POPULATION

Retour à la page d'accueil


France (Paris) 46

POPULATION

JANVIER-FEVRIER 1994 - 49e ANNEE, NUMERO 1

94.46.01 - français - Daniel COURGEAU, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Du groupe à l'individu: l'exemple des comportements migratoires (p. 7-26)

Selon qu'il modélise les comportements de groupes ou ceux d'individus, le chercheur en sciences humaines va partir d'hypothèses, d'objectifs, de formulations et de caractéristiques très différents. Ainsi, lorsqu'il se situe au niveau agrégé, il va utiliser les caractéristiques globales des groupes étudiés pour comprendre leurs comportements. A l'inverse lorqu'il se situe au niveau individuel, il va travailler sur les divers éléments de la biographie de chaque personne. Cet article cherche à relier les résultats obtenus à ces deux niveaux d'agrégation tant d'un point de vue théorique que pratique. Il utilise les données d'une enquête biographique qu'il exploite en utilisant soit les caractéristiques individuelles, soit les caractéristiques agrégées, en vue d'étudier les comportements migratoires. (METHODOLOGIE, ANALYSE DES BIOGRAPHIES, MIGRATION)

94.46.02 - français - Pierre-Marie BRUNETTI, Alfredo MORABIA, Aldo CAMPANA, Joachim MARCUS-STEIFF

Etude biométrique du fonctionnement reproductif dans la population générale. Méthode et premiers résultats des enquêtes effectuées à Chambéry-Grenoble et Martigny (p. 27-60)

Une enquête médicale approfondie a été effectuée sur 300 femmes de la population générale âgées de 29 ans révolus dans le but d'effectuer une description statistique de l'activité sexuelle et reproductive, de son contexte psycho-social et physiologique, et de ses résultats. Les principaux événements reproductifs ont été datés, y compris un paramètre qui fait habituellement défaut dans les travaux épidémiologiques: les expositions à la fécondation. Un quart des femmes de l'échantillon total sont sans enfant à 29 ans. Parmi ces femmes 60% le sont volontairement par contraception ininterrompue, 17% par IVG, 12% par absence de partenaire, 11% à cause d'impossibilité physiologique. A 29 ans, le taux d'infertilité primaire était de 2,8 %. Ce taux est comparable à celui rapporté par d'autres auteurs. Le temps requis pour concevoir (TRC) moyen est de 4,4 mois pour l'ensemble de toutes les conceptions, et de 3,2 mois pour l'ensemble des seules conceptions survenues dans un laps de temps de 12 mois. 5% de l'ensemble des conceptions surviennent après 12 mois d'essai de concevoir. Les retards de conception supérieurs à 12 mois sont 5 fois plus nombreux pour les conceptions de rang 1 que pour les conceptions suivantes. 10% des femmes de 29 ans ont attendu au moins une fois plus d'un an avant d'obtenir une conception. (BIOMETRIE, DELAI DE CONCEPTION, INFECONDITE)

94.46.03 - français - Eva LELIEVRE, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Formation des couples et fécondité hors mariage en Grande-Bretagne: Divergences et similitudes avec la situation française (p. 61-90)

Nous appuyant sur une exploitation originale de données longitudinales rétrospectives, l'évolution récente des mécanismes de formation de la famille, et plus particulièrement l'évolution des naissances hors mariage et de la cohabitation, en Grande-Bretagne est analysée en faisant référence aussi fréquemment que possible à des données comparables sur la situation française. En dépit des rapprochements des tendances, les sociétés britannique et française restent profondément marquées par leurs spécificités culturelles et historico-politiques, ainsi les similitudes peuvent traduire les effets de phénomènes distincts. La montée identique dans les deux pays de naissances hors mariage est par exemple de nature différente: seulement 3% d'entre elles surviennent en France à des femmes de moins de 20 ans, or c'est le cas de 22% de ces naissances en Grande-Bretagne. Un tel constat de similarité démenti par l'étude détaillée des processus est également établi pour la vie en couple (moins fréquente en Grande-Bretagne où la cohabitation hors mariage est moins répandue) et la fécondité où un même indice synthétique traduit des tendances par âges très contrastées. Ces résultats illustrent comment les facteurs explicatifs de l'évolution des sociétés européennes diffèrent et incitent à se garder d'évoquer des modèles trop généraux. Cette étude amène également à remettre en question l'universalité du caractère "progressiste" des nouveaux comportements observés. (ROYAUME-UNI, FRANCE, FECONDITE, ILLEGITIME, COHABITATION, ANALYSE COMPARATIVE)

94.46.04 - français - Françoise BARTIAUX, Université Catholique de Louvain, 1 Place Montesquieu, 1348-Louvain-la-Neuve (Belgique)

Dénatalité et marché matrimonial: le cas de l'Italie en 1930-1950 (p. 91-118)

La dénatalité enregistrée en Italie en 1916-1919 a déstabilisé le marché matrimonial dès le milieu des années 1930. Ce déséquilibre fut résolu par des modifications importantes dans le croisement des générations, modifications que l'on peut encore bien observer par une analyse par couple des données individuelles du recensement de 1981. L'on évalue ensuite le rôle de la mortalité et du veuvage, qui causent une sélection des couples survivant en 1981; cet effet s'avère minime. Cet article se termine par une discussion de l'influence des circonstances du moment où ces mariages furent célébrés (avant, pendant et après la seconde Guerre mondiale). (ITALIE, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, BAISSE DE LA FECONDITE, NUPTIALITE)

94.46.05 - français - H. Martin LAOUROU, Université Catholique de Louvain, 1 Place Montesquieu, 1348-Louvain-la-Neuve (Belgique)

Estimation de la mortalité au Bénin à partir d'une enquête à passages répétés (1981-1983) (p. 119-144)

Les résultats des enquêtes à passages répétés sont incontestablement de meilleure qualité que ceux des enquêtes à passage unique, mais il peut arriver que ces enquêtes aboutissent à des impasses pour plusieurs raisons, et en particulier lorsque les méthodes d'analyse utilisées dans l'exploitation des données ne sont pas suffisantes ou peu adéquates. Nous avons adopté une approche méthodologique qui a permis de conclure à la bonne couverture des décès enregistrés entre passages, excepté à Cotonou où les données ont été perturbées par la mobilité des ménages. Cette mobilité des ménages constitue en effet une grande menace pour les enquêtes à passages répétés. Mais dans le cas précis du Bénin, nous avons montré que hors de Cotonou les migrations n'ont pas porté préjudice à la fiabilité des résultats de l'enquête. Ce qui a permis de s'en servir pour proposer les premières tables de mortalité du Bénin (excepté Cotonou), construites à partir de données brutes. Ces tables présentent d'importants points de divergence avec les schémas types de mortalité, mais elles semblent pourtant bien refléter le niveau et la structure de la mortalité béninoise. (BENIN, TABLE DE MORTALITE, QUALITE DES DONNEES)

94.46.06 - français - Alain BIDEAU, Guy BRUNET, Evelyne HEYER, Henri PLAUCHU

La consanguinité, révélateur de la structure de la population. L'exemple de la vallée de la Valserine du XVIlle siècle à nos jours (p. 145-160)

