ANNALES DE DEMOGRAPHIE HISTORIQUE

Retour à la page d'accueil


France (Paris) 84

ANNALES DE DEMOGRAPHIE HISTORIQUE

1994

94.84.01 - français - Catherine ROLLET Université de Versailles St. Quentin-en-Yvelines, 3, rue de la Division Leclerc, 78280 Guyancourt (France)

La mortalité des enfants dans le passé : au-delà des apparences (p. 7-22)

L'objectif de l'article est de donner une brève synthèse des communications réunies dans le volume sur le thème de la mortalité des enfants en Europe. Quelques résultats principaux sont évoqués en commençant par la question des sources et des méthodes : l'étude de la mortalité avant cinq ans est plus délicate que prévu. La chronologie de la diminution, de plus en plus nette, mais non linéaire, suggère qu'au-delà des facteurs environnementaux et socioéconomiques, le climat a pu jouer un rôle jusque-là sous estimé. L'analyse causale renvoie à la notion de synergie, plusieurs facteurs interagissant en même temps pour produire une accélération des tendances antérieures, diminution ou hausse des risques de décès. (DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE INFANTILE, TENDANCE DE LA MORTALITE, FACTEUR DE LA MORTALITE)

94.84.02 - français - Tommy BENGTSSON et Christer LUNDH, Département d'Histoire Economique, Université de Lund, Boîte 7083, 22007 Lund (Suède)

la mortalité infantile et post-infantile dans les pays nordiques avant 1900 (p. 21-43)

Dans les pays nordiques, le déclin de la mortalité à la fin du XVIlle siècle, débuta par une baisse de la mortalité infantile et post-infantile. La diminution de la mortalité des adultes ne commence qu'au milieu du XIXe siècle. Des travaux récents montrent que les améliorations nutritionnelles, médicales, sanitaires et celles relatives à l'allaitement, ne furent effectives que dans les premières années du XIXe siècle, soit bien plus tard que le début du déclin de la mortalité infantile et post-infantile. Que les agents pathogènes deviennent moins virulents à la fin du XVIIIe siècle, est une explication possible. Le déclin est-il dû à des facteurs indépendants du contrôle humain ? En revanche l'accord est général pour considérer que le déclin du XIXe siècle a des causes multiples. Sur l'importance de chacun des facteurs, le débat reste ouvert. Il faut construire d'autres séries de données de la mortalité par âge au niveau macro et utiliser au maximum des données provenant de reconstitutions des familles. L'utilisation de nouvelles méthodes statistiques, comme l'analyse des événements survenus au cours de la vie (life-event analysis) sera de première importance ; la qualité des données joue aussi un rôle primordial. Comme les statistiques nordiques sont réputées très bonnes, on a trop peu examiné leur qualité. Le sous-enregistrement de la mortalité infantile dans les registres paroissiaux constitue un problème. Il est important pour la recherche sur la mortalité infantile et post-infantile et sur la fécondité, de ne retenir que les données vraiment valables. (SCANDINAVIE, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, BAISSE DE LA MORTALITE, FACTEUR DE MORTALITE)

94.84.03 - français - Lorenzo DEL PLANTA, Dipartimento di Scienze Statistiche, Universita degli Studi di Bologna, Via Belle Arti 41, 40126 Bologna (Italie)

Mortalité infantile et post-infantile en Italie du XVIIIe au XXe siècle : tendances à long terme et différences régionales (p. 45-60)

A partir de la date de l'Unification nationale (1861), le processus de déclin de la mortalité des enfants est bien connu, et plusieurs hypothèses explicatives ont été proposées sur les différences temporelles du déclin dans les différents territoires. En s'appuyant sur une base documentaire encore très fragmentaire et hétérogène, on a essayé dans cet article de donner une esquisse de l'évolution de la mortalité des enfants à partir du XVIIIe siècle, en soulignant la permanence des spécificités territoriales dans la longue durée. Avant le début du déclin irréversible (à partir de la seconde moitié du XIXe siècle), les déterminants des différences territoriales semblent dépendre plus de facteurs socioculturels et du milieu ambiant que du niveau de vie des populations. (ITALIE, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE INFANTILE, BAISSE DE LA MORTALITE, DEMOGRAPHIE REGIONALE)

