Retour à la page d'accueil
POPULATION

JANVIER-FEVRIER 1995 - 50e ANNEE, NUMERO 1

95.46.1 - français - Youssef COURBAGE et Myriam KHLAT, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La mortalité et les causes de décès des Marocains en France. I. La mortalité générale : une confirmation de la sous-mortalité masculine malgré les problèmes de mesure (p. 7-32)

Les décès enregistrés à l'état civil des Marocains en France (1979-1991) impliquent une très forte sous-mortalité. Les Marocaines sont moins favorisées que les Françaises. Les doutes que soulèvent ces résultats incitent à évaluer la complétude des décès; démarche qui n'est pas de mise dans des pays à statistiques complètes. Après évaluation et ajustement, la mortalité des enfants de moins de 20 ans (les deux tiers, nés en France) semble correctement prise en compte. Les omissions de décès paraissent faibles pour les femmes de plus de 20 ans, pas chez les hommes. Malgré l'ajustement, la mortalité demeure plus basse que celle des Français : contrairement aux Marocaines par rapport aux Françaises. Pour l'un et l'autre sexe, les gains d'espérance de vie sont fulgurants au départ du Maroc. Vu leurs conditions de vie et d'habitat, le type d'activité professionnelle, le faible bagage éducatif, ces données surprennent. La sélection qui s'opère à la migration, le contrôle sanitaire, l'accès aux soins de santé du pays d'accueil et certaines habitudes de vie, plaident en faveur de cette moindre mortalité masculine immigrée. L'omission des décès des Marocains à l'état civil français pourrait s'expliquer par la réémigration au Maroc d'hommes en mauvaise santé. Par recoupements entre données, il ressort que les retours sont de plus en plus fréquents et que le candidat à la réémigration est souvent dans un état de santé précaire. (FRANCE, MAROC, IMMIGRANT, MORTALITE DIFFERENTIELLE)

95.46.2 - français - Nicole BELLA, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La fécondité au Cameroun : niveaux et tendances (p. 33-60)

L'Enquête Démographique et de Santé réalisée en 1991 au Cameroun donne les chiffres les plus récents sur le niveau de fécondité dans ce pays. L'ISF y est estimé à 5,8 enfants en moyenne par femme à cette date. Si l'on en croit les résultats de la précédente enquête (1978) qui donnait un nombre moyen d'enfants de 6,5, le Cameroun connaît un léger fléchissement de sa fécondité (11 %). Cette diminution est surtout le fait de l'évolution de ce phénomène en milieu urbain et plus précisément à Yaoundé/Douala, les deux principales villes du pays. L'ISF y est passé de 5,3 en 1978 à 4,4 en 1991, soit presqu'un enfant de moins. Outre l'évolution de la fécondité au Cameroun, l'article traite également des déterminants de la fécondité en 1991. Il ressort de cet article que ce phénomène y demeure quasi naturel puisqu'il continue d'être déterminé par la période de non-susceptibilité post-partum associée à l'allaitement et l'abstinence sexuelle post-partum. La pratique de l'allaitement maternel et de l'abstinence réduit à elle seule la fécondité de plus de 40 %, et la nuptialité de 17 %. A ces deux facteurs, il convient d'ajouter la stérilité primaire qui touche encore 10 % des femmes de 45-49 ans et dont l'effet inhibiteur sur la fécondité n'est pas à négliger (11 %). L'incidence de la contraception est quant à elle faible puisque seules 4 % des femmes utilisaient la contraception en 1991. Ce taux de prévalence est à mettre en parallèle avec une demande d'enfants qui demeure élevée (6,8 enfants désirés en moyenne par femme). On le voit donc, l'évolution future de la fécondité au Cameroun sera déterminée par ceux de ces déterminants proches (en l'occurrence la contraception) qui pourraient à leur tour être influencés par le comportement de la population face à un environnement socio-économique actuellement défavorable. (CAMEROUN, TENDANCE DE LA FECONDITE, FACTEUR DE LA FECONDITE, ENQUETE DEMOGRAPHIQUE ET DE SANTE)

95.46.3 - français - Thérèse LOCOH et Marie-Paule THIRIAT, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Divorce et remariage des femmes en Afrique de l'Ouest : le cas du Togo (p. 61-94)

La forte mobilité conjugale des femmes en Afrique de l'Ouest n'est généralement abordée par les démographes que comme corrélat d'études sur la polygamie (des hommes) ou comme facteur de fécondité. La littérature anthropologique, au contraire, en a fait un sujet d'étude en soi, pesant les avantages et les inconvénients du mariage, du veuvage et du divorce pour le statut de la femme. L'analyse des histoires matrimoniales des femmes interrogées lors de l'enquête DHS Togo (1988) permet de confirmer certains constats et certaines interprétations des ethnologues. Elle met en évidence la fragilité des unions au cours des premières années de vie conjugale. L'analyse multivariée mesure le poids du milieu d'habitat, du niveau d'instruction, de la co-résidence conjugale, de l'infécondité et des spécificités ethniques sur le risque de divorce. Les années récentes semblent marquées par une tendance à la hausse de la probabilité de rupture des unions et par une accélération des remariages. Reste à savoir si ces nouvelles logiques matrimoniales se traduisent en gain réel d'autonomie des femmes ou, au contraire, en une plus grande insécurité et une dépendance plus forte à l'égard de qui pourra les aider à élever leurs enfants. (TOGO, CONDITION FEMININE, DIVORCE, REMARIAGE)