Les démographes-historiens établissent généralement un taux de mariages consanguins grâce aux déclarationss de dispense dans les actes de mariage. La confrontation de ces déclarations avec d'autres sources (registre de l'Evêché et corpus généalogique) montre les imprécisions de cette mesure. L'analyse du corpus généalogique des cinq villages de la vallée de la Valserine, de la fin du XVIle siècle à nos jours, permet d'établir le coefficient moyen de consanuinité éloignée (au-delà de la quatrième génération). On peut ainsi percevoir l'existence de sous-populations ayant des comportements différents quant au choix du conjoint et à la mobilité. La consanguinité est une caractéristique propre à un groupe restreint de familles présentes dans ces mêmes villages au fil des trois siècles étudiés. (FRANCE, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MARIAGE CONSANGUIN)

MARS-AVRIL 1994 - 49e ANNEE, NUMERO 2

94.46.07 - français - Alfred DITTGEN, IDUP, Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne, Paris (France)

La forme du mariage en Europe: cérémonie civile, cérémonie religieuse. Panorama et évolution (p. 339-368)

La chute des mariages en Europe depuis un quart de siècle a été accompagnée d'une baisse de la proportion de ceux donnant lieu à une cérémonie religieuse. Dans les pays de l'Europe médiane, où seul le mariage civil est reconnu par la loi, le pourcentage de couples qui passent de la mairie à l'Eglise ou au temple continue de diminuer, du moins dans les pays de l'Ouest, car on assiste actuellement à une forte reprise dans certains pays du Centre. En Europe du Sud, la proportion de mariages à l'Eglise, mariages reconnus par la loi, a baissé beaucoup plus tardivement et semble être stabilisée. En Europe du Nord, où l'union religieuse a également les mêmes effets juridiques que l'union civile, son pourcentage remonte généralement depuis de nombreuses années, particulièrement en Scandinavie. Ces évolutions divergentes résultent de ce que le mariage religieux et le mariage civil présentent des contenus et des significations multiples, du fait de contextes sociaux, politiques, religieux et institutionnels différents. (EUROPE, MARIAGE, CIVIL, MARIAGE RELIGIEUX)

94.46.08 - français - Antonella PINNELLI, Annunziata NOBILE, Département de Démographie, Université La Sapienza, Rome (Italie), Andis LAPINCH, Department of Sociology, University of Latvia (Lettonie)

Tendances et facteurs de la mortalité infantile dans les pays développés et les républiques de l'ancienne Union Soviétique (p. 369-394)

Après les succès dans la lutte contre les maladies infectieuses, le recul de la mortalité infantile dans les pays développés résulte maintenant de l'amélioration des conditions de la naissance et de la baisse de la mortalité pour les enfants "à risque". Il subsiste de grandes différences entre les pays malgré une homogénéité accrue; en particulier l'Europe de l'Est et l'ex-URSS sont beaucoup moins avancées que l'Occident. Dans les Républiques de l'ex-URSS, les progrès ont été lents pendant les années 1980 et les disparités sont énormes. Une analyse factorielle révèle une forte association entre la mortalité infantile et divers aspects du développement économique et sanitaire et de la condition féminine. Ces indicateurs prennent leur signification de mesure du progrès dans les Républiques de l'ancienne Union Soviétique où la situation socio-économique est beaucoup moins favorable qu'à l'Ouest. (EUROPE OCCIDENTALE, EUROPE ORIENTALE, COMMUNAUTE D'ETATS INDEPENDANTS, MORTALITE INFANTILE)

94.46.09 - français - Seppo KOSKINEN et Tuija MARTELIN, University of Helsinki, 00014 Helsinki (Finlande)

Pourquoi les femmes sont-elles moins inégales que les hommes devant la mort? Une analyse des données finlandaises (p. 395-414)

Les disparités socio-économiques en matière de mortalité sont plus fortes pour les hommes que pour les femmes. Quel rôle jouent dans ce constat (1) le choix des indicateurs de position socio-économique, (2) d'autres variables socio-démographiques, masquant des inégalités chez les femmes ou les accentuant chez les hommes, (3) les différences dans la répartition par cause des décès masculins et féminins? L'analyse porte sur le rapprochement des certificats de décès recueillis en 1981-1985 et des bulletins individuels extraits du recensement de 1980 en Finlande. Quel que soit l'indicateur socio-économique retenu (niveau d'instruction, catégorie professionnelle, peuplement et équipement du logement), les inégalités face à la mort sont sensiblement moindres pour les femmes que pour les hommes. L'observation ne vaut cependant que pour les mariés. Mais, pour la plupart des causes de décès, les différentiels sont équivalents pour les deux sexes et l'ampleur des disparités socio-économiques de la mortalité masculine tient donc essentiellement aux particularités de la répartition des décès par cause chez les hommes. (FINLANDE, MORTALITE DIFFERENTIELLE, DIFFERENCE ENTRE SEXES, DIFFERENTIEL SOCIO-ECONOMIQUE)

94.46.10 - français - Pierre LEFEBVRE, Liliane BROUILLETTE, Claude FELTEAU, Université du Québec, Montréal, QC (Canada)

Les effets des impôts et des allocations familiales sur les comportements de fécondité et de travail des Canadiennes: résultats d'un modèle de choix discrets (p. 415-456)

Nous utilisons un modèle logistique de choix discrets (conditionnel et séquentiel) pour évaluer la sensibilité des comportements des Canadiennes, mariées ou vivant en union consensuelle, à des changements dans les flux attendus de revenu faisant suite à des modifications de la politique fiscale liée à la présence d'enfant(s) à charge et de la politique des allocations familiales. On suppose que les femmes (couples) font face à trois types de décisions séquentielles: la décision de fécondité, la décision quant au nombre d'enfants et la décision de travailler ou de ne pas travailler. Ce processus hiérarchique de prise de décision définit huit options où chacune est caractérisée par sa valeur. Le modèle est estimé, à l'aide de micro-données provenant de 9 coupes transversales et portant sur les années 1975 à 1987, par une procédure de maximum de vraisemblance à information complète, en tenant compte du problème d'autosélection des échantillons. En prenant en considération les estimations empiriques de la sensibilité des comportements des femmes selon les provinces, on obtient un cadre empirique permettant de simuler les effets de changements apportés aux politiques fiscales et de transferts en faveur des familles avec des enfants à charge sur la fécondité et l'ampleur des déboursés pour les deux niveaux de gouvernement au Canada. (CANADA, FECONDITE, TRAVAIL FEMININ, FISCALITE, ALLOCATIONS FAMILIALES)

94.46.11 - français - Laure CHANTREL, Centre d'Etudes des Relations Internationales et Européennes, Université Paul Valéry, Montpellier III (France)

Dépopulation et réforme de la fiscalité en France aux XVIe et XVIIe siècles (p. 457-480)

Dans la pensée économique du XVIIe siècle, un niveau élevé de la population apparaît comme une nécessité pour l'Etat fiscal mercantiliste et comme une arme contre la politique fiscale de cet Etat. La dépopulation de la France est la preuve qu'il faut réformer le système fiscal qui nuit au bien-être des populations. Sur la question de la dépopulation globale se greffe la question des flux migratoires entre la ville et la campagne; des officiers du Roi aux marchands, tout le monde s'accorde à souhaiter une redistribution du fardeau fiscal de la campagne vers les villes afin de favoriser la production agricole et la consommation, conditions de la croissance économique. Les analyses des uns et des autres ont tantôt un aspect mythique, tantôt sont pleines d'enseignement sur le fonctionnement des économies pré-capitalistes. (FRANCE, HISTOIRE, FISCALITE, DEPOPULATION, DEMOGRAPHIE ECONOMIQUE)