94.84.04 - français - Josep BERNABEU-MESTRE, Historia de la Ciència, Département du Salut Publica, Campus de Sant Joan, Ap. de Correus 374, 03080 Alacant (Espagne)

Problèmes de santé et causes de décès infantiles en Espagne (1900-1935) (p. 61-77)

En partant du modèle de risque utilisé en épidémiologie, cet article retient un cadre holistique pour comprendre et expliquer les relations entre niveau de santé et causes de décès pour les enfants dans l'Espagne du premier tiers du XXe siècle. L'évolution de quelques causes importantes de décès de nourrissons est tout d'abord analysée. Par la suite, l'auteur s'est attaché à expliquer les principales tendances de la mortalité infantile en se référant notamment à l'étiologie et au contexte socioculturel des maladies. Selon les hygiénistes et les pédiatres de l'époque, le cadre socioculturel des maladies (mode d'allaitement, attitudes envers la santé des enfants, par exemple lors de la poussée des dents), entraînait des niveaux élevés de mortalité infantile. (ESPAGNE, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE INFANTILE, CAUSE DE DECES)

94.84.05 - français - Alfred PERRENOUD, Université de Genève, Faculté des Sciences Economiques et Sociales, Département d'histoire économique, 102, bd Carl-Vogt, CH-1211 Genève 4 (Suisse)

La mortalité des enfants en Europe francophone : état de la question (p. 79-96)

L'intérêt d'une approche comparative, à une échelle surpranationale, est d'identifier et de mettre en évidence les tendances qui éventuellement submergent les particularités régionales. Il s'ensuit que dans la grande diversité des facteurs susceptibles d'agir sur la mortalité, il faut rigoureusement distinguer ceux qui affectent les niveaux et ceux qui affectent les tendances. Ce qui frappe le plus lorsque des comparaisons sont possibles, la conformité des tendances et le fait que l'évolution n'est pas continue mais saltatoire. Ce qui disqualifie les explications d'ordre socio-économique. Toute une partie de l'Europe de l'Ouest a connu au tournant des XIXe, XXe et sans doute également au XVIIIe siècle, un recul important de la mortalité des enfants. Baisse rapide, simultanée, de grande ampleur, qui force à admettre l'interférence de facteurs très généraux. Se pose dès lors la question de l'effet que peut exercer une modification de l'équilibre pathocénotique sur la probabilité de survie des enfants. L'hypothèse envisagée ici est une incidence moindre des maladies infectieuses liée à un changement des conditions bio-météorologiques - une diminution de l'écart thermique entre l'hiver et l'été - ayant agi comme masse de transformation, avec des effets cumulatifs en raison de la synergie des interactions entre malnutrition et infections. L'évolution au XIXe siècle et les profils contrastés de la mortalité selon l'âge, confortent l'hypothèse d'une modification du contexe nosologique sans rapport avec les conditions économiques. (EUROPE, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE INFANTILE, TENDANCE DE LA MORTALITE, FACTEUR DE MORTALITE)

94.84.06 - français - Pier Paolo VIAZZO, Istituto degli Innocenti di Firenze, Piazza SS. Annunziata 12, 50122 Firenze (Italie)

Les modèles alpins de mortalité infantile (p. 97-117)

Il apparaît que du milieu du XVIlle siècle au début du XIXe siècle, la mortalité infantile et post-infantile était moindre dans la partie montagneuse des Alpes, qu'elle ne l'était dans les régions de collines et de plaines adjacentes. Bien que plusieurs explications aient été avancées, la plupart des chercheurs sont enclins à penser que les taux moins élevés de mortalité infantile sur les hauteurs étaient dus au climat et aux autres facteurs liés à l'environnement qui rendaient les enfants plus résistants aux maladies pulmonaires et diminuaient le risque d'infections gastro-intestinales. Toutefois, il y a de grandes différences régionales ; ainsi le taux de mortalité infantile était-il plus élevé dans les Alpes autrichiennes qu'ailleurs. Cela semble dû principalement à la façon de nourrir les nourrissons. Les caractéristiques des taux de mortalité saisonniers dans les Alpes sont aussi présentées et discutées. L'auteur donne enfin un aperçu de l'évolution de la mortalité infantile dans les Alpes du milieu du XVIlle siècle jusqu'au milieu du XXe siècle. (DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE INFANTILE, MORTALITE DIFFERENTIELLE, GEOGRAPHIE)