95.46.4 - français - Philippe ANTOINE, Mamadou DJIRE et Benoît LAPLANTE

Les déterminants socio-économiques de la sortie du célibat à Dakar (p. 95-118)

A l'aide de données biographiques permettant de confronter histoires matrimoniale, résidentielle et professionnelle, nous analysons le recul de l'âge au premier mariage à Dakar pour trois groupes de générations d'hommes et de femmes. Les mutations affectant la vie matrimoniale doivent être analysées dans une perspective dynamique et s'inscrire dans l'ensemble du cycle de vie de l'individu, afin de mettre en évidence l'interaction entre les événements matrimoniaux et l'évolution de la situation économique et sociale de l'individu. Le recul de l'âge au premier mariage dépend peu des facteurs culturels (en particulier pour les hommes) et semble largement dû aux difficultés économiques croissantes (notamment à travers les problèmes d'emploi et de logement); devant l'ampleur de la crise, les hommes hésitent à s'engager dans une union. (SENEGAL, PREMIER MARIAGE, RECESSION ECONOMIQUE)

95.46.5 - français - Francis RONSIN, Université de Dijon, Dijon (France)

Guerre et nuptialité. Réflexions sur l'influence de la Seconde Guerre mondiale, et de deux autres, sur la nuptialité des Français (p. 119-148)

Les démographes n'ont jamais accordé une attention suffisante à l'impact des guerres sur l'évolution de la nuptialité. Lorsque leurs travaux les ont conduits à évoquer cette question, ils s'en sont généralement tenus à constater que la mobilisation et la détention des hommes provoquaient une baisse du nombre des mariages. Ce faisant, ils ont totalement négligé les effets émotionnels de la conjoncture politique et du déroulement des combats. Or, une observation un peu plus attentive des statistiques montre les lacunes de cette démarche. Après avoir mis en évidence cette faiblesse des écrits portant sur la période de la Deuxième Guerre mondiale en France, l'auteur se penche sur deux événements plus récents : la guerre d'Algérie et la " Guerre " du Golfe, pour prouver qu'on ne peut négliger les effets psychologiques des conflits, ou même, des menaces de conflit. Ainsi, le rythme mensuel des mariages au cours de l'année 1956 ne peut s'expliquer par le seul rappel de réservistes français en Algérie. L'intervention franco-britannique en Egypte et celle des troupes du pacte de Varsovie en Hongrie ont eu des conséquences observables. Quant à la " Guerre " du Golfe, bien qu'elle n'ait mobilisé qu'un contingent français insignifiant - qui n'a eu à subir ni véritable combat, ni pertes - son exploitation envahissante et alarmante par les médias ne semble pas avoir été sans incidence sur le rythme de la nuptialité. L'auteur peut alors revenir sur la Deuxième Guerre mondiale en soulignant quelques effets de l'état de l'esprit public sur la statistique des mariages et conclure en évoquant divers axes de recherche qui permettraient une meilleure perception des rapports entre guerre et nuptialité. (NUPTIALITE, GUERRE, FACTEUR PSYCHOLOGIQUE)

95.46.6 - français - Daniel COURGEAU, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France), et Jamal NAJIM, Institut de Statistique, Université Pierre et Marie Curie, Paris (France)

Analyse de biographies fragmentaires (p. 149-168)

Certaines sources de données longitudinales, telles que l'échantillon démographique permanent de l'INSEE ou l'enquête sur la mobilité sociale, géographique et patrimoniale de Dupâquier et Kessler, comportent des informations biographiques fragmentaires. Cet article propose des méthodes d'analyse de telles biographies et discute les hypothèses qui doivent être vérifiées pour qu'une telle approche donne des estimations correctes. La validité de ces hypothèses est testée à l'aide des données rétrospectives complètes de l'enquête sur la biographie familiale, professionnelle et migratoire, artificiellement fragmentées de façon semblable à ce que l'on observe dans les sources incomplètes. Cela ouvre la possibilité d'utiliser des données fragmentaires pour une estimation des durées de séjour correcte, en particulier, dans le domaine de la mobilité géographique et professionnelle. (METHODOLOGIE, ANALYSE DES BIOGRAPHIES, STATISTIQUES IMPARFAITES)

MARS-AVRIL 1995 - 50e ANNEE, NUMERO 2

95.46.7 - français - Brigitte BACCAÏNI, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Les contrastes géographiques des comportements de contraception (p. 291-330)

