, STATISTIQUE DEMOGRAPHIQUE, POPULATION ACTIVE)

93.46.37 - français - France PRIOUX, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Aspects régionaux de la formation de la famille et de l'illégitimité en Autriche (p. 711-734)

En Autriche, la fréquence des naissances hors mariage est traditionnellement élevée, mais il existe des différences régionales et locales très importantes qui ont perduré jusqu'à aujourd'hui. Cependant, lorsque l'on tient compte des conceptions prénuptiales, les différences s'estompent un peu, et l'on peut mettre en évidence la coexistence de deux modèles différents de formation de la famille: à l'extrême est, en Basse Autriche et surtout dans le Burgenland, en cas de conception hors mariage, la légalisation avant la naissance reste la règle et le mariage est plus précoce et plus répandu qu'ailleurs; au centre du pays, en Carinthie et dans la région de Salzbourg, le mariage est plus tardif et moins fréquent, et légitime souvent un ou plusieurs enfants. Depuis 20 ans, la nuptialité et la fécondité hors mariage ont connu de grandes fluctuations en Autriche, en raison des modifications de la fiscalité des mariages de célibataires et de l'introduction d'avantages sociaux en faveur des mères isolées. La deuxième partie de l'article étudie comment les différentes régions ont réagi à cette succession d'incitation au mariage ou au non mariage, et tente de prouver qu'à côté des milieux et des régions traditionnels où elles semblent reprendre avec vigueur, les naissances hors mariage se répandent maintenant aussi dans des milieux et des régions de tradition contraire. (AUTRICHE, FECONDITE ILLEGITIME, NUPTIALITE, DEMOGRAPHIE REGIONALE)

93.46.38 - français - Valerio TERRA ABRAMI, Instituto di Statistica Departo Studi, via Cesare Balbo 16, 00184 Rome (Italie), et Maria Pia SORVILLO, ISTAT SAM/D, A. Rava' 150 r., 00142 Rome (Italie)

La fécondité en Italie et dans ses régions: analyse par période et par génération (p. 735-753)

Depuis quelques années, l'Italie est un des pays d'Europe ayant la plus basse fécondité, l'indice synthétique atteignant 1,3 naissance par femme. L'importance de l'analyse longitudinale pour la compréhension de cette situation et de l'évolution récente a conduit l'Insitut italien de statistique (ISTAT) a reconstituer, au niveau régional, l'histoire féconde des générations féminines nées à partir de 1920. Sous la moyenne nationale apparaissent ainsi de fortes diversités entre le Nord, le Centre et le Sud du pays, ainsi que des disparités entre les régions de chacune de ces trois zones. Par exemple, le baby-boom des années 1960, que l'Italie partage avec toute l'Europe occidentale, ne couvre pas l'ensemble du pays et la répartition des naissances par rang diffère nettement entre le Nord et le Sud. La coupure du pays subsiste ainsi, malgré les signes d'homogénéisation qu'on avait cru, un temps, percevoir. (ITALIE, MESURE DE LA FECONDITE, FECONDITE DIFFERENTIELLE)

JUILLET-AOUT 1993 - 48e ANNEE, NUMERO 4

93.46.39 - français - Ali KOUAOUCI, Université de Blida, Blida (Algérie)

Essai de reconstitution de la pratique contraceptive en Algérie durant la période 1967-1987 (p. 859-884)

L'enquête nationale algérienne sur la fécondité (ENAF) est la première enquête de grande envergure ayant permis de mesurer l'extension de la pratique contraceptive dans divers groupes de la population algérienne distingués par l'âge, la durée du mariage, le nombre d'enfants déjà nés, l'habitat, etc. Mais, en outre, quelques questions rétrospectives sur la pratique au cours des divers intervalles entre naissances permettent de retracer la diffusion de ces comportements au fil du temps et d'en préciser les intentions (arrêt ou espacement). On voit alors comment cette dynamique a anticipé sur la reconnaisance politique l'intérêt d'une régulation des naissances et s'est installée en dépit des préceptes religieux. (ALGERIE, EXTENSION DE LA CONTRACEPTION)

93.46.40 - français - Gérard BAUDCHON, Haut-Commissariat de Nouvelle-Calédonie (Nouvelle-Calédonie), et Jean-Louis RALLU, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Evolution démographique récente dans les T.O.M. du Pacifique, 1970-1990 (p. 885-918)

La population des trois T.O.M. du Pacifique atteint près de 400.000 habitants. La fécondité des Océaniens, sauf les Wallisiens et Futuniens, a connu une baisse rapide au cours des années 1970 qui s'est ralentie depuis 1980 en Polynésie française. La fécondité à Wallis et Futuna n'a baissé que depuis 1980. L'espérance de vie continue d'augmenter avec de fréquents paliers et la surmortalité masculine des jeunes adultes est très importante. Les populations océaniennes des T.O.M. restent jeunes et conservent un accroissement élevé, autour de 2% annuellement. La composition de la population se modifie du fait des métissages et des migrations. Les projections à l'horizon 2010 donnent environ 520.000 habitants dans les T.O.M. du Pacifique. Le problème des toutes prochaines années est de créer des emplois pour les jeunes, les accroissements à 20-24 ans seront surtout importants en Polynésie, pour les Mélanésiens et à Wallis et Futuna. Les migrations vers la Nouvelle-Calédonie devraient donc se poursuivre. Cependant, un développement équilibré dans chaque T.O.M. est la meilleure chance d'avenir des T.O.M. (FRANCE, REGION, PROFIL DEMOGRAPHIQUE, PROJECTION DE POPULATION)

93.46.41 - français - Louis ROUSSEL, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Sociographie du divorce et divortialité (p. 919-938)

L'auteur pense pouvoir montrer que l'évolution récente du divorce ne s'explique pas par une aggravation des facteurs favorables aux ruptures des unions. La sociographie est certes nécessaire pour repérer les sites sociaux à forte fréquence de divorce, mais elle est insuffisante. C'est dans l'évolution du modèle même de mariage, dans sa fragilité intrinsèque (sa "divortialité"), qu'il faut chercher la raison décisive des brusques évolutions observées. Cette perspective ne dévalorise pourtant pas l'analyse des données démographiques. Celles-ci cessent d'être considérées comme la mesure des causes directes de divorce, pour être interprétées comme des marqueurs de modèles matrimoniaux plus ou moins fragiles. Ce changement de conception entraîne pour la formulation des perspectives sur le divorce des conséquences méthodologiques. Elle contraint aussi à une appréciation plus précise des relations qui dans les nouveaux modèles de mariage, lient les conjoints entre eux et les parents à leurs enfants. (FRANCE, DIVORCE, SOCIOLOGIE)