MAI-JUIN 1994 - 49e ANNEE, NUMERO 3

94.46.12 - français - Ermelinda MEKSI, Université de Tirana, Tirana (Albanie), et Gianpiero DALLA ZUANNA, Universita di Roma "La Sapienza", Rome (Italie)

La mortalité générale en Albanie (1950-1990) (p. 607-636)

Des statistiques, dont certaines étaient restées inédites, permettent de retracer l'évolution de la mortalité en Albanie de 1950 à 1990. Il faut cependant corriger les décès enregistrés pour tenir compte des omissions; la population recensée, malgré ces inexactitudes, fournit un dénominateur acceptable pour le calcul des taux de mortalité par âge. Des tables ont ainsi été construites pour 1950, 1960, 1969, 1979 et 1989. L'espérance de vie à la naissance atteint 68 ans pour les hommes et 74 ans pour les femmes en 1989, soit un niveau comparable à celui de l'Italie vers 1970, mais les gains pour atteindre ces niveaux ont été plus rapides qu'en Italie. Les années 1950 et les années 1970 ont bénéficié de progrès substantiels, mais les années 1960 puis la décennie 1980 ont marqué de forts ralentissements, voire un recul, surtout pour les hommes. La surmortalité féminine de l'après-guerre, surtout marquée chez les petites filles et les femmes d'âge fécond, a laissé la place à une surmortalité masculine généralisée, surtout marquée vers 20 ans et vers 60 ans. A niveau égal d'espérance de vie à la naissance, la mortalité en Albanie diffère de celle des pays occidentaux elle est plus forte chez les enfants, mais moindre chez les adultes. Ces évolutions peuvent être rattachées à l'histoire politique de l'Albanie: l'alliance avec l'Union Soviétique (1946-1961), puis avec la Chine populaire (1962-1978), avant l'isolement autarcique (1978-1990). Mais à chaque étape, le poids de la structure socio-économique du pays, encore arriérée au lendemain de la guerre, encore agricole et traditionnelle aujourd'hui, est aussi largement sensible. (ALBANIE, TENDANCE DE LA MORTALITE, TABLE DE MORTALITE)

94.46.13 - français - Thierry BLOSS, Alain FRICKEY, Michel NOVI

Modes d'entrée dans la vie adulte et trajectoires sociales des femmes mariées (p. 637-656)

L'étude des relations entre événements du cycle de vie et activité féminine est une voie de plus en plus empruntée par les démographes et les sociologues. Cet article étudie dans quelle mesure les modes d'entrée dans la vie adulte incarnés par les conditions de départ du foyer parental marquent de leur empreinte le cours des carrières féminines. Quitter ses parents pour prendre un conjoint laisse présager un cycle de vie où l'activité professionnelle ne trouve sa place que dans les interstices des affaires familiales et de la carrière professionnelle du mari. En revanche, décohabiter pour suivre une formation professionnelle ou prendre un emploi laisse entrevoir une plus grande autonomie féminine dans les futures relations de couple. A partir d'une enquête rétrospective par questionnaires, les auteurs soulignent l'existence d'effets propres du cycle de vie, principalement du mode de passage à l'âge adulte sur les trajectoires professionnelles, familiales et migratoires des femmes. Ils sont ainsi conduits à relativiser le poids de certains déterminismes sociaux tels que l'héritage social dans l'organisation de ces trajectoires. (CYCLE DE VIE, TRAVAIL FEMININ, ANALYSE DES BIOGRAPHIES)

94.46.14 - français - Thierry EGGERICKX et Dominique TABUTIN, Institut de Démographie, Université Catholique de Louvain, place Montesquieu 1, 1348 Louvain-la-Neuve (Belgique)

La surmortalité des filles en Belgique vers 1890: une approche régionale (p. 657-684)

Comme partout en Europe, la Belgique connaît au XIXe siècle une surmortalité féminine de 2 ou 3 ans à 25 ou 30 ans. L'objectif de ce travail est de mettre en évidence, vers 1890, les variations de ce phénomène entre les 41 arrondissements belges, selon la taille des communes et selon le type de production dominant (minier, textile, agricole et tertiaire-urbain). Entre 1 et 5 ans, cette surmortalité féminine n'apparaît qu'en milieu rural alors qu'entre 5 et 20 ans, elle existe partout. Néanmoins, elle est moins intense dans les milieux industriel et urbain où la mortalité des garçons est particulièrement élevée. En Wallonie, le milieu d'habitat et l'activité économique sont en relation assez étroite avec la surmortalité des jeunes filles. Le lien avec le niveau d'éducation des mères est moins important. En Flandre, en revanche, aucune de ces relations n'apparaît très clairement. En définitive, dans tous les milieux, les jeunes filles "payaient" davantage de leur vie que les garçons mais plus ou moins selon le milieu culturel, selon les structures de production et selon les rapports sociaux entre sexes qui en découlaient. (BELGIQUE, HISTOIRE, SURMORTALITE, DIFFERENCE ENTRE SEXES, DEMOGRAPHIE REGIONALE)

94.46.15 - français - Mireille BOISVERT and Francine M. MAYER, Centre pour l'étude des interactions biologiques entre la santé et l'environnement (CINBIOSE), Université de Québec, Montréal, QC (Canada)

Mortalité infantile et consanguinité dans une population endogame du Québec (p. 685-724)

Le registre de population de l'lle-aux-Coudres au Québec a permis de reconstituer les familles et les ascendances et ainsi de caractériser les couples selon les divers paramètres essentiels aux analyses, de distribuer les décès infantiles et de calculer les coefficients de parenté et de consanguinité. Parallèlement, la mesure de l'entropie et de la variance généalogiques ainsi que la confrontation des ascendances avec les dispenses religieuses montrent la qualité de l'information génalogique obtenue. Des groupes "exposé" (apparenté) et "témoin" (non apparenté) ont été constitués et appariés en tenant compte des facteurs de risque associés à la mortalité infantile. Nous n'avons pas observé de différence de mortalité des enfants de 0-365 jours d'un groupe à l'autre. Cette apparente similarité cache cependant des dissemblances fondamentales entre les témoins et les apparentés. Dans ce dernier groupe, à l'inverse de ce que l'on observe chez les témoins, le taux de mortalité infantile féminine est significativement plus élevé que celui de la mortalité masculine, une plus forte proportion d'enfants de 0-6 jours décèdent (bien que le seuil de signification ne soit pas atteint), et les premiers-nés encourent plus de risques de décéder avant l'âge d'un an. Le rapport de masculinité à la naissance est significativement plus bas que ceux observés chez les témoins et dans les populations en général. (CANADA, MORTALITE INFANTILE, GENETIQUE DEMOGRAPHIQUE, CONSANGUINITE)

94.46.16 - français - Youssef COURBAGE, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Evolution démographique et attitudes politiques en Syrie (p. 725-750)

