ESPACE-POPULATIONS-SOCIETES

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France (Lille) 01

ESPACE-POPULATIONS-SOCIETES

1997 - NUMERO 1

Les populations du monde arabe

97.01.1 - français - Youssef COURBAGE, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La démographie en rive sud de la Méditerranée au XXIe siècle (p. 11-26)

Le discours alarmiste sur la croissance démographique au sud de la Méditerranée semble s'être légèrement atténué. Néanmoins, les projections démographiques des Nations Unies, réalisées loin du terrain, avec des données souvent obsolètes et à l'aide d'une méthode globalisante, ne contribuent pas toujours à calmer le débat. Cet article revoit ces projections à l'aide d'une méthodologie plus fine et une présentation des derniers développements sur la scène démographique locale. Sauf pour l'Egypte, le ralentissement est saisissant pour les grands pays de la rive sud : Maroc, Algérie, Tunisie, Syrie et Turquie, ainsi parfois que pour les petits pays : Libye, Liban, Israël, Palestine. Quoique souvent ignorées, les implications de ce renouvellement démographique sont analysées en termes de course entre population et ressources, d'offre et de demande de main-d'oeuvre, d'extension d'un marché commun au sud, de géopolitique. (AFRIQUE DU NORD, ASIE OCCIDENTALE, PROJECTION DE POPULATION, DEMOGRAPHIE ECONOMIQUE)

97.01.2 - français - André BOURGEY, Institut National des Langues et Civilisations Orientales, 2, rue de Lille, 75343 Paris Cedex 07 (France)

Réflexions sur les flux migratoires au Moyen-Orient (p. 27-34)

Des facteurs géopolitiques, et surtout les revenus du pétrole, ont induit depuis 1945 au Moyen-Orient des flux migratoires dont il est difficile de mesurer l'ampleur. Depuis la fin des années soixante-dix, on assiste au remplacement de l'immigration individuelle de travailleurs arabes par des filières d'immigration asiatiques avec des vagues successives d'origine de plus en plus éloignée. Les migrations internationales de travail sont un des facteurs essentiels de changement social dans les pays émetteurs, où leur bilan économique est discutable. De même, elles ont des répercussions géographiques importantes sur les pays d'accueil. (ASIE OCCIDENTALE, MIGRATION INTERNATIONALE, MIGRATION DE TRAVAIL)

97.01.3 - français - Galila El KADI, ORSTOM, Centre de Recherche d'Ile-de-France, 32, rue Henri Varagnat, 93143 Bondy Cedex (France)

Qualité de vie et habitat précaire dans quelques pays du monde arabe (p. 35-47)

Les deux notions de qualité de vie et de précarité sont deux notions opposées. La qualité de vie renvoie au bien-être de l'individu, à son confort, à sa sécurité, alors que la précarité se traduit par la fragilité, l'exclusion, voire même la négation de la personne humaine. Si ces deux notions s'excluent mutuellement, l'une sert paradoxalement à éclairer l'autre. En effet, la place qu'occupe la question de la qualité de vie dans les villes du monde arabe nous est révélée de manière significative par celle qui est accordée à la question de l'habitat précaire.

En nous basant sur cinq contributions présentées au Congrès régional de la population (Le Caire, 8-12 décembre 1996), qui portaient sur les cas du Maghreb, du Maroc, de l'Egypte, du Yémen et de la Jordanie, nous allons au préalable nous interroger sur les notions et leur contenu ; nous allons ensuite tenter d'établir un état des lieux et d'élucider les mécanismes générateurs de différentes formes de précarité ; nous examinerons enfin les actions engagées pour améliorer la qualité de vie afin d'en souligner les acquis et les contraintes. (AFRIQUE DU NORD, ASIE OCCIDENTALE, QUALITE DE LA VIE, HABITAT, PAUVRETE)

97.01.4 - français - Marc LAVERGNE, Laboratoire URBAMA, CNRS/Université de Tours, BP 2221, 37021 Tours Cedex (France)

La violence d'Etat comme mode de régulation de la croissance urbaine. Le cas de Khartoum (Soudan) (p. 49-64)

Khartoum, capitale du Soudan, a vu sa population tripler en 20 ans. L'agglomération dépasse aujourd'hui 4,5 millions d'habitants. Ses périphéries ont en effet été envahies par les migrants venus de tout le pays, victimes de la sécheresse, de la famine ou des guerres civiles. Le régime militaro-islamiste en place depuis 1989 a adopté une politique de régulation autoritaire de ces afflux, intégrée dans un nouveau schéma d'aménagement de la capitale. Sous couvert d'hygiène publique et de protection du caractère urbain de la ville, cette politique repose en fait sur le cantonnement et l'éviction des immigrants ni musulmans, ni arabisés en provenance du Sud.