93.46.42 - français - Xavier THIERRY, Allocataire de recherche, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La nuptialité à l'épreuve de la cohabitation (p. 939-974)

Le développement de la cohabitation hors-mariage a considérablement affaibli la portée des études de nuptialité qui restituent uniquement les unions légales. Une approche complémentaire considérant l'ensemble des unions dès leur formation s'avère nécessaire. Dans cette étude de la conjugalité, le premier événement étudié sera la mise en couple, et non plus le mariage. Mais comment transposer les principes d'analyse de la nuptialité au traitement de ces nouveaux événements lorsque, en présence d'"événements perturbateurs" fréquents, les hypothèses habituellement utilisées pour le calcul des indices ne sont plus satisfaisantes? En s'inspirant des suggestions faites par Patrick Festy, l'auteur présente un article didactique d'analyse démographique (écriture des hypothèses, formulation des indices, modes de calcul, analyse de la vraisemblance des résultats selon les hypothèses). Les phénomènes décrits sont les formes d'entrée en union et le devenir de ces cohabitations. L'application de ces principes aux chiffres de l'enquête sur la régulation des naissances (INED, 1988) permet de remarquer notamment que la diffusion d'une nouvelle possibilité d'union n'a pas modifié la propension générale des individus à vivre en couple, mais a contribué à la rendre plus précoce. Toutefois les candidats à la cohabitation sont plus âgés que les adeptes d'une union traditionnelle. Ensuite la cohabitation est peu durable: moins d'une sur dix subsiste après dix ans. Les fins de cohabitation s'expliquent en dominante par la légalisation de l'union, la fréquence des séparations occupant une part réduite. Mais le devenir des cohabitations évolue au fil des promotions: le mariage est une issue moins fréquente et plus tardive, tandis que la séparation progresse. (FRANCE, METHODOLOGIE, ANALYSE DEMOGRAPHIQUE, UNION CONSENSUELLE)

93.46.43 - français - Alfred NIZARD, Francisco MUNOZ-PEREZ, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Alcool, tabac et mortalité en France depuis 1950. Incidence de la consommation d'alcool et de tabac sur la mortalité (p. 975-1014)

Dans un précédent article (voir résumé No.93.46.32), on a montré que, en 1986, l'alcoolisme a causé en France plus de 40.000 décès et le tabagisme plus de 50.000. Ensemble, ils sont à l'origine - avec les traumatismes - de la plus grande partie de la mortalité avant 65 ans. La diminution de la consommation d'alcool dans les dernières décennies s'est traduite par une baisse considérable de la mortalité par troubles mentaux et par cirrhose, mais cette mortalité reste encore élevée. La consommation de tabac, comme la mortalité liée (notamment le cancer du poumon) a beaucoup augmenté jusque dans les années 1980. Les maladies cardio-vasculaires ont certes très fortement décliné, mais l'écart entre les deux sexes s'est accru. Les causes liées à la double consommation d'alcool et de tabac (cancer des voies aérodigestives supérieures et de l'oesophage) diminuent (sexe masculin) ou ralentissent leur croissance (sexe féminin). La part de la mortalité alcoolique et tabagique dans la mortalité générale a pratiquement doublé de 1952 à 1986. Les causes liées (hors traumatismes et maladies cardio-vasculaires) passant de 17% à 34% des décès, à 35-64 ans, pour le sexe masculin, et de 10%, à 17% pour le sexe féminin. Sans ce frein, la baisse de la mortalité générale aurait été deux fois plus importante chez l'homme et majorée d'un cinquième chez la femme. L'augmentation de la surmortalité masculine générale à 35-64 ans (2,6 en 1986 contre 1,8 en 1952) est imputable au tabagisme et secondairement à l'alcoolisme. (FRANCE, FACTEUR DE MORTALITE)

93.46.44 - français - Bernard ZARCA, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

L'héritage de l'indépendance professionnelle: un ou plusieurs élus au sein de la fratrie? (p. 1015-1042)

Dans un précédent article sur la transmission de l'indépendance professionnelle des parents aux enfants (voir résumé No.93.46.26), l'auteur avait analysé la différenciation de cette transmission selon les lignées parallèles: père-fils ou mère-fille, ou croisées: père-fille ou mère-fils, et la position de l'héritier, homme ou femme, dans la fratrie. Il complète ici son questionnement en comparant les chances des membres d'une même fratrie d'hériter du statut d'indépendant de leur père (complémentarité ou concurrence entre les frères, entre les frères et les gendres) selon les caractéristiques de la fratrie et les ramifications de la famille d'origine (rôle des oncles, des grands-pères, etc.). L'enquête sur les Réseaux familiaux de 1976 constitue la source privilégiée pour de telles analyses. (FRANCE, CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE, TRAVAILLEUR INDEPENDANT, MOBILITE SOCIALE INTERGENERATIONNELLE, FRATRIE)

SEPTEMBRE-OCTOBRE 1993 - 48e ANNEE, NUMERO 5

93.46.45 - français - Nathalie BAJOS et Alfred SPIRA, INSERM, Santé publique, épidémiologie, reproduction humaine, U 292, 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex (France)

L'enquête ACSF: élaboration d'un projet multidisciplinaire sur la sexualité (p. 1209-1228)

Pour aider à élaborer les stratégies de prévention du Sida et les modèles prévisionnels d'évolution de l'épidémie, l'Agence nationale de Recherches sur le Sida a demandé la réalisation d'une enquête sur les comportements sexuels en France. Dans une perspective de santé publique, une telle entreprise se devait d'être multidisciplinaire, conjugant une approche d'épidémiologie descriptive et une analyse psychologique et sociologique des modalités et facteurs liés aux différents types d'activités sexuelles. Une équipe pluridisciplinaire comprenant des épidémiologistes, des sociologues, des démographes, des psychologues et des économistes fut constituée. L'approche multidisciplinaire fut mise en oeuvre à toutes les étapes de la recherche: élaboration des problématiques, construction de la méthodologie, collecte des données. Force est de reconnaître que les analyses développées jusqu'à ce jour restent encore largement monodisciplinaires, même si les approches développées par chacun des membres de l'équipe ont été influencées par les nombreux débats pluridisciplinaires qui ont eu lieu lors de l'élaboration de la recherche. Une analyse globale et multidisciplinaire est en cours, qui vise à identifier les logiques sociales et psychologiques qui génèrent des situations relationnelles qui comportent des pratiques que les épidémiologistes définissent comme étant des pratiques à risque. Ces analyses doivent fournir des ressources pour l'intelligibilité des situations à risque permettant ainsi de mieux adapter les stratégies de prévention. (FRANCE, ENQUETE PAR SONDAGE, COMPORTEMENT SEXUEL, PROJET DE RECHERCHE)