94.84.07 - français - Robert WOODS, Department of Geography, University of Liverpool, Roxby Building, P.O. Box 147, Liverpool L69 3BX (R.U.)

La mortalité infantile en Grande Bretagne : un bilan des connaissances historiques (p. 119-134)

Cet article fait le point des connaissances sur l'évolution à long terme des taux de mortalité infantile en Grande-Bretagne depuis le milieu du XVIe siècle. L'auteur compare d'abord les estimations de mortalité infantile (basées sur les estimations d'espérance de vie à la naissance en Angleterre, 1541-1871 de E.A. Wrigley et R.S. Schofield) à des séries équivalentes pour des groupes de paroisses et des familles de la pairie britannique. L'auteur explore ensuite l'impact de l'environnement (particulièrement rural/urbain) sur les variations des taux de mortalité infantile et suggère que les conditions affectant la mortalité d'un individu dans la petite enfance pourraient également avoir une influence sur les chances de vie du même individu à l'âge adulte. En outre, l'auteur essaie de comparer la mortalité infantile selon les classes sociales de l'Angleterre et du pays de Galles à celles des Etats-Unis à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Enfin, certaines de ces constantes sont examinées dans une perspective épidémiologique avec les causes de décès des enfants. (ROYAUME-UNI, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE INFANTILE, MORTALITE DIFFERENTIELLE)

94.84.08 - français - Jean-Pierre BARDET, Corinne MARTIN-DUFOUR et Jacques MARTIN, Paris-Sorbonne, Centre Roland Mousnier, URA 100 du CNRS, 1 rue Victor Cousin, 75230 Paris Cedex 05 (France)

La mort des enfants trouvés : un drame en deux actes (p. 135-150)

Vers 1950, la société prend conscience de la forte mortalité des enfants abandonnés : médecins éclairés et administrateurs tentent de remédier à cette hécatombe et mettent en accusation les nourrices rurales qui accueillaient les petits trouvés. Bien des historiens d'aujourd'hui se sont contentés paresseusement de répéter ces reproches. Cet article constitue une tentative de réhabilitation des nourrices villageoises. Selon les auteurs, les bébés étaient victimes des circonstances de l'abandon. Une analyse nominative montre en effet que la cause la plus évidente de la forte mortalité des trouvés était la proximité des péripéties de l'acte d'abandon tandis que les conditions d'accueil chez les nourrices semblent faiblement explicatives. En arrière-plan émerge une société rurale originale dans un pays pauvre où l'accueil des nourrissons constitue une industrie. Cette étude ne constitue qu'une étape au coeur d'une recherche qui se poursuit. (DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE INFANTILE, ENFANT ABANDONNE, FACTEUR DE MORTALITE)

94.84.09 - français - Alain BIDEAU, Michel FLOQUET, Centre Pierre Léon, URA CNRS 223, Maison Rhône Alpes des Sciences de l'Homme, Lyon (France), et Guy BRUNET, Département de Démographie, Université Lumière, Lyon (France)

Mortalité différentielle des enfants indigènes et des enfants en nourrice. L'exemple de Druillat (Ain) au XVIIIe siècle (p. 151-168)