Entre le populationnisme et le souci de modérer la croissance démographique, la politique syrienne de population a hésité. Accroître le nombre des hommes relevait de la volonté d'affirmer le rang d'une nation qui fit les frais de dépeçaces territoriaux. Une population plus nombreuse se justifiait par un rapport favorable des hommes aux ressources. Depuis le recensement de 1970, montrant une croissance démographique beaucoup plus forte que prévu, les planificateurs penchèrent pour une politique démographique implicite: développement économique, accès de la femme à l'école et au marché de l'emploi. Mais malgré les progrès économiques, sociaux et culturels, la fécondité resta très élevée jusqu'en 1986. Sa stabilité au plan national cachait des augmentations partielles importantes chez les femmes de tous les niveaux d'instruction. L'éducation généralisée ne put donc susciter la baisse de fécondité, d'autant plus que les femmes ne pénétrèrent pas le marché de l'emploi. Depuis le milieu des années 80, de nouveaux comportements émergent. La crise du développement, le recul de la production, agricole en particulier, l'apparition d'une économie moins rentière, ont favorisé la diminution de la fécondité, diffuse sur tout le territoire. Les femmes sont plus disposées à offrir leur force de travail. Le surcroît de dépenses dues à la formation de l'enfant, favorise aussi l'émergence de ces nouveaux comportements reproducteurs. (SYRIE, POLITIQUE DEMOGRAPHIQUE, TRAVAIL FEMININ, BAISSE DE LA FECONDITE)

94.46.17 - français - Amadou NOUMBISSI, Institut de Démographie, Université Catholique de Louvain, place Montesquieu 1, 1348 Louvain-la-Neuve (Belgique)

Structures par âge et sexe et dynamique démographique: le cas du Cameroun (p. 751-772)

Cet article présente une méthode relativement simple permettant de décrire le dynamisme démographique d'une population et d'estimer le rythme de l'évolution de la mortalité et de la natalité à partir de la seule connaissance des structures par âge. Cette méthode est basée sur les relations générales entre structure et mouvement démographiques établies par Bennett et Horiuchi. La méthode est appliquée aux données du Cameroun après une évaluation critique de la structure par âge et sexe aux recensements d'avril 1976 et de mars 1987: après une période de forte baisse de la mortalité et d'une augmentation de la natalité, la fécondité aurait commencé à baisser au Cameroun dès le début des années 80. (CAMEROUN, METHODOLOGIE, ANALYSE DEMOGRAPHIQUE, STRUCTURE PAR AGE ET SEXE, DYNAMIQUE DE LA POPULATION)

JUILLET-OCTOBRE 1994 - 49e ANNEE, NUMERO 4-5

94.46.18 - français - Alexandre AVDEEV et Alain MONNIER, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

A la découverte de la fécondité russe contemporaine (p. 859-902)

Fondé sur des données inédites, cet article présente l'évolution de la natalité tout au long du siècle et analyse plus en détail la fécondité des générations nées à partir de 1910. Au cours de cette période, la Russie, dont les générations nées au début du siècle étaient parmi les plus fécondes d'Europe (près de trois enfants par femme), va devenir un des pays les moins féconds (1,8 enfants par femme dans la génération 1945). Une reprise récente a porté la descendance finale à près de deux enfants dans la génération 1955. Comme dans d'autres pays, la raréfaction des naissances de rang trois et plus a entraîné la baisse de la fécondité générale. En contrepartie, la robustesse de la fécondité de rang un et deux doit être soulignée. C'est la force de la fécondité russe. La Russie est ainsi passée d'une situation où coexistaient des familles de dimensions très diverses à une situation où le modèle de la famille avec un ou deux enfants est massivement adopté. L'article présente également les mesures de politique familiale prises en 1981 et tente d'apprécier leurs effets. Enfin, il s'interroge sur la chute de la fécondité observée depuis 1987. Si, dans un premier temps, cette chute est très clairement le contrecoup du mouvement d'anticipation suscité par les mesures de 1981, on ne peut maintenant exclure l'hypothèse selon laquelle la baisse récente de la fécondité manifesterait un certain "attentisme" des couples, dans le contexte complexe de la Russie. (RUSSIE, TENDANCE DE LA FECONDITE)

94.46.19 - français - Alexandre AVDEEV, Irina TROITSKAJA, Université de Moscou, Moscou 119899 (Russie), et Alain BLUM, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Histoire de la statistique de l'avortement en Russie et en URSS jusqu'en 1991 (p. 903-934)

La pratique de l'avortement et les statistiques destinées à en mesurer l'ampleur ont une histoire toute particulière en URSS, de 1917 à 1991. Rythmée par les aléas de la politique démographique, sa reconstitution est aujourd'hui possible grâce aux nombreuses archives conservées. Cet article fait le point sur les relations entre la loi, l'évolution de la pratique, les changements idéologiques et l'appareil statistique de mesure. Il utilise tant la très nombreuse littérature russe et soviétique ayant traité de cette question, que des statistiques conservées dans les archives du Ministère de la Santé. Enfin, il analyse la baisse récente de cette pratique et le développement d'une contraception moderne, fondée essentiellement sur le stérilet. (RUSSIE, URSS, AVORTEMENT PROVOQUE, DONNEE STATISTIQUE, HISTOIRE)

94.46.20 - français - Jean-Claude KAUFMANN, CERSOF, Université Paris 5, CNRS, Paris (France)

Les ménages d'une personne en Europe (p. 935-958)

Le nombre des ménages d'une personne est en augmentation forte et régulière dans l'ensemble de l'Europe. Par groupes d'âges, les plus de 65 ans, qui constituent encore la majorité de ce type de ménage, ont aujourd'hui un taux de progression très faible, les âges intermédiaires un taux moyen, les jeunes (de 25 à 35 ans) le taux le plus élevé. Il n'est donc pas étonnant que la croissance de la "propension à vivre seul" des veufs soit la plus faible, celle des divorcés moyenne et celle des célibataires la plus forte. L'autonomie résidentielle aux âges élevés est due au différentiel de mortalité entre hommes et femmes, aux âges intermédiaires aux difficultés de construction du couple, et à la jeunesse au report des engagements dans la vie adulte. Se fondant sur une revue des travaux européens, l'article permet de dégager une série de caractéristiques importantes des ménages d'une personne. Ils ne se répartissent pas de façon régulière sur l'échelle sociale mais sont au contraire soit tout en bas soit tout en haut, surtout en ce qui concerne les hommes. Hommes et femmes suivent des trajectoires de monorésidentialité différentes dans le cycle de vie. Enfin, l'organisation domestique sous forme de ménage d'une personne est rarement durable, excepté aux âges élevés, elle est même vécue par séquences très brèves à la jeunesse. (EUROPE, MENAGE, PERSONNE SEULE, CYCLE DE VIE)

94.46.21 - français - Gerardo MEIL LANDWERLIN, Universidad Autonoma de Madrid, Madrid (Spain)

L'évolution de la politique familiale en Espagne. Du salaire familial à la lutte contre la pauvreté (p. 959-984)

La politique familiale en Espagne, noyau central de la politique sociale pendant les premières décennies du franquisme, est devenue un élément parmi d'autres dans la lutte contre la pauvreté. Dans cet article sont analysés les motivations, les instruments et l'importance de la politique familiale au cours des différentes périodes, en même temps que l'on met en évidence les facteurs qui peuvent expliquer une évolution si singulière. Dans les années 1940 et 1950 la politique familiale fut utilisée pour compenser le gel des salaires nécessaire à une accumulation rapide de capitaux, alors que la modernisation capitaliste des années 1960 exigea une protection de la famille plus rationnelle et mieux adaptée aux impératifs économiques. A partir de 1976, la démocratisation politique et la crise fiscale de l'Etat Providence, jointes à d'autres facteurs culturels, ont relégué la politique familiale dans l'oubli. (ESPAGNE, POLITIQUE SOCIALE, PAUVRETE, HISTOIRE)