93.46.46 - français - Alain GIAMI, INSERM et Laboratoire de Psychologie clinique, Centre Censier (France)

Le questionnaire de l'enquête ACSF: influence d'une représentation épidémiologique de la sexualité (p. 1229-1256)

L'article vise à évaluer l'influence des catégories et des problématiques épidémiologiques et de santé publique sur l'évolution des représentations de la sexualité dans le contexte du Sida. Il a été procédé à une double lecture du questionnaire ACSF. Celui-ci a été, d'une part, présenté et discuté du point de vue de sa pertinence scientifique par rapport aux problèmes posés par la commande sociale qui est à son origine; il a été, d'autre part, analysé du point de vue de sa signification, en tant que scénario socialement acceptable de communication sur la sexualité dans le contexte du Sida. En nous fondant sur l'analyse des éléments suivants: 1) la présentation du questionnaire aux personnes interrogées; 2) les caractéristiques attribuées aux répondants ainsi qu'aux partenaires décrits et rapportés par ceux-ci; 3) les pratiques sexuelles; 4) la thématique sexualité-risque-Sida, nous avons mis en évidence la prédominance d'une "problématique-Sida" qui a imprégné l'ensemble du questionnaire, en plaçant l'exploration de l'activité sexuelle de la population sous le signe majeur du thème du "Sida". (FRANCE, SIDA, SEXUALITE, QUESTIONNAIRE)

93.46.47 - français - Benoît RIANDEY et Jean-Marie FIRDION, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Vie personnelle et enquête téléphonique: l'exemple de l'enquête ACSF (p. 1257-1280)

Les chercheurs français en sciences humaines n'ont qu'une expérience très récente en matière d'enquêtes téléphoniques, en particulier pour des sujets aussi délicats que les comportements sexuels. Aussi l'enquête ACSF a-t-elle nécessité un investissement méthodologique important en matière de technique de sondage, de suivi de la collecte ou d'évaluation de la qualité des réponses. Cette enquête a confronté l'équipe des chercheurs à des questions déontologiques et des difficultés institutionnelles sérieuses liées aux garanties à apporter à la protection de la vie privée des personnes enquêtées. Les solutions apportées paraissent satisfaisantes de ce point de vue, au prix de certaines contraintes techniques, peut-être parfois excessives. (FRANCE, RASSEMBLEMENT DES DONNEES, METHODOLOGIE, VIE PRIVEE)

93.46.48 - français - Jean-Marie FIRDION, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Effet du rang d'appel et de la présence du conjoint dans une enquête par téléphone (p. 1281-1314)

Dans le cadre de l'enquête sur les comportements sexuels en France (ACSF), nous analysons deux sources possibles de biais de réponse à des questions "sensibles", liées aux conditions d'enquête téléphonique. Combien d'appels doit-on réaliser pour réduire le biais d'échantillonnage dû à la population difficile à joindre? Les enquêtés joints tardivement se caractérisent par une fréquence plus forte du multipartenariat ainsi que par un nombre moyen de partenaires sexuels plus élevé, ce qui justifie, pour ce sujet, la persévérance de collecte jusqu'au 12e appel. En second lieu, nous avons étudié si la présence du conjoint, lors de l'entretien, influe sur les réponses de l'enquêté. On relève, dans ce dernier cas, une moindre déclaration de consommation passée de drogue et moins de partenaires sexuels (dans le passé). Le mode de collecte par téléphone ne prémunit donc pas contre l'effet de la présence du conjoint, pour certaines questions "sensibles" portant sur de longues durées, périodes en partie antérieures à la formation du couple. (FRANCE, RASSEMBLEMENT DES DONNEES, METHODOLOGIE, SONDAGE, BIAIS)

93.46.49 - français - Michel BOZON, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

L'entrée dans la sexualité adulte: le premier rapport et ses suites. Du calendrier aux attitudes (p. 1317-1352)

La description du premier rapport sexuel fournit aussi un point de vue sur l'ensemble de l'activité sexuelle des invidivus. Cette étape ne se déroule plus aujourd'hui comme il y a 50 ans. Ainsi l'âge moyen des femmes au premier rapport s'est abaissé de plus de 3 ans en un demi-siècle. Pourtant les différences entre hommes et femmes ne se sont pas effacées au fil des générations. Pour les hommes, cet événement reste un moment d'apprentissage sexuel, alors que pour les femmes, il indique une première relation pré-conjugale ou conjugale. Dans chaque génération, certains individus connaissent une entrée précoce dans la vie sexuelle, et d'autres une entrée tardive. Une entrée tardive dans la sexualité est liée à certains facteurs qui retardent la maturation sociale, comme par exemple le fait de mener des études longues. Mais un âge précoce ou tardif au premier rapport signale aussi une attitude à l'égard de la sexualité, et plus largement à l'égard du couple, voire de la vie familiale. Les individus les plus précoces sexuellement ont une vie plus complexe que les autres: ce sont eux qui ont le plus de séparations, et qui par ailleurs ont le répertoire de pratiques sexuelles le plus diversifié. Ceux qui sont entrés tardivement dans la vie sexuelle ont un profil plus traditionnel: ils ont beaucoup moins de partenaires et restent plus souvent avec le même conjoint. Ils se refusent à séparer couple, sexualité et sentiment. Ces différences d'attitude et de comportement sont très marquées chez les hommes. Elles ressortent beaucoup moins nettement chez les femmes, surtout dans les générations anciennes; les femmes tendent toujours à associer systématiquement sexualité et sentiment. (FRANCE, COMPORTEMENT SEXUEL, DIFFERENCE ENTRE SEXES)

93.46.50 - français - Antoine MESSIAH et Emmanuelle MOURET-FOURME, INSERM U-292, Hôpital Bicêtre, 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex (France)

Homosexualité, bisexualité: éléments de socio-biographie sexuelle (p. 1353-1380)