Druillat, paroisse bressanc, accueille durant la seconde moitié du XVIIIe siècle de nombreux enfants abandonnés placés par l'Hôtel-Dieu de Lyon. Après avoir précisé le volume annuel de ce flux, nous insérons l'arrivée de chaque nourrisson au sein des familles d'accueil. La notion de famille nourricière recouvre en fait des situations familiales diversifiées quant au nombre d'enfants indigènes et au nombre de nourrissons. Par la confrontation des décès enregistrés sur place avec le registre de l'Hôtel-Dieu répertoriant les placements d'enfants, nous pouvons préciser la mortalité des enfants en nourrice et la comparer avec celle des enfants indigènes. L'âge de placement et les conditions d'accueil jouent un rôle fondamental quant au risque de mortalité des nourrissons. (FRANCE, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE INFANTILE, NOURRICE, MORTALITE DIFFERENTIELLE)

94.84.10 - français - Marco BRESCHI et Massimo LIVI-BACCI, Dipartimento Statistico, Viale Morgagni 59, 50134 Firenze (Italie)

Le mois de naissance comme facteur de survie des enfants (p. 167-185)

La saison de naissance peut avoir une influence importante sur le sort d'un enfant. Cette étude poursuit une analyse déjà menée par les auteurs sur les régions italiennes et la Savoie et étendue ici à la Russie, aux Pays-Bas, à la Belgique et à la Suisse. Les données se refèrent à la deuxième partie du XIXe siècle. C'est en Italie que la mortalité différentielle par cohorte saisonnière est la plus élevée (le maximum est atteint par la Vénétie), suivie par la Russie et la Suisse. L'action du climat (le froid de l'hiver ou la chaleur de l'été) combine ses effets avec les pratiques sociales propres à chaque pays, l'âge au sevrage, les pratiques d'élevage de l'enfant. Des résultats assez inattendus apparaissent dans les différents pays. Dans la partie finale, on utilise les données dérivées de la reconstitution des familles dans deux villages de Toscane, de 1790 à 1916, pour construire un modèle simple mesurant l'effet net du climat sur la mortalité des enfants dans les deux premières années de vie. (DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE INFANTILE, VARIATION SAISONNIERE, CLIMAT)

94.84.11 - français - Jacques DUPAQUIER, Société de démographie historique, EHESS, 54 bd Raspail, 75006 Paris (France)

Pour une histoire de la prématurité (p. 187-202)

Le calendrier de la mortalité infantile présente, pour les populations du passé, une concentration anormale dans les jours qui suivent la naissance. Il en est de même aujourd'hui pour les prématurés. Analysant les handicaps de l'enfant né avant terme, en particulier l'hypothermie, l'auteur avance l'hypothèse que la très forte mortalité néonatale, et de même la mortinatalité observées jusqu'à la fin du XIXe siècle résulteraient principalement d'accouchements avant terme, et que ceux-ci pourraient s'expliquer par la pénibilité des travaux domestiques. Divers indices, en particulier le mouvement saisonnier de la néomortalité, semblent conforter cette hypothèse. (DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, MORTALITE NEONATALE, MORTALITE FOETALE TARDIVE, PREMATURITE)

94.84.12 - français - Agnès FINE, Université de Toulouse-Le-Mirail, 5, allée Antonio Machado, 31058 Toulouse Cedex (France)

Le nourrisson à la croisée des savoirs (p. 201-214)

On connaît les effets de l'alimentation des nourrissons sur leur mortalité. Aussi est-il intéressant de savoir dans quel contexte culturel s'est produite l'adoption de l'allaitement artificiel. Dans les années 1930, nombreuses sont les femmes des pyrénées languedociennes qui ont abandonné l'allaitement au sein sur les conseils de leur médecin, parce que, disent-elles, elles avaient du mauvais lait qui "empoisonnait" leur enfant. Cette idée, largement partagée en France à la même époque, s'intègre à un ensemble de représentations traditionnelles sur le lait maternel et ses altérations qui renvoie à un savoir ancien et complexe sur la physiologie féminine et les troubles du sang. Il est partagé aussi bien par les femmes que par les médecins jusqu'à une période relativement récente. (FRANCE, HISTOIRE, ALIMENTATION DU NOURRISSON, ALLAITEMENT ARTIFICIEL)

94.84.13 - français - Yves HORRENT, Michel ORIS, Paul SERVAIS, Karel VELLE

La populations des grands hôpitaux universitaires belges du début du XIXe à la fin du XXe siècle (p. 217-236)