Les contrastes géographiques des comportements contraceptifs, que ce soit à l'échelle micro-géographique des types d'habitat ou à l'échelle régionale, sont en partie la conséquence de différences de structure socio-démographique. Il existe cependant, à ces deux niveaux, un "effet pur" de l'environnement géographique pouvant, pour une part, s'interpréter en termes d'inégalité d'offre médicale. Mais l'accès à la médecine ne suffit pas à expliquer des comportements tels que ceux que l'on observe par exemple dans les cités HLM des grandes agglomérations, caractérisées par un retard très net en matière de pratique contraceptive moderne. Par ailleurs, l'influence du milieu environnant varie selon les caractéristiques socio-démographiques des femmes : femmes seules et femmes en couple, femmes peu diplômées et femmes très diplômées réagissent différemment dans un contexte géographique donné. (FRANCE, PRATIQUE DE LA CONTRACEPTION, DIFFERENCIATION SOCIALE, REGION)

95.46.8 - français - Bernard ZARCA, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

L'héritage et la mobilité sociale au sein de la fratrie. l. - L'héritage et la mobilité sociale différentielle des frères (p. 331-356)

Dans un précédent article, Bernard Zarca s'était demandé s'il y avait parmi les frères un ou plusieurs élus à hériter de l'indépendance professionnelle de leur père. Il avait conclu que le privilège de l'aîné n'excluait pas la complémentarité de l'héritage de ce statut. Il généralise désormais le questionnement à l'ensemble des classes sociales : les destins matrimoniaux de l'aîné et du benjamin des frères sont-ils complémentaires, de telle sorte que l'on puisse parler d'héritage ou de mobilité sociale comme d'un phénomène familial plutôt qu'individuel ? Le mariage atténue-t-il ou accentue-t-il la complémentarité de l'héritage d'une position sociale ou de l'accès à une telle position ? Dans l'ensemble, les réponses à de telles questions sont positives et ne contredisent pas l'idée déjà étayée par les faits d'un privilège des aînés. La suite de cet article, à paraître prochainement, concerne les soeurs. (FRATRIE, HERITAGE, MOBILITE SOCIALE)

95.46.9 - français - Didier CHAMBOVEY, Université de Neuchâtel, Neuchâtel (Suisse)

Politique à l'égard des étrangers et contingentement de l'immigration : l'exemple de la Suisse (p. 357-384)

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la Suisse recourut massivement à la main-d'oeuvre étrangère pour alimenter son marché du travail fortement sollicité par une croissance économique soutenue. Après un fléchissement de l'immigration dans les années 1970, les flux à destination de la Confédération helvétique ont connu une reprise aiguë dans les années 1980 pour porter la part de la population étrangère à un record historique en 1993. L'intensification des migrations est aussi associée à une diversification des provenances en raison de la réorientation du recrutement vers le Portugal et la Yougoslavie. L'auteur évalue l'efficacité des instruments de contrôle quantitatifs (contingents) et leurs conséquences sur le marché du travail. Ces instruments n'ont qu'une faible incidence sur l'immigration et, partant, sur l'évolution de la population étrangère résidant de manière permanente en Suisse. L'autonomie acquise par les entrées au titre du regroupement familial et de la transformation d'autorisations saisonnières en autorisations non saisonnières bride considérablement l'efficacité des limitations quantitatives. Par ailleurs, la politique à l'égard des étrangers n'a pas permis de réaliser l'équilibre optimal recherché en matière d'emploi. Elle s'est au contraire traduite par l'émergence d'une structure de production plus vulnérable aux crises et une aggravation du chômage. (SUISSE, POLITIQUE D'IMMIGRATION, EVALUATION, IMPLICATION ECONOMIQUE)

95.46.10 - français - Lorraine DUCHESNE et Nicole LAURIN, Université de Montréal, Montréal, Québec H3C 3J7 (Canada)

Les trajectoires professionnelles des religieuses au Québec de 1922 à 1971 (p. 385-414)

Au Québec, les religieuses ont eu de véritables carrières professionnelles dont le déroulement relève plus d'une stratégie collective qu'individuelle. Le présent article rappelle d'abord quelques caractéristiques de cette main-d'oeuvre : le nombre de religieuses, leur proportion dans la main-d'oeuvre active féminine, leur âge à l'entrée, etc. Après quelques considérations méthodologiques, les auteurs décrivent la distribution des religieuses selon l'activité principale et la taille des communautés, de même que l'origine sociale des religieuses, leur scolarité à l'entrée, leur premier emploi et leur emploi de maturité. Enfin, les trajectoires professionnelles des religieuses sont étudiées : on y présente d'une part les liens entre la scolarité et les emplois, et d'autre part, entre l'origine sociale et les emplois selon les périodes et les types de communautés. De plus, on constate que les religieuses ont des possibilités de mobilité différentes selon le genre de communauté auquel elles adhèrent. On conclut en disant que les religieuses peuvent en se retirant du " monde " - c'est-à-dire de l'activité salariée, des liens familiaux et conjugaux - échapper, tant dans l'organisation collective de leur travail que dans leur cheminement personnel, à certaines contraintes, liées à leur milieu d'origine et au fait d'être femme. (CANADA, CONDITION FEMININE, INSTITUTION RELIGIEUSE, PARTICIPATION DANS LA POPULATION ACTIVE)