L'enquête ACSF a permis d'obtenir un échantillon aléatoires de 210 hommes ayant eu dans leur vie au moins un rapport homosexuel. Plusieurs données socio-biographiques ont été analysées: pôle d'activité sexuelle sur plusieurs périodes, attirance sexuelle, vie en couple, caractéristiques socio-démographiques des individus et des couples, caractéristiques des premiers rapports sexuels, violence sexuelle subie, multipartenariat homo- et hétérosexuel, dialogues avec les parents et la famille pendant l'enfance, influence de la religion, et tolérance envers l'homosexualité masculine. Leur analyse montre que l'échantillon obtenu avec ACSF est très différent de ceux d'enquêtes spécifiques auprès d'homo/bisexuels masculins sans procédure aléatoire. Ainsi la population de bisexuels est très importante, allant de 64 à 96% des homo-bisexuels selon la période investiguée. Certaines des caractéristiques des bisexuels sont intermédiaires entre celles des homosexuels et celles des hétérosexuels, alors que d'autres sont voisines de celles des hétérosexuels. Ces données montrent que les logiques biographiques et leurs conséquences socio-démographiques diffèrent selon le pôle d'activité sexuelle, et doivent être prises en compte dans les stratégies de prévention contre l'infection à VIH chez les homo/bisexuels masculins. (FRANCE, HOMOSEXUALITE, SOCIOLOGIE)

93.46.51 - français - Henri LERIDON, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La fréquence des rapports sexuels: données et analyses de cohérence (p. 1381-1408)

Les modèles de transmission du Sida et de diffusion de l'épidémie font appel à des variables décrivant les comportements sexuels, comme le nombre de partenaires et la fréquence des rapports. Il est donc important de rassembler des informations sur ces variables, et d'évaluer leur degré d'exactitude. On s'intéresse ici aux données sur la fréquence des rapports collectée dans l'enquête de 1992 sur les comportements sexuels en France (ACSF). La fréquence déclarée pour les quatre dernières semaines est semblable pour les hommes et les femmes (respectivement 8,0 et 7,1); elle diminue quand l'âge (après 25 ans) ou la durée d'union s'élève, passant par exemple de 13 par mois au cours de la première année de la vie de couple à moins de 8 après 15 ans. Ces résultats confirment ceux d'enquêtes antérieures, comme l'enquête Simon de 1970. Cette fréquence des quatre dernières semaines est ensuite comparée à la fréquence "habituelle", pour les monopartenaires. La cohérence est très forte, montrant que les répondants ne font guère de différence entre les deux questions. La fréquence déclarée peut aussi être rapprochée de l'ancienneté du dernier rapport. L'inverse de la fréquence, en effet, donne une estimation de l'intervalle entre deux rapports (pour chaque individu), qui constitue un intervalle "fermé"; l'ancienneté du dernier rapport constitue, elle, un intervalle "ouvert". Les conditions de comparabilité de ces deux mesures sont discutées. Sous l'hypothèse que la probabilité d'avoir un rapport est approximativement constante d'un jour à l'autre pour un même individu, on montre que les deux types d'intervalles ont la même espérance mathématique; les données de l'enquête sont en parfait accord avec ce modèle, ce qui permet de conclure que les deux questions donnent des réponses cohérentes. Avec l'hypothèse supplémentaire d'une répartition lognormale des probabilités journalières de rapport des divers individus, il est possible d'estimer la distribution complète des intervalles. Il reste que l'ensemble des informations recueillies pourraient souffrir d'un même type de biais (tendance à la "normalisation" des comportements déclarés), résultant en une surestimation de la cohérence des données et, peut-être, de la fréquence habituelle des rapports. (FRANCE, RELATIONS SEXUELLES, FREQUENCE DU COIT)

93.46.52 - français - Brenda SPENCER, INSERM, U 292, 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex (France)

Contexte normatif du comportement sexuel et choix des stratégies de préventions (p. 1411-1436)

Pour rendre compte de la diversité des comportements sexuels et des stratégies de prévention qu'adoptent (éventuellement) les individus, on ne peut se situer dans une perspective strictement individualiste. Les pratiques s'inscrivent en effet dans un cadre de représentations sociales, qui n'est, d'ailleurs, pas toujours en cohérence avec les pratiques elles-mêmes. Le cadre normatif des pratiques est étudié ici à partir de plusieurs exemples: les normes portant sur l'amour, le couple et la sexualité, la représentation de la fidélité, l'image du préservatif, la représentation du contenu de l'acte sexuel, les changements de comportement envisagés en relation avec l'épidémie de Sida, la perception et l'utilisation du test de dépistage. En matière de représentations, les différences entre hommes et femmes sont assez marquées: l'infidélité par exemple est jugée beaucoup plus sévèrement par ces dernières. La prise en compte de l'univers normatif des individus peut contribuer à la définition de la politique de prévention. (FRANCE, COMPORTEMENT SEXUEL, SYSTEME DE VALEURS, SANTE)

93.46.53 - français - André BEJIN, 9 rue de Guise, 02140 Vervins (France)

La masturbation féminine en France. Un exemple d'estimation et d'analyse de la sous-déclaration d'une pratique (p. 1437-1450)

Dans le rapport ACSF, publié au début de l'année 1993, le pourcentage des femmes de 18 à 69 ans habitant en France qui avaient expérimenté au moins une fois la masturbation était estimé, par le moyen d'une question "directe", à 42%. L'article montre, grâce à l'utilisation d'une question "indirecte", que 56% des femmes au moins se sont déjà adonnées à cette pratique. La sous-déclaration mise en évidence est considérable aux jeunes âges: chez les 18-19 ans, ce sont ainsi 67% des femmes - au lieu de 34% - qui ont une expérience au moins minimale de la masturbation. Certains facteurs de cette sous-déclaration sont examinés, tels que l'effet enquêteur ou l'effet âge. La masturbation apparaît - si l'on accepte la nouvelle estimation ici proposée - comme une composante non pas marginale mais essentielle de l'"entrée en sexualité" de la majorité des jeunes femmes actuelles. (FRANCE, FEMME, MASTURBATION, SOUS-ENREGISTREMENT)

93.46.54 - français - Alexis FERRAND, Institute de Sociologie, Université de Lille-1, Lille (France), et Lise MOUNIER, LASMAS, CNRS, 59 à 61 rue Pouchet, 75017 Paris (France)

L'échange de paroles sur la sexualité: une analyse des relations de confidence (p. 1451-1476)