94.46.22 - français - Alain JACQUOT, INSEE, 18 bd Adolphe-Pinard, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Les migrations et l'inégal vieillissement des zones rurales et des zones urbaines: une étude sur la Bretagne et la Lorraine (p. 985-1014)

L'objet de cet article est de montrer comment on peut, à l'aide du modèle de projections démographiques OMPHALE de l'INSEE, quantifier les impacts respectifs des migrations et du mouvement naturel sur le vieillissement de la population, au niveau régional ou local. La méthode est appliquée sur la période 1975-1990, d'une part aux 22 régions métropolitaines et d'autre part, au sein de deux de ces régions - la Lorraine et la Bretagne - à des ensembles de communes définis en fonction de la tranche d'unité urbaine. Sur ces deux régions, il apparaît que les mouvements migratoires ont freiné le vieillissement des grandes agglomérations universitaires et des communes rurales périurbaines et ont accentué celui des petites agglomérations et des communes du rural traditionnel. Au niveau des régions, l'impact des migrations sur le vieillissement, lorsque cet impact est mesuré en termes de contribution à la variation de l'âge moyen, est toujours d'un ordre de grandeur inférieur à celui du mouvement naturel, sauf dans le cas de l'lle de France. (FRANCE, DEMOGRAPHIE REGIONALE, VIEILLISSEMENT DEMOGRAPHIQUE, MIGRATION INTERNE)

94.46.23 - français - Yoram WEISS, Université de Tel Aviv, Tel Aviv (Israël)

Les économistes et la formation des couples: le fonctionnement du mariage et du marché matrimonial (p. 1015-1040)

Cette étude résume les apports essentiels des économistes à l'analyse du mariage. La nouvelle perspective des économistes est que le mariage, lorsqu'il est considéré comme une union volontaire d'individus rationnels, relève des mêmes outils d'analyse que n'importe quel autre phénomène économique. En particulier, les économistes se fondent sur la similitude entre le marché de l'emploi, où les travailleurs et les entreprises collaborent pour produire des biens marchands, et le marché du mariage, où mari et femme collaborent pour produire des biens domestiques non marchands. Dans les deux cas, les forces de la concurrence déterminent l'allocation et la répartition du produit entre les partenaires. Cette étude n'est ni une liste de contributions individuelles ni un résumé de données empiriques. Les idées principales sont raccordées les unes aux autres et présentées de manière cohérente en utilisant des modèles simples. Une telle présentation devrait être utile à ceux qui sont curieux de ce que l'économique dit sur les sujets "non économiques" comme le mariage. Les thèmes suivants sont abordés: les bénéfices du mariage, la répartition des ressources au sein de la famille et le rôle de l'altruisme, le choix du conjoint et la recherche de celui-ci. (THEORIE ECONOMIQUE, NUPTIALITE)

94.46.24 - français - Youssef COURBAGE, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La politique démographique en Egypte et son évaluation. Que nous apprennent les enquêtes récentes? (p. 1041-1056)

Cet article tente d'évaluer la politique démographique du pays-hôte de la Conférence Internationale de la Population de 1994. Echaudé par l'insuccès des politiques précédentes, le gouvernement a posé des objectifs très prudents en matière de réduction de la natalité : 25 pour 1 000 en 2007. Il faudra attendre 1992 pour que le taux de natalité franchisse la barre des 30 pour 1 000, un franchissement qui à l'époque nassérienne avait été prévu pour 1978. La modestie de ces objectifs s'explique par une réceptivité limitée de la société civile aux valeurs de la famille restreinte et par une certaine démobilisation des principaux acteurs de la politique démographique, au sommet de l'Etat parfois. La politique démographique de l'Egypte a privilégié la contraception moderne pour diminuer la natalité, au détriment d'autres moyens. Des pays musulmans et arabes montrent cependant que la contraception moderne n'est pas l'unique voie pour accélérer la transition démographique. En Turquie, la contraception traditionnelle est à l'honneur, en Indonésie l'allaitement maternel reste très répandu, malgré la modernisation socio-économique. Enfin, les trois pays du Maghreb (âge moyen au mariage féminin de plus de 25 ans, 22,4 ans en Egypte en 1992) montrent qu'il est vain d'attendre le ralentissement de la fécondité sans renonciation au mariage précoce. Toutefois, l'élévation de l'âge au mariage féminin pose le problème plus global du statut de la femme dans la société égyptienne ; un statut qui semble se dégrader ainsi qu'en témoignent de nombreux indicateurs : surmortalité féminine dans l'enfance, pratique de l'excision, inégalité de scolarisation filles/garçons et faiblesse de l'emploi féminin. (EGYPTE, POLITIQUE DEMOGRAPHIQUE, CONDITION FEMININE)

94.46.25 - français - José CASTRO-ROVIRA

Santa Ana de Chipaya au XIXe siècle. Sources, méthodes et bilan des résultats (p. 1057-1078)

La reconstitution de cette population du haut plateau bolivien se fonde sur la disponibilité de sept listes nominatives, de 1838 à 1871, et des registres paroissiaux de mariages, baptêmes et de sépultures de 1817 à 1871. L'élaboration, par la méthode de L. Henry, de fiches de famille permet de coupler ces deux sources et de mesurer, d'une part, l'évolution et la structure de la population et d'autre part, les caractéristiques de fécondité et mortalité de celle-ci. La population avait plus que doublé en 50 ans, au milieu du XIXe siècle. La fécondité était de l'ordre de 5,6 naissances par femme (contre plus de 7 aujourd'hui) ; la mortalité était caractérisée par une espérance de vie à la naissance de 27 ans et une mortalité infantile de 286 p. 1 000 (contre 35 ans et 186 p. 1 000 aujourd'hui). (BOLIVIE, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MOUVEMENT NATUREL, MONOGRAPHIE)

NOVEMBRE-DECEMBRE 1994 - 49e ANNEE, NUMERO 6

94.46.26 - français - Patrick FESTY, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

L'enfant dans la famille. Vingt ans de changement dans l'environnement familial des enfants

A la naissance, une proportion croissante d'enfants sont issus de parents non mariés: 6% vers 1965 contre 33% en 1992. Mais la part des enfants nés de mères vivant seules ("mères célibataires") n'a pas augmenté et reste marginale; sont en augmentation massive les enfants nés "illégitimes" reconnus par leur père, souvent dès la naissance. En outre, une proportion accrue des enfants nés hors mariage sont issus d'un couple déjà formé à leur conception. La naissance hors mariage n'est plus le symptôme d'une situation familiale "fragile". La constitution de la descendance résultant, de plus en plus souvent, de la juxtaposition d'unions fécondes successives, une proportion croissante d'enfants ont, dès la naissance, des demi-frères ou des demi-soeurs: 6% vers 1970, 17 ou 18% au début des années 1990. La montée de la séquence mariage-divorce-remariage ou, plus généralement, union-séparation-nouvelle union est ici en cause. Après la naissance, les enfants nés hors mariage sont moins souvent légitimés par le mariage de leurs parents (3 sur 10 aujourd'hui contre 5 sur 10 avant 1980). Avec la montée de l'illégitimité à la naissance, il en résulte que 20% des enfants ne connaîtront pas le mariage de leurs parents contre 3% auparavant. Dans les générations récentes, un enfant sur quatre vivra au moins un moment séparé d'un de ses parents avant sa majorité contre un sur six dans les générations 1966-1970 (suite à un divorce: 18% ou à la séparation d'un couple non marié : 5%; pour n'avoir jamais connu son père : 1 ou 2%). Ces monoparentalités, vécues le plus souvent avec la mère, sont suivies d'une nouvelle union de celle-ci pour un enfant sur deux et de la naissance de demi-frères (moins d'une fois sur quatre). Mais ces éventualités sont plus fréquemment vécues à distance, chez le père, non gardien. Dans tous les cas, elles ne deviennent plus fréquentes que parce qu'augmente le nombre de séparations. Sur 14 millions d'enfants mineurs recensés en 1990, appartiennent à des catégories en expansion: (1) environ 5% d'enfants nés hors mariage et non légitimés; (2) environ 15% d'enfants séparés d'un de leurs parents (dont 1/3 ont vu leur parent gardien former un nouveau couple et les 2/3 restants forment avec lui une famille monoparentale); (3) 6 ou 7% vivent avec demi-frères ou demi-soeurs. Ces catégories ne sont pas mutuellement exclusives et elles contiennent parfois des éléments dont la croissance est faible (les enfants de mères célibataires, par exemple). Au total environ 1 enfant sur 5 vit dans ces formes dites "nouvelles" parce que sensiblement plus nombreuses qu'autrefois. (FRANCE, COMPOSITION DE LA FAMILLE, ENFANT ILLEGITIME, CYCLE FAMILIAL)