95.46.11 - français - Youssef COURBAGE, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Baisse de la fécondité dans la Péninsule arabique (p. 415-446)

La Péninsule arabique est une mosaïque de pays très inégaux par la taille de leur population mais aussi, depuis peu, par leur fécondité. Celle-ci varie presque du simple au double entre l'Émirat de Bahrein et le Sultanat d'Oman. A ces disparités s'ajoutent la diversité des moyens pour atteindre un même niveau de fécondité (ici un recul de l'âge au mariage, là le développement de la contraception) et l'effet très inégal des facteurs clés de la transition démographique (mortalité infantile, urbanisation, scolarisation, activité féminine... ). Il se pourrait bien que l'existence d'une forte rente pétrolière ait masqué l'influence classique de l'amélioration du statut des femmes et que l'abaissement des cours mondiaux du pétrole rende son rôle à ce déterminant, provoquant ainsi un recul général de la fécondité dans la Péninsule. (ASIE OCCIDENTALE, TRANSITION DEMOGRAPHIQUE, BAISSE DE LA FECONDITE, FACTEUR DE LA FECONDITE)

95.46.12 - français - Youssef COURBAGE et Myriam KHLAT, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La mortalité et les causes de décès des Marocains en France de 1979 à 1991. II. - Les causes de décès (p. 447-472)

Les causes de décès des immigrés marocains en France ont été examinées entre 1979 et 1991, en redressant le sous-enregistrement des décès à l'aide d'une méthode indirecte basée sur leur distribution par âge. Comparés à la France entière, Marocains et Marocaines partagent une sous-mortalité par maladies du système nerveux et des organes des sens, et une sous-mortalité cancéreuse. Cette dernière se vérifie chez les premiers pour la plupart des localisations, chez les secondes pour l'intestin et le sein uniquement, avec à l'opposé des décès plus fréquents par tumeurs du poumon et de l'utérus. Seuls les hommes bénéficient d'une sous-mortalité pour les maladies de l'appareil circulatoire, alors que les femmes au contraire subissent une légère surmortalité pour l'ensemble des causes relevant de ce chapitre, de même qu'elles subissent une surmortalité par diabète, par maladies des organes génito-urinaires, et une forte surmortalité maternelle. Avant 25 ans, les décès par accidents de la circulation sont moins fréquents dans les deux sexes, mais au-delà les hommes présentent une surmortalité pour cette cause de décès. Les suicides sont moins fréquents chez les hommes, alors que les Marocaines âgées de 10 à 24 ans présentent une surmortalité par suicide ; on observe également dans les deux sexes une surmortalité par autres morts violentes. Ces résultats sont discutés à la lumière des connaissances sur le mode de vie et la consommation médicale des Marocains en France. (FRANCE, MAROC, IMMIGRANT, MORTALITE DIFFERENTIELLE, CAUSE DE DECES)

MAI-JUIN 1995 - 50e ANNEE, NUMERO 3

95.46.13 - français - Annabel DESGREES DU LOU et Gilles PISON, Laboratoire d'Anthropologie biologique, Muséum National d'Histoire Naturelle, Musée de l'Homme, 17 place du Trocadéro, 75016 Paris (France)

Le rôle des vaccinations dans la baisse de la mortalité des enfants au Sénégal (p. 591-620)

Le Sénégal a connu une forte baisse de sa mortalité infanto-juvénile depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. La baisse de mortalité dans les campagnes, plus tardive que dans les villes, a suivi l'effort de décentralisation des services de santé amorcé en 1978. Le développement de programmes sanitaires, qui touchent aussi les campagnes à partir de la conférence d'Alma Ata de 1977, apparaît donc comme le premier responsable de cette baisse de mortalité. La mise en oeuvre du Programme élargi de vaccination, visant à vacciner tous les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, semble avoir été un facteur décisif de la poursuite de la baisse de la mortalité et même de son accélération dans la période récente, en particulier en zone rurale. Pour le vérifier, nous avons observé l'évolution de la mortalité des enfants consécutive à la mise en place de ce programme de vaccination dans la zone rurale de Bandafassi, dont la population a fait l'objet d'une observation démographique suivie de longue durée. L'étude montre que, alors que les conditions de vie ont peu changé, les vaccinations ont en l'espace de quelques années divisé par deux la mortalité avant 5 ans. (SENEGAL, MORTALITE INFANTILE, MORTALITE JUVENILE, BAISSE DE LA MORTALITE, VACCINATION)

95.46.14 - français - Magali BARBIERI, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France), James ALLMAN, United States Agency for International Development, Antananarivo (Madagascar), PHAM Bich San, Institut de Sociologie, Hanoï (Viêt Nam), et NGUYEN Minh Thang, Comité National pour la Population et la Planification Familiale, Hanoï (Viêt Nam)

La situation démographique du Viêt Nam (p. 621-652)