Pour analyser l'influence de l'environnement relationnel sur la façon dont les individus établissent leurs relations sexuellles, nous avons demandé aux enquêtés de décrire trois de leurs confidents en matière amoureuse et sexuelle. L'article présente les dimensions principales des logiques sociales de la confidence à partir de trois points de vue: celui de la prédisposition d'individus de différentes catégories à avoir plus ou moins de confidents de tels ou tels types; celui des matrices d'échanges entre catégories d'acteurs résultant des relations; celui de différents types de lien autorisant des échanges de confidence. (FRANCE, SEXUALITE, COMMUNICATION INTERPERSONNELLE)

93.46.55 - français - Béatrice DUCOT et Alfred SPIRA, INSERM, U 292, 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex (France)

Les comportements de prévention du Sida: prévalence et facteurs favorisant (p. 1479-1504)

En matière de prévention des MST et du Sida, plusieurs stratégies peuvent être adoptées: sélection et diminution du nombre des partenaires sexuels, abandon de certains pratiques, utilisation du préservatif lors des rapports. Parmi les sujets hétérosexuels interrogés lors de l'enquête ACSF, 36% des hommes et 30% des femmes ayant eu au moins 2 partenaires sexuels différents dans les 5 dernières années déclarent avoir "changé leur comportement depuis qu'on parle du Sida". Les changements les plus fréquemment cités sont une sélection et une diminution du nombre de partenaires. Les personnes les plus susceptibles d'avoir ainsi changé leur comportement sont les sujets ne vivant pas en couple, ayant eu un nombre élevé de partenaires et celles déclarant avoir déjà eu une MST. En ce qui concerne les douze derniers mois, si on exclut les personnes n'ayant eu qu'un seul partenaire conjoint fidèle ou ressenti comme tel, 15% des hommes et 8% des femmes monopartenaires, 17% des hommes et 5% des femmes multipartenaires déclarent avoir utilisé de façon systématique un préservatif durant cette période. Les facteurs favorisant une telle protection sont le type de partenaire nouveau ou occasionnel et le caractère récent de la relation. Enfin, il semble que le fait d'avoir un ou plusieurs confidents avec le(s)quel(s) on parle de choses intimes favorise la prise de conscience du risque de contamination et l'adoption de comportement de prévention. (FRANCE, SIDA, COMPORTEMENT SEXUEL)

93.46.56 - français - Jean-Paul MOATTI, Institut Paoli-Calmettes, Marseille (France), Nathalie BELTZER, Unité de Recherches INSERM "Epidémiologie et Sciences sociales appliquées à l'Innovation médicale", U 357 (France), et William DAB, Ecole Nationale de la Santé Publique (Saint-Maurice)

Les modèles d'analyse des comportements à risque face à l'infection à VIH: une conception trop étroite de la rationalité (p. 1505-1534)

Les recherches en sciences sociales sur la prévention de l'infection à VIH ont établi des liens entre des connaissances et des croyances sur le Sida d'une part, des attitudes individuelles et collectives face aux personnes infectées et au risque de transmission d'autre part; mais elles ont également mis en évidence l'ambiguïté de ces relations avec les comportements déclarés. Comme dans de nombreux autres domaines de la prévention sanitaire, les recherches ont confirmé qu'une amélioration du niveau d'information sur le risque n'est clairement pas une condition suffisante pour provoquer des modifications de comportements individuels tendant à diminuer celui-ci. En matière d'analyse des déterminants de l'exposition au risque de transmission sexuelle du VIH, la littérature internationale est demeurée jusqu'à présent dominée par le recours à des modèles psychosociologiques préexistant (Health Belief Model ou "modèles de croyances pour la santé", théorie de l'apprentissage social, etc.), qui ont notamment servi de référence à l'intervention "communautaire" de prévention mise en oeuvre avec un certain succès dans la communauté homosexuelle et bisexuelle de San Francisco. L'article développe une critique des limites de ces modèles en termes d'explication et de prédiction des comportements face au risque de transmission du VIH, et s'efforce de démontrer qu'ils reposent implicitement sur une conception réductrice de la rationalité individuelle qui assimile celle-ci à la seule exposition nulle au risque et à la recherche de la sécurité absolue. Une confrontation de ces modèles psychosociologiques avec la théorie de l'utilité espérée, modélisation classique en micro-économie des comportements des agents face au risque et à l'incertitude, ainsi qu'une application empirique de cette théorie aux données de l'enquête ACSF, permet de souligner d'autres logiques sous-jacentes à la persistance d'expositions individuelles au risque de transmission sexuelle du VIH; et d'illustrer le fait que des stratégies de non changement, ou de changement "intermédiaire", ne donnant aucune garantie réelle de protection face au risque VIH, puissent néanmoins s'avérer comme les plus cohérentes avec les rationalités effectives des individus. En conclusion, l'article suggère quelques pistes pour des anlayses moins mécanistes des comportements qui seraient susceptibles de mieux tenir compte du contexte spécifique et de la dynamique temporelle dans laquelle s'inscrivent les expositions au risque d'infection par le VIH; ces analyses pourraient utilement s'appuyer sur les développements théoriques les plus récents tant de la recherche micro-économique que la recherche psychosociologique. (FRANCE, SIDA, PSYCHOLOGIE SOCIALE, EXPOSITION AU RISQUE)

93.46.57 - français - Françoise LE PONT, INSERM, U 263, 27 rue de Chaligny, 75571 Paris Cedex 12 (France)

Vers un modèle prévisionnel de développement de l'infection à VIH en France à partir de l'enquête ACSF (p. 1535-1550)

Ce chapitre présente la structure d'un modèle de prévision de l'épidémie de Sida qui prend en compte les caractéristiques socio-démographiques de chaque individu et permet de décrire sa vie par une suite d'événements (rencontre de partenaire, passage au stade Sida par exemple). Par rapport à un modèle mathématique classique qui représente des sous-populations, l'approche individuelle permet de prendre en compte la variabilité des caractéristiques du comportement sexuel qui ont été collectées par l'enquête ACSF, comme la structure initiale de la population et de son réseau sexuel, le nombre de nouveaux partenaires par an, les caractéristiques des partenaires (âge, sexe, monogamie, catégorie socio-professionnelle) et celles de la liaison (durée, en couple ou non). Ces informations peuvent être représentées dans le modèle par des règles de la forme "Si... Alors", gérées par un système expert relié au modèle. Cette approche permet de décrire des changements éventuels de comportement afin de comparer leur impact sur la croissance de l'épidémie et d'étudier la diffusion du VIH dans la population générale, pour laquelle un risque de développement d'une épidémie a été mis en évidence chez les 18-24 ans. (FRANCE, SIDA, EPIDEMIOLOGIE, MODELE, PREVISION)