D'autre part, pour réduire la congestion du centre-ville, une politique de déconcentration administrative et sociale est mise en oeuvre au niveau du quartier. Les autres projets concernant l'amélioration des infrastructures et la fondation de villes-satellites pour absorber l'exode rural près des zones d'activités à distance de la ville, sont victimes de l'absence de moyens financiers.

Au total, la politique de l'Etat soudanais à l'égard de Karthoum ne comporte pas de dimension proprement islamique ; elle manifeste surtout des préoccupations d'ordre sécuritaire et une vision de la " fabrique " urbaine à l'opposé de son rôle de creuset humain et culturel de la Nation. (SOUDAN, CAPITALE, MIGRATION RURALE-URBAINE, POLITIQUE MIGRATOIRE, AMENAGEMENT URBAIN, DISCRIMINATION)

97.01.5 - français - Katia HADDAD, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université de Saint-Joseph, Beyrouth (Liban)

Anatomie de la francophonie libanaise ou les visages linguistiques du Liban (p. 65-72)

Une enquête statistique portant sur la situation des langues autres que l'arabe, et plus particulièrement le français et l'anglais, a été entreprise par l'Université Saint-Joseph, Beyrouth, malgré le contexte délicat qui prévaut dans ce pays et malgré l'absence de toute donnée démographique postérieure à 1932. Les enjeux de cette enquête dont les auteurs sont Sélim Abou, Choghig Kasparian et Katia Haddad, étaient importants, tant pour le Liban que pour la francophonie en général. Les résultats en ont paru en juin 1996 sous le titre Anatomie de la francophonie libanaise. Ils révèlent une importante avancée quantitative et qualitative de la connaissance du français écrit et oral chez la population adulte (âgée de plus de quinze ans) libanaise, démentant ainsi toutes les affirmations approximatives et plus ou moins idéologisées concernant un recul du français. Ils montrent aussi que cette avancée est commune, à des degrés divers, à toutes les communautés religieuses qui constituent l'édifice libanais, et à toutes les catégories socio-économiques. Mais ils montrent aussi la persistance d'importantes disparités régionales et une progression, dans des proportions quasiment identiques, de l'anglais. (LIBAN, LANGUE USUELLE, DEVELOPPEMENT CULTUREL)

97.01.6 - français - Jean-François PEROUSE, Université de Toulouse-Le Mirail, UFR de Géographie, 5, allées Antonio Machado, 31058 Toulouse Cedex (France)

Les Kurdes de Syrie et d'Irak : dénégation, déplacements et éclatement (p. 73-84)

La Syrie et l'Irak possèdent chacune, à leurs périphéries, des portions de l'ensemble trans-étatique qu'est le Kurdistan et des populations kurdes (à l'intérieur et hors de ces " bastions "), estimées à plus de quatre millions d'individus, mais mal connues et peu reconnues dans leurs droits et identité par les Etats centraux. Ces populations sont sujettes à diverses formes de mobilité (exil, déplacements forcés, exode rural... ) et habitent de moins en moins dans les " bastions " traditionnels. En outre, elles se tertiairisent et s'internationalisent. (SYRIE, IRAK, MINORITE ETHNIQUE, MIGRATION FORCEE, MOBILITE GEOGRAPHIQUE)

1997 - NUMERO 2-3

Les populations du monde indien

97.01.7 - français - Jacques VERON, INED, 27 rue du Commandeur, 75675 Paris Cedex 14 (France)

La transition démographique en Inde (p. 135-144)

Bien que premier pays à avoir mis en place une politique de limitation des naissances, l'Inde a conservé pendant longtemps une fécondité élevée. Avec une fécondité du moment un peu supérieure à 3 enfants par femme, l'Union indienne se situe au voisinage de la fécondité moyenne à l'échelle du monde. La baisse de la fécondité se généralise - l'indice conjoncturel de fécondité diminue dans tous les Etats - mais les contrastes régionaux demeurent entre Inde du Nord et du Sud. Ils peuvent être très marqués : inférieure à 2 enfants par femme au Kerala, la fécondité avoisine 5 enfants par femme en Uttar Pradesh. L'inégale alphabétisation des femmes " explique " largement les disparités régionales. (INDE, TRANSITION DEMOGRAPHIQUE, BAISSE DE LA FECONDITE, REPARTITION GEOGRAPHIQUE)