Cet article est la synthèse de recherches menées sur les hôpitaux universitaires de Gand, Liège et Louvain en Belgique. Il propose, dans une première partie, un résumé des analyses et des principaux résultats. Les questions d'interprétation sont ensuite abordées sous trois angles : les sources, qu'il s'agisse des registres hospitaliers ou des dossiers médicaux, leurs qualités et leurs limites ; la structure des institutions et ses répercussions sur la structure sociale des patients ; l'impact de la transition démographique. L'hôpital, jadis réservé aux adultes indigents, s'est progressivement ouvert aux "non-rentables", enfants d'abord, vieillards ensuite, au point que le vieillissement des populations hospitalisées excède largement celui de l'ensemble de la population. (BELGIQUE, HISTOIRE, HOPITAL)

94.84.14 - français - Scarlett BEAUVALET, Université de Paris IV, Sorbonne, 1, rue Victor Cousin, 75220 Paris cedex 05 (France)

Perdre la vie en la donnant : la mortalité maternelle à Port-Royal, 1815-1826 (p. 237-260)

Cet article a pour objet de mesurer la mortalité maternelle dans le nouvel établissement créé en 1795 pour remplacer l'Office des accouchées de l'Hôtel-Dieu. Un sondage à la lettre B nous a permis de constituer 4 086 fiches individuelles de femmes venues accoucher à la Maternité entre 1815 et 1826, cela à partir des registres de naissance des enfants et d'entrée et sortie des femmes. Après ce premier dépouillement, nous avons recueilli 192 décès, chiffre un peu faible pour mener une analyse statistique de la mortalité. Nous avons donc également relevé systématiquement les décès pour quatre années, deux années à forte mortalité, 1818 et 1819, et deux années à faible mortalité, 1817 et 1821 et ainsi pu observer un ensemble de 450 décès. L'ensemble des données a été traité avec une base de données D Base 111 Plus et un logiciel de statistiques NCSS. Les "filles-mères" constituent la grande majorité des accouchées ; elles sont 80,4 % âgées de 25 ans en moyenne, pour 18,4 % de femmes mariées dont la moitié dépasse 30 ans. Presque toutes les femmes travaillent, 35,4 % dans les métiers de la couture, 31,8 % dans la domesticité et près de 20 % sont qualifiées d'ouvrières (hors textile). Plus des trois quarts sont domiciliées à Paris, mais un peu moins de 20 % en sont originaires. Le temps de séjour à la maternité est long, 23 jours en moyenne. La mortinatalité est très forte, près de 6 %. La plupart des mères célibataires abandonnent leur enfant, contre un peu plus de la moitié des femmes mariées. La mortalité maternelle reste élevée, 47 pour 1 000 sur l'ensemble de la période, mais avec de fortes variations annuelles et saisonnières qui mettent en évidence l'influence de la saison et du facteur épidémique. En dépit d'efforts constants pour rationaliser la disposition interne de l'Hospice, améliorer l'encadrement médical et les conditions d'hygiène, les taux de mortalité maternelle restent considérablement plus élevés que ceux enregistrés pour les accouchements à domicile ; se sera une préoccupation constante tout au long du siècle. (FRANCE, HISTOIRE, MORTALITE MATERNELLE)

94.84.15 - français - Rose DUROUX, Université Blaise Pascal, Clermont II, 34, rue Carnot, 63006 Clermont-Ferrand Cedex 1 (France)

Le voyageur et l'hôpital. Du Massif central à l'hôpital Saint-Louis-des-Français de Madrid, 1617-1935 (p. 261-176)