94.46.27 - français - Christophe LEFRANC et Suzanne THAVE, INSEE, 18 bd Adophe-Pinard, 75675 Paris Cedex 14 (France)

L'évolution de l'environnement familial des enfants (p. 1297-1320)

Les données des recensements permettent de suivre, à sept ou huit années d'intervalle, les changements de l'entourage des enfants au sein des ménages. A la fin des années soixante, 93% des enfants de moins de 16 ans vivaient avec un couple de parents mariés. Ce modèle largement dominant s'est sensiblement affaibli depuis, mais concerne encore 82% des enfants en 1990. Pour les plus jeunes enfants, les situations où les parents vivent en couple sans être mariés se sont le plus développées. Les enfants plus âgés vivent plus fréquemment aujourd'hui dans une famille monoparentale engendrée par un divorce. Outre ces changements ayant trait à l'environnement parental, les deux dernières décennies ont aussi été marquées par une réduction du nombre des autres personnes vivant avec les enfants dans le même logement, et notamment par une réduction du nombre de frères et soeurs : pour les enfants de moins de 16 ans vivant avec un couple de parents, le nombre moyen de frères et soeurs est passé de 2,29 en 1968 à 1,55 en 1990. Quant aux jeunes adultes de 16 à 24 ans, leur environnement familial quotidien a aussi connu des modifications importantes depuis une vingtaine d'années. A âge fixé, ils sont à présent moins nombreux à avoir déjà formé une famille, et résident encore plus souvent au sein du foyer de leurs parents. Dans ce cas, ils occupent aussi moins fréquemment un emploi, restant plus longtemps à la charge de leurs parents. (FRANCE, COMPOSITION DE LA FAMILLE, DIMENSION DE LA FAMILLE)

94.46.28 - français - Laurent TOULEMON, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La place des enfants dans l'histoire des couples (p. 1321-1346)

La remise en cause du mariage s'est traduite par la diffusion de la vie en couple non marié d'une part, par l'augmentation des divorces d'autre part. L'augmentation des naissances hors mariage est la conséquence de la volonté de nombreux couples cohabitants d'avoir des enfants, sans pour autant transformer leur union en mariage. Depuis les années soixante, le risque de rupture des mariages a presque autant augmenté pour les couples ayant des enfants que pour les couples sans enfant. La présence d'un très jeune enfant réduit fortement le risque instantané de rupture mais, si cet enfant atteint l'âge de six ans sans avoir un frère ou une soeur, le risque de rupture devient proche de celui des couples sans enfant. Les couples non mariés sont beaucoup plus fragiles que les couples mariés, pour les couples ayant un enfant comme pour les couples sans enfant. L'augmentation du risque de rupture des unions correspond à une logique indépendante des comportements de fécondité. Les enfants sont de plus en plus souvent conçus par des parents qui vivent déjà en couple, le moment de leur naissance est planifié, mais la présence des enfants n'a ensuite qu'une faible influence sur la solidité de l'union, sauf si les enfants sont très jeunes ; les enfants ne sont pas davantage que par le passé les garants de la solidité des unions. (FRANCE, COMPOSITION DE LA FAMILLE, STABILITE FAMILIALE)

94.46.29 - français - France PRIOUX, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Le droit et les familles non mariées en France (p. 1347-1374)

En France au début des années 1960, seuls le mariage et la procréation dans le mariage permettaient de former une véritable famille aux yeux de la loi: l'enfant né hors mariage était délibérément défavorisé, et n'était relié qu'à sa mère, et parfois à son père s'il l'avait reconnu; la famille mariée était en principe indissoluble jusqu'à la mort, le divorce n'étant autorisé que dans les cas graves. La législation des années 1970 a donné à l'enfant naturel une famille, pour peu qu'il ait été reconnu par ses deux parents, et autorisé le divorce par consentement mutuel; mais l'attribution exclusive de l'autorité parentale ou de la garde aboutit, dans les faits, à privilégier les relations entre les mères et leurs enfants. L'augmentation rapide du nombre d'enfants dont les parents ne sont pas (ou plus) mariés, a conduit le législateur à revoir sa position, et à assimiler de plus en plus la situation de ces parents à celle des couples mariés: l'autorité parentale sera exercée conjointement presque dans tous les cas. Après avoir examiné les principales lois qui règlent les rapports entre les membres des familles non mariées (statut de l'enfant naturel, droit du divorce, autorité parentale) et replacé les réformes françaises dans le contexte européen, l'auteur analyse les statistiques démographiques et judiciaires concernant ces types de familles: reconnaissances d'enfants naturels, légitimations, actions en justice concernant la filiation et l'autorité parentale, divorces et actions postérieures au prononcé du divorce. (FRANCE, DROIT DE LA FAMILLE, DIVORCE, UNION CONSENSUELLE, ENFANT ILLEGITIME)

94.46.30 - français - John ERMISCH, University of Glasgow, Glasgow, G12 8QQ (U.K.)

Economie, politique et changement familial (p. 1377-1388)

L'évolution de la nuptialité, du divorce et de la fécondité, en Europe et dans les autres pays industriels depuis vingt ans, a profondément modifié les structures familiales. Dans le même temps, la proportion de femmes actives, en particulier les mères, a fortement augmenté. Le lien avec la baisse de la fécondité est établi trop souvent de façon simpliste. En fait, les changements ne sont que les éléments d'un ensemble complexe. A cause de leurs interactions mutuelles, on les comprend mieux en les prenant tous en même temps. Les changements du marché du travail et de la législation qui ont affecté l'emploi féminin se sont répercutés sur le divorce et la fécondité, de même que les modifications du divorce ont eu un écho sur la fécondité et l'activité féminine. Il en est résulté une évolution des structures familiales, qui a accru les risques de pauvreté, en particulier parce que s'est trouvée élargie la place des familles monoparentales. Le démêlage de cet écheveau de relations est un défi passionnant pour la recherche. (DIVORCE, FECONDITE, TRAVAIL FEMININ, COMPOSITION DE LA FAMILLE)

94.46.31 - français - Olivia EKERT-JAFFE, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Chiffrer une évolution du coût de l'enfant? Changement de société, mise en cause des concepts (p. 1389-1418)