97.01.8 - français - Christophe Z. GUILMOTO, French Institute PB 33, 11 Saint-Louis Str., Pondicherry 605001 (Inde)

La géographie de la fécondité en Inde (1981-1991) (p. 145-159)

La fécondité est considérée dans cet article plus comme un phénomène social que comme un phénomène démographique. Les changements de comportement reproductif sont pour cette raison assimilés à une innovation sociale qui se propage le long de certains canaux culturels et sociaux. Du fait de cette diffusion irrégulière, la structure spatiale de la fécondité dans l'Inde contemporaine est devenue extrêmement hétérogène. Alors qu'en certaines régions, la fécondité est restée stable durant les vingt dernières années, les transformations ont été radicales ailleurs. Dans certaines zones, principalement en Inde du Sud et le long de la côte occidentale, la fécondité ne tardera pas à atteindre des valeurs en dessous du niveau de remplacement. (INDE, BAISSE DE LA FECONDITE, REPARTITION GEOGRAPHIQUE)

97.01.9 - anglais - P. J. ATKINS, J. G. TOWNSEND, S. RAJU et N. KUMAR, University of Durham, Department of Geography, South Road, Durham DH1 3LE (R.-U.)

Une géographie du sex-ratio en Inde (A geography of the sex ratio in India) (p. 161-171)

Au recensement de 1991, l'Inde enregistrait 927 femmes pour 1000 hommes. Ce sex ratio présente une des plus faibles proportions de femmes au monde. Notre article vise à expliquer ce déséquilibre à partir de recherches comparatives entre les régions, mais aussi à partir de comparaisons villes-campagnes et entre castes et ethnies. (INDE, RAPPORT DE MASCULINITE, ANALYSE COMPARATIVE)

97.01.10 - français - Frédéric LANDY, Département de Géographie, Université de Paris X, 200, avenue de la République, 92001 Nanterre Cedex (France), et Jean-Luc RACINE, Centre d'Etudes de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS), EHESS, 54, bd Raspail, 75270 Paris Cedex 06 (France)

Croissance urbaine et enracinement villageois en Inde (p. 173-184)

Que l'Inde abrite désormais 220 millions de citadins ne saurait occulter le caractère encore rural du pays, puisque ses campagnes abritent 74 % de la population. Plutôt que d'insister par trop sur l'exode rural en évoquant les modes indiens d'urbanisation, on s'attarde ici sur les autres stratégies de mobilité mises en oeuvre par les ruraux, ainsi que sur l'enracinement villageois qui garde sa force. On tente finalement de proposer quelques facteurs explicatifs de la relative faiblesse de l'urbanisation, faiblesse qui est propre à bien des pays d'Asie. (INDE, URBANISATION, MOBILITE GEOGRAPHIQUE, POPULATION RURALE)

97.01.11 - français - Hélène GUETAT-BERNARD, Dynamiques rurales, Université de Toulouse-Le Mirail, UFR de Géographie-Aménagement, 5, allées Antonio Machado, 31058 Toulouse Cedex (France)

Diversification des activités économiques en Inde rurale : des tendances contrastées (p. 185-192)

En considérant uniquement le nombre d'actifs ruraux qui dépendent de revenus non agricoles tirés d'une activité principale, l'Inde est, avec seulement un tiers des actifs concernés, l'un des pays d'Asie les moins bien placés. Cependant cette proportion ne traduit pas l'extrême hétérogénéité des situations locales et ne rend pas compte de l'importance de ce secteur d'emplois comme source de revenus secondaires. Les raisons à l'origine de cette diversification relative des activités rurales, qui débute dans les années 1970, sont controversées. Dynamiques de croissance ou phénomène de crise ? Les réponses ne sont pas généralisables à l'échelle de l'Inde, d'autant que, dans un même lieu, plusieurs dynamiques sont à l'oeuvre selon le type d'activité. (INDE, MILIEU RURAL, POPULATION ACTIVE, RESSOURCES ECONOMIQUES)

97.01.12 - anglais - Graham P. CHAPMAN, Department of Geography, Lancaster University, LA1 4YB Lancaster (R.-U.), et Pushpa PATHAK, National Institute of Urban Affairs, New Delhi (Inde)