Evaluée à environ 13 millions d'habitants à l'aube du XXe siècle, la population vietnamienne a connu un premier doublement en à peine plus de 50 ans (27 millions d'habitants en 1955) et un second 25 ans plus tard (53 millions en 1980). Cette évolution rapide s'explique par le déclin progressif de la mortalité depuis le début du siècle - et ce en dépit d'une longue période de guerres meurtrières - qui, du fait de la stagnation de la natalité à un niveau élevé (plus de 40 pour 1 000 jusqu'aux années 70), a produit une accélération du rythme de croissance démographique. Les formidables densités atteintes dans certaines régions du pays (plus de 1000 habitants au kilomètre carré dans certaines zones rurales du Delta du Fleuve Rouge) ont alarmé le gouvernement vietnamien qui, dès le début des années 1960, a mis en place dans le nord une série de mesures pour encourager les femmes à limiter leur fécondité. La politique démographique s'est renforcée et étendue à l'ensemble du pays au lendemain de la réunification. Accompagnant un changement progressif des mentalités, elle a permis de réduire l'indice synthétique de fécondité de plus d'un tiers en moins d'une génération, cet indicateur se réduisant de plus de 6 à moins de 4 enfants par femme entre le début des années 1970 et la fin des années 1980. Cette période a, en outre, coïncidé avec une hémorragie de population fuyant le régime communiste, soit presque 2 millions de départs, principalement concentrés dans les années 1978-1981. La pyramide des âges et des sexes demeure très marquée par cette évolution démographique mais des projections récentes suggèrent que sa forme se régularisera progressivement dans les années à venir. (VIET NAM, CONJONCTURE DEMOGRAPHIQUE, BAISSE DE LA FECONDITE, BAISSE DE LA MORTALITE)

95.46.15 - français - Benoît HAUDIDIER

Évolution comparée de la mortalité en RFA et en France (1950-1989) (p. 653-688)

La République fédérale allemande et la France ont enregistré depuis la Seconde Guerre mondiale des rythmes d'accroissement de plus en plus rapprochés de leur espérance de vie à la naissance. Derrière ce parallélisme, se dissimulent néanmoins des différences importantes d'évolution de la mortalité selon l'âge. Par une double approche, transversale et longitudinale, l'auteur les analyse ici de manière approfondie. Après avoir mis à jour l'influence respective de l'histoire et du contexte extérieur, il fait ressortir une évolution relativement différenciée des types français et allemand de mortalité. Dans un second article, il analysera l'origine épidémiologique de cette différenciation. Au-delà de la comparaison entre ces deux pays, ce travail enrichit le débat sur le destin démographique des peuples européens engagés dans un mouvement d'uniformisation croissante des modes de vie et d'interpénétration grandissante des systèmes économiques. (FRANCE, ALLEMAGNE, BAISSE DE LA MORTALITE, ANALYSE COMPARATIVE)

95.46.16 - français - Christiane DELBÈS, Fondation Nationale de Gérontologie, 49 rue Mirabeau, 75016 Paris (France), et Joëlle GAYMU, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Le repli des anciens sur les loisirs domestiques. Effet d'âge ou de génération ? (p. 689-720)

D'une manière générale, ces 15 dernières années ont été marquées par une intensification des pratiques de loisir, les personnes âgées de 60 ans et plus ayant profité plus que les autres classes d'âge de cet essor. Malgré cette évolution, elles restent d'une part, bien souvent en retrait, ce qui peut sembler paradoxal vu la durée de leur temps libre, et d'autre part, préfèrent les activités pouvant être exercées à domicile. Mais, est-ce vraiment à l'âge que doivent être attribuées ces pratiques ? N'est-ce pas plutôt le résultat d'un effet de génération ? Effectivement, à l'âge où se prennent les habitudes, les anciens d'aujourd'hui consacraient l'essentiel de leur temps aux activités de production. Par ailleurs, l'intégration aux loisirs étant éminemment liée au cursus scolaire et à la localisation géographique, les personnes âgées cumulent les handicaps. De fait, si l'on suit des individus au fur et à mesure qu'ils vieillissent, on constate que l'avance en âge ne provoque pas un désengagement aussi fort que l'étude des pratiques culturelles, une année donnée, nous l'avait laissé supposer : dans l'ensemble, les retraités gardent à 70 ans les goûts et les préférences en matière de culture et de loisirs qu'ils avaient 15 ans plus tôt. Si donc les aînés sont moins présents dans de nombreux domaines, c'est aussi et parfois surtout parce qu'ils appartiennent à des générations différentes et, si "on vieillit comme on a vécu", demain plus encore qu'aujourd'hui, les personnes âgées participeront activement au monde des loisirs. (FRANCE, PERSONNE AGEE, LOISIR, CHANGEMENT CULTUREL)

JUILLET-OCTOBRE 1995 - 50e ANNEE, NUMERO 4-5

95.46.17 - français - Vladimir SHKOLNIKOV, Centre de démographie et d'écologie humaine, Moscou (Russie), France MESLE et Jacques VALLIN, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La crise sanitaire en Russie. I. Tendances récentes de l'espérance de vie et des causes de décès de 1970 à 1993 (p. 907-944)