Dans la société moderne, la famille n'est plus l'unité essentielle dans laquelle se fondent ses membres qui oublient leur intérêt personnel à court terme; l'individualisme devient la règle. Les concepts de coût de l'enfant, pris dans ce mouvement, ont connu une évolution parallèle. D'abord, l'objectif était de lutter contre la pauvreté et de préserver le niveau de vie des familles; la recherche concentrait son effort pour élaborer des normes de nutrition et des budgets-types. Puis, les méthodes se sont appuyées sur le comportement des ménages, de moins en moins absorbés par la satisfaction de leurs besoins essentiels. A partir de 1964, les modèles basés sur la théorie économique s'appuient de fait sur le bien-être des parents, qui sont les acteurs du choix économique et du choix de fécondité. Les travaux les plus récents testent la compatibilité des modèles avec le comportement observé des consommateurs. Ils montrent que les consommations des ménages ne fournissent aucune information sur le bien-être respectif des ménages de composition différente, en un point du temps, mais permettent de déterminer complètement l'évolution comparée de ces niveaux de bien-être, après qu'une convention a fixé leur valeur en un point. Les chercheurs s'orientent vers des modèles permettant de trouver les préférences individuelles des membres du ménage et les règles de partage du revenu. La prolongation de la scolarité et la généralisation de l'activité féminine ont provoqué une forte hausse du coût de l'enfant. (DEMOGRAPHIE ECONOMIQUE, COUT DE L'ENFANT, NIVEAU DE VIE, MODELE ECONOMIQUE)

94.46.32 - français - Greg J. DUNCAN, Jean W. YEUNG, Willard RODGERS, Université de Michigan, Ann Arbor MI (E.U.)

Les familles monoparentales aux Etats-Unis. Dynamique, niveau de vie et conséquences sur le développement de l'enfant (p. 1419-1436)

Plus du tiers des enfants nés aux Etats-Unis au milieu des années 1970 ont passé au moins une partie de leur enfance avec leur mère seule. Une telle situation familiale est souvent transitoire, en particulier pour les enfants blancs. Le niveau de vie est fortement réduit pendant le temps où les enfants vivent avec leur mère seule. Le recours au soutien du réseau familial et amical n'est pas plus fréquent pour les familles monoparentales. Les enfants vivant avec leur mère ont un développement moins satisfaisant que les autres enfants sur divers points. La situation économique défavorable explique l'essentiel de ce déficit sur le plan cognitif mais pas dans le domaine comportemental. (ETATS-UNIS, FAMILLE A PARENT UNIQUE, NIVEAU DE VIE, DEVELOPPEMENT DE L'ENFANT)

94.46.33 - français - Lee RAINWATER et Timothy M. SMEEDING, Russell Sage Fondation, New York (E.U.)

Le bien-être économique des enfants européens : une perspective comparative (p. 1437-1450)

Une enquête comparative dans les pays industriels, le "Luxembourg Income Study", permet de mesurer le bien-être économique des enfants au cours des années 1980. 12 pays sont en Europe (Allemagne, Belgique, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse) et 4 hors d'Europe (Australie, Canada, Etats-Unis, Israël). Dans quelques cas, des évolutions peuvent être mesurées depuis la fin des années 1960. La proportion d'enfants pauvres est plus forte hors d'Europe (12 à 23%) que dans les pays européens (3 à 13%). Elle est aussi beaucoup plus forte dans les familles où la mère est seule (6 à 64%) que dans celles où les deux parents sont présents ( 1 à 13 %). Au mieux, la situation économique des enfants est restée stable au fil du temps, mais elle s'est détériorée en 25 ans, au moins dans deux cas importants: le Royaunme-Uni et les Etats-Unis. (ENFANT, BIEN-ETRE INDIVIDUEL, PAUVRETE, ANALYSE COMPARATIVE)

94.46.34 - français - Marie-France VALETAS, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Le paiement des pensions alimentaires en France et en Russie (p. 1451-1472)

L'analyse du paiement des pensions alimentaires en France et en Russie permet de mettre en valeur les différences de relations entre les ex-conjoints, selon que ces relations sont liées ou non aux réglementations en vigueur. En Russie où la fixation du montant des pensions et les modalités de leur versement présentent un aspect de systématicité inconnu en France, l'affectivité du paiement est forte, stable au fil du temps et fort peu discriminante si l'on considère l'appartenance sociale de la créancière. En France, où l'initiative est finalement laissée au débiteur, le paiement complet est beaucoup moins élevé, évolue peu dans le temps et engendre des différenciations fortes dans l'espace social. En cas de paiement défectueux des pensions, une hiérarchisation sociale des différentes initiatives prises par les créancières est plus fréquente en France. Dans le cadre d'un fonctionnement relationnel relevant du domaine privé, les différences apparaissent moins contrastées entre les deux pays, dans la mesure où une hiérarchie sociale plus nette apparaît en Russie, dans la mesure également où une perception positive de l'ex-conjoint est associée à une meilleure affectivité du paiement. Mais pour être interprétés, ces résultats doivent être resitués dans une perspective historique, rappelant en particulier la nature des relations entre pouvoirs publics et famille. (FRANCE, RUSSIE, DIVORCE, PENSION ALIMENTAIRE, ANALYSE COMPARATIVE)

94.46.35 - français - Gérard CALOT, INSEE, 18 bd Adolphe-Pinard, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Droit fiscal, état matrimonial et nombre d'enfants (p. 1473-1500)

L'article analyse certains aspects de la fiscalité directe française en 1992 et 1993, selon l'état matrimonial, le nombre d'enfants et le revenu. Il apparaît que diverses dispositions qui se superposent à la règle du quotient familial, sont à l'origine d'un écart notable entre le nombre de parts affiché par la législation d'après le nombre d'enfants et celui réalisé en pratique, notamment dans le cas des familles modestes. Le mariage n'est plus guère avantageux que pour les couples mariés à un seul salaire. Quand un couple marié dispose de deux salaires de montants comparables et compte moins de trois enfants, il a intérêt à ne pas se marier s'il vit en union libre et à divorcer s'il est marié. Le bénéfice retiré d'un tel choix peut atteindre 30 000 F par an. L'augmentation de la CSG, combinée à la diminution de l'impôt sur le revenu, conduit à un alourdissement fiscal pour presque tous les foyers fiscaux, mais cet alourdissement est défavorable aux familles modestes. (FRANCE, FISCALITE, DIMENSION DE LA FAMILLE, ETAT MATRIMONIAL)

94.46.36 - français - Ron LESTHAEGHE et Guy MOORS, Vrije Universiteit, Bruxelles (Belgique)

Expliquer la diversité des formes familiales et domestiques : théorie économique ou dimension culturelle? (p. 1503-1526)

Les décisions concernant la formation de la famille (cohabiter ou se marier, divorcer, avoir des enfants, quitter le foyer) et les situations domestiques (avoir un emploi extérieur ou rester au foyer) sont expliquées de façon réductrice par les théories économiques contemporaines comme celles de G. Becker ou R. Easterlin. La dimension culturelle doit être introduite. On le montre en analysant l'enquête européenne sur les valeurs en 1990 dans quatre pays (Allemagne de l'Ouest, France, Belgique, Pays-Bas). On a extrait de 30 indicateurs appartenant à 11 échelles de valeurs trois dimensions du conservatisme qui se révèlent associées aux choix familiaux et domestiques chez les hommes comme chez les femmes, à 20-29 ans comme à 30-50 ans. Ces résultats confirment ceux d'enquêtes américaines, même si l'interprétation d'une enquête unique est plus limitée que celle d'enquêtes à passages répétés. En outre, la théorie économique néo-classique semble mieux adaptée à la description du comportement féminin et celle des attentes déçues à la description du comportement masculin. (DEMOGRAPHIE ECONOMIQUE, COMPOSITION DE LA FAMILLE, TRAVAIL FEMININ, CHANGEMENT CULTUREL)