Cet article est une réflexion sur l'intérêt que peuvent présenter les archives hospitalières pour l'étude d'un mouvement migratoire. L'exemple choisi est une migration à moyenne distance, l'émigration des habitants du Massif central vers l'Espagne. L'hôpital sous observation est l'hôpital de Saint-Louis-des-Français de Madrid ; il s'agit là d'un petit établissement dont l'exiguïté est compensée, pour l'observateur, par la longévité, 1617-1935 ; des milliers d'entrées et une continuité d'archives, qui malgré bien des lacunes, apporte un éclairage sui generis à l'étude d'un mouvement migratoire aussi vivace que l'hôpital même. Sur trois siècles se dessinent des fidélités régionales et professionnelles mais aussi des glissements qui prêtent à statistique. Ainsi voit-on le classique Auvergnat, ce bon client de l'hôpital Saint-Louis-des-Français (plus du tiers des effectifs jusqu'au XIXe siècle), ce prestataire ambulant de menus services, se fixer progressivement, à Madrid, dans la seule boulangerie. Si l'on décèle sans peine cette évolution professionnelle, une analyse plus fine permet de détecter les glissements dans les communes d'origine et d'établir des comparaisons avec d'autres migrants français. Mieux qu'aucun autre document, en outre, le "Registre d'Infirmerie" éclaire la face souvent cachée de l'émigration : la maladie, la misère, l'échec. (FRANCE, ESPAGNE, HISTOIRE, COURANT MIGRATOIRE)

94.84.16 - français - Marie-Claude DINET-LECOMTE, Université de Picardie, rue Salomon Mahlangu, 80025 Amiens Cedex (France)

Les soeurs hospitalières au service des pauvres malades aux XVIIe et XVIIIe siècles (p. 277-292)

Méconnues, les soeurs hospitalières méritent une étude d'ensemble. Leur vocation éprouvée pendant la sélection qui les met au contact des dures réalités hospitalières de l'époque est rarement démentie. Quelles que soient leurs familles religieuses d'origine, elles représentent la majeure partie du personnel soignant. Malgré quelques conflits d'autorité, leur succès croissant auprès des hôpitaux s'explique par le caractère bon marché, mobile, souple, docile et polyvalent de ces communautés. (HISTOIRE, PERSONNEL PARAMEDICAL, INSTITUTION RELIGIEUSE)

94.84.17 - français - Annie SAUNIER, Institut d'Histoire, Université de Paris-IV, 1, rue Victor Cousin, 75230 Paris Cedex 05 (France)

De l'enfant à l'hôpital, à l'hôpital pour enfants. Tentative d'analyse de l'élaboration d'une adaptation spécifique de l'hospitalisation pour l'enfant au tournant des XVe et XVIe siècles (p. 293-302)

Au travers de quelques exemples concrets provenant des comptabilités d'anciens établissements hospitaliers et des actes fondateurs des premières institutions dévolues expressément aux enfants, nous tenterons de cerner les éléments d'une évolution spirituelle et mentale dans la réflexion sur l'enfant démuni et malade, et sa concrétisation par la fondation des tout premiers "hôpitaux" spécialisés dans leur accueil. (HISTOIRE, HOPITAL, VALEUR DE L'ENFANT, SANTE DE LA MERE ET DE L'ENFANT)

94.84.18 - français - Isabelle von BUELTZINGSLOEWEN, Centre Pierre Léon, Université de Lyon II, 14, avenue Berthelot, 69363 Lyon Cedex 07 (France)

Pour une sociologie des populations hospitalisées : le recours à l'hôpital dans l'Allemagne de la première moitié du XIXe siècle (p. 303-316)

A partir d'une analyse sociologique des populations hospitalisées dans les hôpitaux universitaires allemands de la première moitié du XIXe siècle, cet article vise à relativiser l'équivalence trop souvent établie entre misère et hospitalisation. Certes, le recours à l'hôpital ne constitue pas encore, à cette période, un acte socialement indifférencié ; mais de multiples indices (tels que le taux d'activité, l'âge et le sexe des malades, leur origine géographique, la durée de leur séjour et surtout le développement des assurances hospitalières) montrent que l'hôpital allemand n'est en aucun cas le refuge des seuls indigents et marginaux mais répond à une demande émanant de l'ensemble des classes populaires. (ALLEMAGNE, HISTOIRE, HOPITAL, ANALYSE SOCIOLOGIQUE)

94.84.19 - anglais - José C. CURTO, Center for Developing Areas Studies, McGill University, 3715, rue Peel, Montréal, Québec H3A 1X1 (Canada)