Depuis le milieu des années 60, l'évolution de l'espérance de vie en Russie a nettement divergé de celle de la plupart des pays occidentaux. La vie moyenne a stagné pour les femmes et diminué pour les hommes jusqu'au début des années quatre-vingt. Une nette mais éphémère reprise des progrès a suivi la campagne antialcoolique mise en place par Gorbatchev en 1985. Depuis 1987, la baisse a repris pour les deux sexes et s'est même accélérée en 1993. La correction de la probable sous-estimation de la mortalité infantile ne remet pas en cause la tendance défavorable observée, qui est surtout liée à une augmentation de la mortalité aux âges adultes, notamment chez les hommes. Grâce à des données inédites sur les causes de décès, il a été possible de reconstituer des séries annuelles (1970-1993) de décès par cause classés dans les 185 rubriques de la Classification soviétique des causes de décès. Le poids de la hausse des maladies cardio-vasculaires, contre lesquelles le système de santé n'a pas su mettre en place des armes efficaces, est écrasant sur le long terme dans l'évolution défavorable de la mortalité. Les morts violentes ont été le principal moteur de la forte fluctuation de la fin des années 80. Enfin, la dégradation récente de 1993 touche l'ensemble des causes de décès et tient sans nul doute à la crise économique qui s'accompagne d'une désorganisation profonde du système sanitaire. (RUSSIE, HAUSSE DE LA MORTALITE, FACTEUR DE MORTALITE, CAUSE DE DECES)

95.46.18 - français - Vladimir SHKOLNIKOV, Centre de démographie et d'écologie humaine, Moscou (Russie), France MESLE et Jacques VALLIN, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La crise sanitaire en Russie. II. Évolution des causes de décès : comparaison avec la France et l'Angleterre (1970-1993) (p. 945-982)

Pour mieux comprendre l'évolution défavorable de la mortalité en Russie depuis les années 60, nous la comparons à celle observée dans deux pays occidentaux, la France et l'Angleterre, pour lesquels nous disposons également de séries continues de décès par cause. L'écart entre ces pays et la Russie s'est creusé essentiellement sous l'effet de l'évolution divergente de la mortalité cardio-vasculaire. Alors que depuis 1970, cette dernière a reculé en France et en Angleterre, elle a nettement augmenté en Russie. La divergence est particulièrement marquée pour la mortalité par maladies cérébro-vasculaires. La mortalité violente explique également une partie des différences. Son évolution est très liée en Russie à l'évolution de la consommation d'alcool. Elle a ainsi profondément baissé avec la campagne antialcoolique de Gorbatchev, puis s'est remise à la hausse dès 1987 au fur et à mesure que s'estompaient les effets de cette campagne. En 1993, la montée des morts violentes, et notamment celle des homicides, s'est encore accélérée. Certaines causes de décès sont toutefois moins défavorables à la Russie. Mise à part l'année 1993, les maladies infectieuses et les maladies respiratoires ont nettement régressé dans les dernières décennies. Le niveau de la mortalité cancéreuse, enfin, est à peu près égal aux niveaux français ou anglais chez les hommes et reste inférieur chez les femmes. Toutefois les tendances défavorables observées pour certaines localisations (poumon, sein, intestin) laissent présager que cette pathologie deviendra, dans les prochaines années, un facteur supplémentaire de dégradation. (RUSSIE, FRANCE, ANGLETERRE, TENDANCE DE LA MORTALITE, CAUSE DE DECES, ANALYSE COMPARATIVE)

95.46.19 - français - Pierre SURAULT, Université de Poitiers, Faculté de Sciences Economiques, IERS-URA CNRS 952, Poitiers (France)

Variations sur les variations du suicide en France (p. 983-1012)

Les variations dans le temps de la mortalité par suicide en France, de 1950 à 1990, recouvrent des évolutions différenciées selon le sexe et l'âge. L'approche transversale généralement privilégiée est complétée et enrichie ici par une approche longitudinale ; cela permet en particulier la mise en évidence de l'accroissement constant de la suicidité aux âges jeunes dans les générations nées après la Deuxième Guerre mondiale par rapport au comportement relativement homogène de celles nées auparavant. L'accroissement du suicide enregistré chez les jeunes dans les années 1960 s'est ensuite généralisé à tous les âges de 1976 au milieu des années 1980 où est intervenu un renversement de tendance significatif dans toutes les générations. La recherche explicative passe dans un premier temps par une discussion sur la mise en évidence possible d'effets de génération et d'effets de période, au-delà des effets d'âge bien connus. En particulier, la rupture paradoxale et mal connue du milieu des années 1980 paraît bien caractériser un effet de période. Les hypothèses retenues pouvant expliquer cette rupture se fondent, d'une part, sur une reconstitution du lien social et plus spécifiquement sur un renforcement du lien familial ou de parenté, "bousculé" depuis les années 1960, et, d'autre part, sur une adaptation progressive et en partie médicalisée, voire psychiatrisée pour les personnes les plus fragiles, aux nouvelles "donnes" sociales et économiques (chômage massif, précarité de l'emploi, marginalisation et exclusion quasi-institutionnalisées, inégalités sociales croissantes, exclusion précoce du monde du travail, etc.). (FRANCE, SUICIDE, JEUNESSE, TENDANCE DE LA MORTALITE)