94.46.37 - français - Michel BOZON et Catherine VILLENEUVE-GOKALP, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Les enjeux des relations entre générations à la fin de l'adolescence (p. 1527-1556)

Avec l'allongement de la transition à l'âge adulte, la jeunesse tend aujourd'hui à se différencier de plus en plus nettement de l'adolescence. Si la fin de l'adolescence est généralement perçue comme une période problématique, c'est en particulier parce que les aspirations des jeunes à l'autonomie se heurtent à la réalité de leur dépendance matérielle à l'égard de la génération plus âgée. A partir d'une enquête réalisée à l'INED en 1993, auprès de 3 000 jeunes adultes âgés de 25 à 34 ans, on examine comment des compromis s'établissent entre générations à la fin de l'adolescence. Il existe une grande différence entre garçons et filles sur le degré de contrôle des sorties, des fréquentations et de la vie amoureuse, ces dernières étant soumises à un contrôle beaucoup plus strict. D'un milieu social à l'autre, l'ampleur de la différence de traitement entre les sexes n'est pas la même: très forte en milieu populaire, elle est beaucoup moins marquée dans les classes aisées. Là où le contrôle est le plus tâtillon, les relations entre parents et jeunes évoluent parfois vers le conflit ouvert, ce qui peut bouleverser, en raison d'une "décohabitation" plus précoce, les conditions de passage à l'âge adulte. (FRANCE, ADOLESCENCE, DIFFERENCE ENTRE SEXES)

94.46.38 - français - Claude MARTIN, Ecole Nationale de la Santé Publique, Rennes (France)

Diversité des trajectoires post-désunion : entre le risque de solitude, la défense de son autonomie et la recomposition familiale (p. 1557-1584)

Après avoir privilégié l'étude des effets psycho-affectifs sur les enfants, puis les effets économiques et sociaux de la désunion, le débat scientifique sur l'après-divorce s'oriente depuis peu sur la mobilité de ces situations et, tout particulièrement, sur la recomposition familiale, dont on souligne actuellement la progression considérable. Pour autant, la recomposition n'est pas l'issue de toutes les situations monoparentales. Si les données disponibles montrent que la recomposition familiale est plus fréquente dans les milieux populaires que dans les couches moyennes ou aisées, notamment pour des raisons économiques, il faut nuancer ce constat en tenant compte des logiques des acteurs eux-mêmes et des contraintes dans lesquelles se dessinent leurs trajectoires conjugales et familiales. Cet article propose une présentation de la diversité des trajectoires post-désunion à partir de deux enquêtes postales réalisées à trois ans d'intervalle (1987-1990) auprès d'une cohorte de 336 parents gardiens séparés ou divorcés. Le sexe, l'âge, le capital culturel, le fait d'être ou non actif avant et après la rupture pèsent sur ces trajectoires et sur les difficultés qu'engendre la dissociation familiale. Des différences en termes d'appartenance sociale se manifestent aussi au niveau de la solidarité des proches. (DIVORCE, CONSTITUTION DE LA FAMILLE, DIFFERENTIEL SOCIO-ECONOMIQUE, CYCLE FAMILIAL)

94.46.39 - français - Maire NI BHROLCHAIN, Roma CHAPPELL et Ian DIAMOND, Université de Southampton (R.U.)

Scolarité et autres caractéristiques socio-démographiques des enfants de mariages rompus (p. 1585-1612)

Un échantillon d'enfants nés en 1958 en Grande-Bretagne a fait l'objet de vagues d'enquêtes successives à 7 ans, 16 ans, 23 et 33 ans qui ont permis de déterminer leur situation familiale à ces diverses dates et d'y enregistrer des renseignements sur leur scolarité, le mode de vie et les attitudes de leurs parents, etc. On étudie ici un groupe de 7 866 garçons et filles qui vivaient avec leurs deux parents à 7 ans et dont environ 9% ont vu ceux-ci se séparer ou décéder dans les neuf ans qui ont suivi. Nous comparons la fréquence de divers comportements survenus entre 16 et 23 ans (quitter l'école, quitter le foyer parental, former un couple, avoir un enfant) selon que ces enfants sont restés avec leurs parents unis ou ont vécu la désunion de ceux-ci. On a rendu aussi comparables que possible les deux groupes sur toutes les caractéristiques familiales et personnelles qu'on a pu saisir avant l'âge de 7 ans. Au total, il est rare que les comportements des adolescents diffèrent fortement en fonction de l'histoire familiale vécue pendant l'enfance. Une analyse statistique minutieuse ne confirme donc pas l'idée a priori d'une influence à long terme de la désunion des parents sur les comportements scolaires et socio-démographiques de leurs enfants. (ROYAUME-UNI, ENFANT, DESINTEGRATION DE LA FAMILLE, ANALYSE LONGITUDINALE)

94.46.40 - français - Gretchen A. CONDRAN, Université de Temple, Temple (E.U.), et Frank F. FURSTENBERG, Université de Pennsylvanie, Philadelphie, PA (E.U.)

Evolution du bien-être des enfants et transformations de la famille américaine (p. 1613-1638)

Existe-t-il un synchronisme, éventuellement décalé, entre l'évolution du nombre de mères actives et du nombre de divorces ou de naissances hors mariage, d'une part, et l'évolution du nombre d'adolescents obtenant leur diplôme du secondaire ou s'inscrivant dans le supérieur, consommant drogue ou alcool, commettant suicide ou homicides, ou ayant un enfant hors mariage, d'autre part? Les premiers éléments sont les indicateurs des changements ayant affecté la famille américaine depuis trente ans ; les seconds sont des comportements de la jeunesse qui pourraient traduire les effets néfastes subis par les générations de plus en plus touchées par ces transformations familiales. D'un côté, les changements de la famille n'ont guère ralenti, marquant le recul de la forme traditionnelle : deux parents et une seule source de revenu. De l'autre, les comportements de la jeunesse ont connu une évolution très diversifiée : certains indicateurs révèlent une amélioration à peu près continue du bien-être des jeunes (proportion de diplômés du secondaire) ; d'autres ont marqué une détérioration, aujourd'hui enrayée (accès à l'enseignement supérieur, consommation de drogue et d'alcool, etc.) ; d'autres enfin sont le signe d'une dégradation continue (homicides, suicide, fécondité hors mariage). Ces derniers sont donc les seuls qui permettent d'illustrer une corrélation avec les transformations familiales. Mais même dans ces cas, le constat doit être nuancé : les femmes sont moins touchées que les hommes et la situation des blancs et des noirs évolue parfois en sens inverse. Au total, l'idée générale d'une influence néfaste des changements familiaux sur le bien-être des enfants doit être prise avec de très fortes réserves. (ETATS-UNIS, FAMILLE, CHANGEMENT SOCIAL, ENFANT, BIEN-ETRE INDIVIDUEL)


Retour à la page d'accueil