NOVEMBRE-DECEMBRE 1993 - 48e ANNEE, NUMERO 6

93.46.58 - français - Nicole COEFFIC, INSEE, 18 bd Adolphe-Pinard, 75675 Paris Cedex 14 (France)

L'enquête post-censitaire de 1990. Une mesure de l'exhaustivité du recensement (p. 1655-1682)

L'INSEE a reconduit en 1990 l'enquête de contrôle post-censitaire qui avait déjà permis en 1962 de mesurer l'exhaustivité du recensement. Il s'agit, dans un échantillon d'aires, de dénombrer minutieusement la population et de retracer tous les lieux où chaque personne pourrait avoir été recensée (résidence secondaire, ménage collectif, précédent logement en cas de déménagement récent, etc.). La comparaison avec les résultats du recensement, individu par individu, permet de mesurer les omissions et les doubles comptes, en entourant le noyau dur des cas caractérisés d'un halo plus flou de cas probables ou possibles. Principal résultat: il y aurait eu environ 2% d'omissions et 1% de doubles comptes. Quoique de signe opposé, les erreurs touchent souvent les mêmes catégories de population: les plus mobiles, difficiles à localiser. Ce sont plus souvent des hommes que des femmes, des jeunes adultes que d'autres catégories d'âge. En 28 ans, ces résultats n'ont guère varié, malgré des difficultés de collecte accrues. Un tel bilan est largement positif. (FRANCE, RECENSEMENT DE POPULATION, QUALITE DES DONNEES, ENQUETE POST-CENSITAIRE DE CONTROLE)

93.46.59 - français - Dominique ROUAULT-GALDO, INSEE, 18 bd Adolphe-Pinard, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Les écarts d'estimation de la population active française au recensement et à l'enquête annuelle sur l'emploi. D'où viennent les divergences? (p. 1683-1704)

Les évaluations de la population active française publiées par l'INSEE à partir de l'enquête annuelle sur l'emploi de janvier 1990 et du recensement général de la population de mars 1990 divergent notablement. Après prise en compte des différences de champ et de date de collecte, et surtout de concept mesuré, l'aléa de sondage de l'enquête ne suffit pas à rendre compte de l'écart mesuré sur la population au chômage. Un rapprochement des enregistrements du questionnaire de l'enquête et du bulletin individuel du recensement affecte de façon importante le codage du type d'activité sur les répondants à l'enquête, le recensement (dans son exploitation exhaustive) produisant 50.000 actifs occupés et 170.000 chômeurs en plus, et en revanche 210.000 inactifs en moins que l'enquête emploi, à champ, date et concept équivalents. Sur le bulletin du recensement, davantage de personnes se classent spontanément chômeurs, davantage surtout indiquent explicitement rechercher un emploi, qu'elles ne font en présence de l'enquêteur. Ainsi 295.000 personnes indiquant une ancienneté de recherche d'emploi supérieure à trois mois en mars-avril 1990, avaient déclaré ne pas rechercher d'emploi en janvier. Ce sont les populations démunies vis-à-vis du marché du travail qui sont les moins enclines à faire état d'une recherche ou attente d'emploi dans la situation d'enquête, et tout particulièrement les femmes d'âge moyen disposant d'un faible bagage scolaire. (FRANCE, POPULATION ACTIVE, RECENSEMENT DE POPULATION, ENQUETE, QUALITE DES DONNEES)

93.46.60 - français - Thierry EGGERICKX, Institut de Démographie, U.C.L., 1 Place Montesquieu, 1348 Louvain-la-Neuve (Belgique), et François BEGEOT, Eurostat, Office statistique des Communautés européennes (Luxembourg)

Les recensements en Europe dans les années 1990. De la diversité des pratiques nationales à la comparabilité internationale des résultats (p. 1705-1732)

La plupart des pays européens ont suivi le souhait des organisations internationales de voir réalisé en 1990 ou 1991 un décompte des populations et de leurs principales caractéristiques. Toutefois le recensement, à qui sont traditionnellement dévolues ces fonctions, est aujourd'hui contesté dans certains pays, soit à cause des atteintes qu'il pourrait porter à la vie privée, soit à cause de sa lourdeur et de son coût. On a donc vu se développer le recours aux registres de population, comme substitut ou comme complément à un recensement allégé, ou de larges enquêtes par sondage pour limiter le nombre des questions posées à l'ensemble de la population, pour remplacer le recensement quand celui-ci ne pouvait pas être conduit à la date indiquée. Cette diversité des formes de collecte s'ajoute à bien d'autres difficultés (résidente ou présente), les éléments de chaque nomenclature (état matrimonial, catégorie de ménage...) ainsi bien sûr que la qualité des résultats obtenus différents d'un pays à l'autre. Il est plus que jamais nécessaire de poursuivre les efforts de normalisation internationale dans ces domaines. (EUROPE OCCIDENTALE, RECENSEMENT DE POPULATION, COMPARABILITE DES DONNEES)

93.46.61 - français - Alain CHENU, Université de Versailles-Saint-Quentin (France), et Nicole TABARD

Les transformations socio-professionnelles du territoire français, 1982-1990 (p. 1735-1770)

Les transformations des profils socio-professionnels des communes sont étudiées par comparaison des recensements de 1982 et de 1990. Dans une première partie, l'analyse multidimensionnelle permet de dégager les principales tendances et de les comparer aux situations initiales (celles de 1982): l'enrichissement est-il propre aux communes aisées? La tertiarisation aux communes déjà tertiaires? ... La seconde partie utilise les catégories territoriales familières - régions, oppositions villes/banlieues, grandes villes - pour localiser ces tendances: déplacement vers les zones périphériques et vers l'ouest des activités techniques, vers les zones centrales, des activités artisanales et tertiaires, déqualification des zones industrielles, net embourgeoisement des zones initialement aisées. (FRANCE, CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE, CIRCONSCRIPTION ADMINISTRATIVE)

93.46.62 - français - Brigitte BACCAINI, Daniel COURGEAU et Guy DESPLANQUES, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Les migrations internes en France de 1982 à 1990 (p. 1771-1790)