95.46.20 - français - Sabrina PRATI, Universita La Sapienza, Rome (Italie)

Une méthode d'analyse et d'interprétation des risques concurrents de mortalité par cause (p. 1013-1031)

Pendant sa vie, chaque individu est exposé simultanément à de multiples risques de décès. Ces risques sont en concurrence dans la mesure où l'expression de l'un empêche les autres de se manifester. De nombreux modèles statistiques s'efforcent de traiter le problème, mais la plupart se fondent, par commodité, sur l'hypothèse d'indépendance entre les risques. Cette hypothèse est particulièrement difficile à justifier lorsque l'on s'intéresse à des processus pathologiques de nature chronique, fortement corrélés entre eux par des facteurs prédisposants. Dans de tels cas, une méthode plus satisfaisante consiste à introduire dans l'analyse des facteurs individuels (caractéristiques bio-physiologiques, modes de vie) dotés d'une importante valeur prédictive pour la mortalité générale ou certaines causes majeures de décès. On a appliqué un modèle logistique polytomique à des données individuelles résultant d'une observation longitudinale suivie. On a ainsi estimé pour chaque individu le vecteur des probabilités (un pour chacun des événements possibles) déterminées par le niveau des facteurs de risque dont l'individu est porteur. Ces probabilités permettent d'aborder de façon nouvelle divers problèmes typiques de la concurrence entre risques de décès. (METHODOLOGIE, MESURE DE LA MORTALITE, CAUSE DE DECES, MODELE STOCHASTIQUE)

95.46.21 - français - Alessandra BURGIO, Ministerio della Sanita, Rome (Italie), et Luisa FROVA, ISTAT, Servizio Sanita, Rome (Italie)

Projections de mortalité par cause de décès : extrapolation tendancielle ou modèle âge-période-cohorte (p. 1031-1052)

Un modèle âge-cohorte-période est utilisé pour projeter la mortalité par cause. Il est confronté à une méthode plus classique d'analyse des séries chronologiques, de type déterministe, fondée sur l'ajustement des données transversales par des fonctions analytiques. La méthode est appliquée à la mortalité en Italie au-delà de 60 ans ; les causes de décès retenues sont celles caractéristiques de ces âges : cancers et maladies cardio-vasculaires. On utilise les taux de mortalité par groupe quinquennal d'âge, sexe et cause de décès fournis par l'OMS pour la période 1951-1986. On a d'abord confronté à la réalité une projection pour la période 1971-1986 s'appuyant sur la connaissance de la mortalité des années 1951-1970. On a ensuite projeté la mortalité jusqu'en 2020 sur la base des taux de 1951-1986. Les résultats empiriques et les considérations théoriques permettent de mettre en lumière les forces et faiblesses des deux méthodes de projection. (ITALIE, MORTALITE, PROJECTION, CAUSE DE DECES, PERSONNE AGEE)

95.46.22 - français - Jacques HENRIPIN, Université de Montréal, Montréal, Québec H3C 3J7 (Canada)

Les cadeaux financiers des surféconds aux sous-féconds (p. 1053-1078)

Entre membres d'une génération plus et moins féconds, des transferts financiers se font indirectement, par le truchement des impôts et de certains services publics liés à l'âge : enseignement, santé et pensions en particulier. Les moins féconds "subventionnent" les plus féconds en contribuant aux coûts de l'enseignement ; en revanche, les plus féconds fournissent les futurs contribuables qui alimenteront les budgets de la santé et des systèmes de pensions fondés sur le principe de répartition. La composition par âge joue ici un rôle primordial dont l'auteur estime l'effet à l'aide de modèles de populations stables. Lorsqu'elles sont relativement vieillies, les transferts nets se font en faveur des hypoféconds et sont substantiels, surtout pour ceux et celles dont les descendances s'éloignent de la moyenne. Si des compensations financières, sous forme d'allocations familiales par exemple, étaient établies en fonction des "cadeaux" que font les plus féconds aux autres, elles seraient du même ordre de grandeur que les avantages financiers que dispensent déjà des pays comme la France, mais les différences seraient plus marquées suivant la taille des familles. (DEMOGRAPHIE ECONOMIQUE, FECONDITE DIFFERENTIELLE, FINANCEMENT)

95.46.23 - français - Laurent TOULEMON, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

Très peu de couples restent volontairement sans enfant (p. 1079-1110)