Histoire de la population de l'Afrique sub-saharienne avant 1900: le cas de l'Angola, 1773-1845 (Sources for the pre-1900 population history of sub-Sahara Africa : the case of Angola, 1773-1845) (p. 319-338)

Cet article étudie la plus importante collection de sources d'ordre démographique jamais découverte pour les régions de l'Afrique sub-saharienne avant 1900 : 350 recensements effectués entre 1773 et 1845 en Angola, alors colonie portugaise. Après un examen des règles ayant présidé à l'établissement des recensements, les données démographiques qu'ils contiennent et les problèmes liés à ce type de sources sont passés en revue. Deux conclusions principales sont tirées de cet examen. En premier lieu, bien que la plupart des démographes et des historiens aient longtemps soutenu que des sources quantitatives traditionnelles sur les populations de l'Afrique Sub-saharienne n'étaient pas disponibles avant 1900, il existe en fait une documentation importante pour les zones côtières sous domination européenne. Par ailleurs, dans le cas spécifique de l'Angola, pour lequel la nature des données relevées est proche de celle des recensements les plus contemporains, une véritable histoire de la population peut être écrite. (ANGOLA, DEMOGRAPHIE HISTORIQUE, RECENSEMENT DE POPULATION)

94.84.20 - français - Raymond GERVAIS, Centre d'études sur les régions en développement, Université McGill, 3715, rue Peel, Montréal, Québec H3A 1X1 (Canada)

Recensement en AOF : genèse et signification des exemples de la Haute-Volta coloniale (p. 339-353)

La mobilisation de la population et, en conséquence, de la force de travail était une préoccupation au coeur même de l'idéologie et de la pratique coloniales. L'histoire de l'émergence d'une "comptabilité démographique" dans la pratique administrative en AOF, a partir d'exemples de la Haute-Volta, illustre la volonté des administrateurs de tous les échelons de mieux cerner les chiffres de population. Malheureusement, cette volonté ne fut pas dépourvue de contradictions. Aux antipodes de cette volonté, se situent les absences la rendant inopérante : absence du personnel, absence de formation adéquate de fonctionnaires européens et africains, absence de crédit, absence de structures (services locaux de statistiques et de démographie), etc. Un rapide bilan est ici dressé. Une administration fissurée de contradictions, sensible, certes, aux avantages des dénombrements de population mais impuissante à les générer de manière méthodologiquement satisfaisante. Cette sensibilité fut exacerbée par l'apparition de limites aux modes antérieurs d'exploitation des populations. (BURKINA FASO, HISTOIRE, RECENSEMENT DE POPULATION, COLONIE)

94.84.21 - français - Robert A. HORVATH

La dynamique démographique, économique et spatiale de Budapest, de l'unification aux années 1980 (p. 357-361)

Depuis la création de Budapest en 1873 par l'unification de Buda, Pest et Obuda, la population de la capitaine hongroise est passée de 300 000 à 1 165 000 habitants en 1939. A l'origine de cet accroissement démographique, on trouve l'industrialisation, accentuée par la partition de l'Autriche-Hongrie en 1920. Après la Seconde Guerre mondiale, le phénomène s'accroît par l'industrialisation forcée sous le régime communiste et la collectivisation de l'agriculture qui augmente l'exode rural. En 1950, des villages sont absorbés pour former la Grande Budapest, où les conditions de logement deviennent plus difficiles à cause de la politique nataliste du gouvernement. Celui-ci doit, à partir de 1958, limiter les possibilités d'installation des hommes et des industries. Toutefois, dans les années 60, le rythme d'accroissement démographique se maintient pour diminuer légèrement dans les années 70. En 1980, la Grande Budapest compte 2 059 000 habitants, soit plus de 20 % de la population du pays qui est de 10 700 000 habitants. Avec la zone d'attraction tout autour de la capitale, on arrive au chiffre de 3 500 000 habitants. Cette concentration urbaine a des répercussions importantes sur la qualité de la vie. (HONGRIE, HISTOIRE, CAPITALE, DYNAMIQUE DE LA POPULATION)


Retour à la page d'accueil