Après une augmentation de la mobilité de 1954 à 1975, observée à tous les échelons géographiques allant du logement à la région, la baisse entamée en 1975-1982 se ralentit de 1982 à 1990. Les changements sont en revanche plus importants et obéissent à une logique plus complexe lorsque l'on observe l'évolution des migrations nettes internes des régions et a fortiori leur immigration et leur émigration. Nous avons cependant pu mettre en évidence des comportements semblables de groupes de régions -faciles à identifier: l'Ile-de-France s'oppose aux régions de l'Ouest; des différences apparaissent entre les régions du Nord et la périphérie de la Région parisienne; enfin un grand bloc de régions du Midi se distingue parfaitement avec des comportements très synchronisés tout au long de la période s'étendant de 1954 à 1990. (FRANCE, MIGRATION INTERNE)

93.46.63 - français - Brigitte BACCAINI, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Régions attractives et régions répulsives entre 1982 et 1990. Comparaison avec la période 1975-1982 et spécificité des différentes classes d'âges (p. 1791-1812)

Les modèles dits "gravitaires" permettent d'analyser les flux migratoires en éliminant les effets déterminants de la distance entre les zones et des masses de population en présence. L'application d'un tel modèle aux migrations interrégionales françaises de la période 1982-1990, en distinguant les différentes classes d'âge a tout d'abord permis de montrer que l'impact de la distance est plus fort chez les jeunes que chez les adultes et surtout que chez les retraités. L'observation des valeurs prises par l'indice d'attraction et de répulsion, dans les différentes régions (ces indices étant calculés à partir des résidus du modèle) a révélé quelques évolutions sensibles entre les périodes 1975-1982 et 1982-1990: pouvoir attractif croissant de l'ensemble des régions du Sud, hausse de la capacité de rétention de la région parisienne... L'analyse des "flux résiduels" a permis de mettre en évidence des "directions préférentielles" et des "effets de barrière" entre régions. Des contrastes importants sont apparus entre le comportement des jeunes, pour qui la région parisienne reste très attractive, et celui des autres classes d'âges qui ont tendance à fuir cette région pour se diriger vers celles du Sud et de l'Ouest. Les régions du quart Nord-Est (et plus particulièrement le Nord-Pas-de-Calais) sont toujours, comme au cours de la période précédente, peu attractives pour les individus originaires de la plupart des autres régions, et cela à tous les âges. (FRANCE, REDISTRIBUTION DE LA POPULATION, GROUPE D'AGES)

93.46.64 - français - Thomas LE JEANNIC, INSEE, 18 bd Adolphe-Pinard, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Rôle des migrations dans le peuplement de l'Ile-de-France (p. 1813-1854)

Jusqu'à la seconde Guerre mondiale, la croissance démographique de l'Ile-de-France s'est faite au détriment de la province, par le jeu des migrations. Après celle-ci, avec le baby-boom, c'est le mouvement naturel qui devient le moteur de cette croissance. Le solde migratoire accentue d'abord cette croissance, puis la freine. Cependant, mouvement naturel et mouvement migratoire ne sont pas indépendants. Ainsi, actuellement, malgré un solde migratoire négatif, les migrations contribuent au peuplement de la région, par le biais des effets indirects sur le mouvement naturel. Dans ses échanges migratoires avec la province, l'Ile-de-France reste déficitaire, mais ce déficit s'est nettement réduit depuis 1982. Les entrées augmentent, et les sorties diminuent pour la première fois depuis 1954. La géographie des gains et des pertes ne varie pas: l'Ile-de-France est bénéficiaire avec les grandes villes et le Nord-Est, déficitaire avec les communes rurales, le littoral et le proche Bassin parisien. La comparaison des flux réels avec ceux issus d'un modèle de gravité montre que l'Ile-de-France échange beaucoup avec les grandes villes, et peu avec le Nord, l'Est et la région Rhône-Alpes. Enfin, l'Ile-de-France accueille de jeunes urbains de province, et renvoie des retraités à la campagne. (FRANCE, REGION, MIGRATION INTERNE)

93.46.65 - français - Chantal MADINIER, INSEE, 18 bd Adolphe-Pinard, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Les originaires des départements d'outre-mer (p. 1855-1868)

Les départements français d'outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion) comptent 1.459.000 en 1990. Leur taux de croissance entre 1982 et 1990 est de 2% par an, soit 4 fois plus qu'en métropole. Mais cette dernière période a vu un retournement des courants migratoires puisque pour la première fois depuis 25 ans, le nombre d'arrivées dépasse celui des départs. La population native des DOM vivant en métropole est de 316.000 habitants, mais après une croissance très forte de 1968 à 1982, le rythme des installations s'est ralenti très nettement. De plus, les retours vers les DOM se sont accrus. Si on inclut les enfants des familles, la population ainsi constituée, nommée celle des originaires, est de 501.000. L'ensemble des originaires vivant en métropole et dans les DOM constitue une population de 1.771.000 habitants. 28% d'entre eux vivent en métropole. Pour certaines générations, surtout parmi les 20-39 ans, ce taux d'originaires en métropole atteint presque 50%. Vis-à-vis de l'emploi ou du chômage, la situation est beaucoup plus favorable pour les originaires vivant en métropole que pour ceux vivant dans les DOM. (FRANCE, REGION, MIGRATION, COURANT MIGRATOIRE)

93.46.66 - français - Joëlle GAYMU, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Avoir 60 ans ou plus en France en 1990 (p. 1871-1910)

Après une légère accalmie entre 1975 et 1982, liée au passage à l'âge de la retraite des classes creuses de la première Guerre mondiale, le vieillissement démographique a repris son cours, conséquence notamment de la baisse de la mortalité aux grands âges: en 1990, près de 20% des Français avaient 60 ans ou plus, 9,2% d'entre eux ayant passé le cap de 85 ans. Les répercussions géographiques de cette tendance sont importantes (on compte désormais 28 départements où les aînés sont plus nombreux que les jeunes contre seulement une douzaine 8 ans plus tôt) et se doublent d'un maintien des disparités (la proportion de personnes de 60 ans et plus est 2,5 fois plus élevée dans la Creuse que dans le Val-d'Oise). L'extrême hétérogénéité des modes de vie (situations matrimoniales et domestiques, conditions de logement...) des anciens ainsi que les changements observés durant la dernière décennie sont ici analysés: la progression de la vie en couple, la diminution de l'institutionnalisation au début de la retraite, la régression de la cohabitation multigénérationnelle et la croissance de l'isolement chez les non-mariés sont les tendances de fond. Dans tous ces domaines, à de rares exceptions près, on ne constate pas d'homogénéisation territoriale des situations. (FRANCE, PERSONNE AGEE, REPARTITION GEOGRAPHIQUE, CONDITIONS DE VIE)