L'infécondité définitive augmente dans les années récentes, mais beaucoup moins que dans d'autres pays européens. En France, la proportion de femmes restant sans enfant a baissé (de 25 % à 11 %), des générations nées en 1900 à celles nées en 1940. Pour les femmes nées entre 1935 et 1950,seuls 4 % des couples n'ont jamais voulu d'enfant, et autant sont restés sans enfant à la suite de problème de stérilité. Pour les générations récentes, la proportion de femmes sans enfant va augmenter, principalement en raison de la " redécouverte " par les couples de la possibilité de n'avoir aucun enfant, mais également à cause de difficultés auxquelles seront confrontés de plus en plus de couples qui auront retardé le moment à partir duquel ils essaient d'avoir leur premier enfant. (FRANCE, INFECONDITE, ANALYSE PAR COHORTE, TENDANCE)

95.46.24 - français - Evelyne LAPIERRE-ADAMCYK, Karen LEHRHAUPT, Département de Démographie, Université de Montréal, Montréal, Québec H3C 3J7 (Canada), et Céline LE BOURDAIS, INRS-Urbanisation, Institut National de la Recherche Scientifique, Montréal, QC (Canada)

Les départs du foyer parental des jeunes Canadiens nés entre 1921 et 1960 (p. 1111-1136)

A l'aide de données rétrospectives provenant de l'Enquête sociale générale de 1990 réalisée par Statistique Canada, les auteurs examinent le départ du foyer parental des jeunes Canadiens nés entre 1921 et 1960. On met d'abord en évidence la baisse de l'âge au départ chez ceux qui sont devenus adultes après la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, grâce à la méthode de l'analyse des transitions, on montre que le calendrier du départ des hommes et des femmes réagit souvent différemment à un même stimulus démographique ou socioculturel. Ainsi, on observe chez les femmes un effet spécifique de la génération, des liens avec la famille d'origine et de la scolarité ; par contre, le contexte économique semble influencer davantage les hommes. Finalement, ces distinctions sont nettement moins marquées lorsque les départs sont liés à la formation d'une union. (CANADA, JEUNESSE, DEPART, CYCLE FAMILIAL)

95.46.25 - français - Bernard ZARCA, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

L'héritage et la mobilité sociale au sein de la fratrie. II. L'activité professionnelle et la mobilité sociale différentielles des soeurs (p. 1137-1154)

Dans la première partie de cet article, l'auteur a mis en évidence le phénomène de complémentarité de l'héritage et de la forme de mobilité sociale des frères, en dépit de la hiérarchie qui existe entre ces derniers à l'avantage de l'aîné, de même que celle du célibat et de l'homogamie. Celle-ci s'associe à l'héritage pour contribuer à la reproduction des classes sociales au niveau familial. Et la mobilité sociale ascendante ou descendante concerne des familles plus que des individus. Dans cette deuxième partie, il focalise l'analyse sur les destins matrimoniaux, professionnels et sociaux des s¦urs dont il montre également la complémentarité. Notamment, à la complémentarité de l'héritage de la position socioprofessionnelle du père par les frères correspond la complémentarité de l'héritage de l'activité professionnelle de la mère par les s¦urs ; l'activité d'une s¦ur est rendue plus probable par la mobilité sociale d'un frère. La généralité du phénomène de complémentarité montre que la médiation familiale est une médiation-clé dans la reproduction des classes sociales. (FRATRIE, HERITAGE, MOBILITE SOCIALE)

95.46.26 - français - Saeed PAIVANDI, CRIPPE, Sciences de l'Education, Université Paris-VIII, Paris (France)

L'analyse démographique de l'analphabétisme en Iran (p. 1153-1184)

L'Iran connaît, depuis 1985, un succès remarquable dans le domaine de l'alphabétisation des adultes : 12 millions d'inscrits dans les différents cours d'alphabétisation au cours des 12 dernières années, le taux d'alphabétisme a progessé de 12 points durant 5 ans ; et le nombre d'analphabètes a diminué d'une façon significative pour la première fois depuis qu'on dispose de données sur le niveau d'instruction de la population (11,9 millions en 1991 contre 14,8 en 1986). Ces efforts impressionnants sont consentis dans un contexte bien particulier : le contenu très idéologique (islamique) de l'enseignement en général et de la campagne d'alphabétisation en particulier (le contenu des manuels ainsi que les enseignants soigneusement sélectionnés). L'objet de l'article est d'analyser le sens des évolutions récentes en mettant l'accent sur l'atténuation des inégalités considérables qui existent depuis des décennies entre les régions centrales et périphériques, entre le milieu rural et le milieu urbain, entre les femmes et les hommes. Les méthodes quantitatives d'analyse de données ainsi que la représentation graphique ont été utilisées pour mettre en relation la densité de la population alphabétisée avec un ensemble d'indicateurs socio-économiques. Cette analyse conduit à évoquer une série de questions sociologiques concernant la situation actuelle de la société iranienne. Enfin, l'article s'interroge sur l'impact de l'éducation sur le comportement démographique de la population et les femmes en particulier. (IRAN, ALPHABETISATION, DIFFERENTIEL SOCIO-ECONOMIQUE)


Retour à la page d'accueil