93.46.67 - français - Michèle TRIBALAT, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Les immigrés au recensement de 1990 et les populations liées à leur installation en France (p. 1911-1946)

L'apport direct de l'immigration étrangère en France se compose de personnes nées étrangères à l'étranger, quelle que soit leur nationalité actuelle. Le recensement permet de repérer cet ensemble de manière satisfaisante. Se limiter à l'étude de la population étrangère donne une vue biaisée de l'importance des différents courants migratoires, de leur poids relatif et des comportements des immigrés. Elle aboutit notamment à grossir le poids de l'Afrique au détriment de l'Europe. En effet, environ 1/3 des immigrés sont devenus français. Pour certains courants anciens, cette proportion peut être très élevée (autour de 70% pour les immigrés de Pologne ou de Russie). Par ailleurs, la population immigrée n'étant alimentée que par le flux d'immigration, son tarissement se marque par un vieillissement et une extinction beaucoup plus rapides. Sur la dernière période intercensitaire par exemple, la proportion de moins de 20 ans chez les immigrés du Portugal est passée de 20% à 5%. Le recensement permet également, en exploitant les données sur les populations des ménages à chef immigré, de mieux cerner l'importance des populations liées à l'installation d'étrangers sur le sol français, et notamment celle des jeunes. Ainsi 14% des jeunes âgés de 0-16 ans vivent-ils dans une famille à chef immigré. Le jeu des concentrations locales fait monter cette proportion jusqu'à 38% en Seine-Saint-Denis. (FRANCE, RECENSEMENT DE POPULATION, IMMIGRANT)

93.46.68 - français - Olivier MARCHAND, INSEE, 18 bd Adolphe-Pinard, 75675 Paris Cedex 14 (France)

L'activité professionnelle des femmes au début des années 1990 (p. 1947-1960)

Malgré un recul général de l'activité en début et en fin de carrière (prolongation des études, anticipation du départ en retraite), le nombre de femmes actives s'est accru entre 1982 et 1990 grâce à une généralisation de l'activité entre 25 et 55 ans, âges où la situation familiale joue un rôle de moins en moins important. Cette évolution a porté à la fois sur des emplois qualifiés où la condition des femmes se rapproche de celle des hommes, et sur des emplois peu qualifiés souvent précaires ou à temps partiel. Mais l'entrée des femmes dans des professions à dominante masculine ne remet pas en cause la forte concentration des emplois féminins. (FRANCE, FEMME, PARTICIPATION DANS LA POPULATION ACTIVE)

93.46.69 - français - Anne-Françoise MOLINIE, Centre de Recherche et d'Etudes sur l'Age et les Populations au Travail, 41 rue Gay-Lussac, 75005 Paris (France)

Des secteurs et des âges (p. 1961-1984)

Qu'apporte l'analyse des structures d'âges et de leur évolution à la compréhension des liens entre l'âge des salariés et la nature des emplois qu'ils occupent? Peut-on, à un niveau global, trouver les traces de processus de sélection liés aux exigences du travail qui sont mis en évidence dans des travaux ergonomiques? S'appuyant principalement sur des données du recensement, cet article propose une analyse de l'évolution des structures d'âge des ouvriers par secteur d'activité, entre 1975 et 1990. Utilisant deux scénarios de référence, il tente d'apprécier les phénomènes de décalage et de stabilité de ces structures d'âge, en lien avec les variations d'effectifs et le plus ou moins grand renouvellement de la population. (FRANCE, CLASSE OUVRIERE, STRUCTURE PAR AGE, SECTEUR ECONOMIQUE)

93.46.70 - français - Jacques LAVERTU, INSEE, 18 bd Adolphe-Pinard, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Les enfants et leur environnement familial au recensement de 1990 (p. 1985-2010)

La France métropolitaine compte 17,8 millions d'enfants appartenant à une famille de moins de 30 ans au recensement de mars 1990. Ils forment 31% de la population totale. Ils cohabitent en moyenne avec 1,47 frère ou soeur. 14,4 millions, soit 81% d'entre eux, vivent avec leur père et leur mère, les deux étant mariés. Tandis que le milieu des professions intermédiaires et celui des employés sont légèrement sous-représentés parmi les enfants d'une famille de moins de 30 ans, par rapport à la population active masculine adulte, les fils et filles d'ouvriers sont au contraire surreprésentés. Par ailleurs, plus un enfant est âgé, plus il a de chances d'apparternir à une famille dont la personne de référence ne possède aucun diplôme, ou le certificat d'études seul. La proportion d'enfants d'un couple dont la mère est active ne varie pas de manière importante en fonction de l'âge de l'enfant, tout au moins avant 20 ans. La taille de la fratrie, par contre, infléchit notablement à la baisse de l'activité maternelle, à âge égal de l'enfant. Parmi les enfants d'une famille de moins de 30 ans, 89% appartiennent à une famille française, 5,4% à une famille maghrébine, 3,4% ont des parents ressortissants de la CEE. Entre les recensements de 1982 et 1990, la décohabitation d'une part et l'entrée en activité d'autre part, ont été sensiblement retardées. (FRANCE, RECENSEMENT DE POPULATION, ENFANT, MILIEU FAMILIAL)

93.46.71 - français - Guy DESPLANQUES, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Mesurer les disparités de fécondité à l'aide du seul recensement (p. 2011-2024)

Le plus souvent, dans les pays industrialisés, les indicateurs de fécondité sont calculés en rapprochant les données d'état civil des effectifs dénombrés aux recensements ou produits par un registre. Une autre méthode utilise le recensement: celle des enfants déclarés au foyer. Au lieu des naissances, on prend en compte les enfants nés récemment. Les deux méthodes ont leurs atouts et leurs limites. L'attention est portée ici à deux variables: la nationalité et le lieu de résidence. Après une comparaison des résultats obtenus par les deux méthodes, on tire parti des possiblités de la méthode des enfants déclarés au foyer en prenant en compte des variables ne figurant pas dans les fichiers d'état civil. Cette analyse fait apparaître d'une part, une fécondité beaucoup plus faible des étrangères qui vivent en France depuis plusieurs années, d'autre part une forte fécondité au cours des années précédant le recensement des femmes qui ont changé de région entre 1982 et 1990: un déménagement précède ou suit assez souvent la venue des enfants. (FRANCE, MESURE DE LA FECONDITE, FECONDITE DIFFERENTIELLE, RECENSEMENT DE POPULATION)


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