Urbanisation et caractéristiques majeures des grandes villes indiennes au recensement de 1991 (Indian urbanisation and the characteristics of large Indian cities revealed in the 1991 census) (p. 193-210)

Cet article fait suite aux analyses de la croissance urbaine indienne dans les décennies 1961-71, 1971-81. Il porte sur les modalités de l'urbanisation relevées par le recensement de 1991. Celui-ci a, pour la première fois, fourni des données pour les 446 districts de l'Inde en distinguant leur partie urbaine de leur partie rurale, ainsi que pour les quelque 300 grandes villes de plus de 100 000 habitants. Grâce à cela, il a été possible d'établir des corrélations, non seulement entre les caractéristiques des 300 grandes villes, mais aussi entre ces villes et leur contexte local. Une des principales conclusions est qu'au-delà des incontournables différences entre zones urbaines et rurales dans toutes les régions de l'Inde, les caractéristiques des villes, à de rares exceptions près, sont étroitement corrélées avec celles de leur environnement local, tant celui des campagnes que celui des petites villes. (INDE, URBANISATION, VILLE)

97.01.13 - français - Odette VAGUET, Université de Rouen, Département de Géographie, 76821 Mont-Saint-Aignan Cedex (France)

Ville indienne, ville hindoue ? Facteurs et processus de ségrégation spatiale (p. 211-224)

Les villes indiennes sont à la fois expression des invariants d'un urbain universel et de la spécificité culturelle hindoue. En Inde, l'organisation socio-spatiale urbaine témoigne des inégalités visibles dans toute ville du Tiers Monde et les critères socio-économiques semblent battre en brèche les logiques traditionnelles. Néanmoins, la caste, pourtant abolie en Union indienne depuis 1950, conserve un rôle important dans l'organisation des villes, même si les quartiers récents sont de moins en moins mono-castes. Des exemples précis soulignent la complexité du phénomène, combinaison de traditions culturelles et de dynamiques économiques. (INDE, URBANISATION, CASTE, SEGREGATION, SOCIOLOGIE URBAINE)

97.01.14 - français - Véronique DUPONT, ORSTOM, Département "Sociétés, urbanisation, développement", 213, rue La Fayette, 75480 Paris Cedex 10 (France)

Les " rurbains " de Delhi (p. 225-240)

Le développement rapide de Delhi et de son aire métropolitaine offre des exemples éloquents d'intégration physique et/ou fonctionnelle entre espaces urbains et ruraux : l'établissement de quartiers résidentiels de haut standing dans les zones rurales périphériques ; la création d'une ville satellite par annexion des terres agricoles des villages existants ; la constitution par les migrants d'origine rurale d'espaces de vie incluant métropole et village natal, illustrée ici avec le cas des populations sans logis. (INDE, METROPOLE, URBANISATION, SOCIOLOGIE URBAINE, MIGRATION RURALE-URBAINE)

97.01.15 - français - Eric LECLERC, Université de Rouen, Département de Géographie, 76821 Mont-Saint-Aignan Cedex (France)

Aux racines de l'urbanisation : les nouvelles petites villes en Andhra Pradesh (exemple du delta de la Krishna, Inde du Sud) (p. 241-252)

La crise urbaine focalise l'attention des chercheurs et des aménageurs sur les grandes métropoles. Ils considèrent, en s'appuyant sur les données du recensement, que corrélativement les petites villes déclinent. Les résultats de nos recherches en Andhra côtier montrent au contraire le dynamisme des petites villes et l'émergence de nouvelles villes qui, même si elles n'en ont pas officiellement le titre, sont en mesure d'animer leur arrière-pays rural et de susciter des flux de main-d'oeuvre descendants. (INDE, PETITE VILLE, URBANISATION, VILLE NOUVELLE)

97.01.16 - français - Emmanuel ELIOT, Université de Rouen, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, 76821 Mont-Saint-Aignan Cedex (France)

La diffusion du VIH à Bombay (p. 253-264)

Au sein de l'Asie, l'Union indienne apparaît comme l'un des Etats les plus contaminés par le Virus d'Immuno-déficience Humaine (VIH). Les données sérologiques gouvernementales révèlent cependant un problème chronique de sous-enregistrement. Pour pallier ces lacunes, une collecte a été réalisée dans l'une des villes les plus touchées par l'épidémie : Bombay. L'étude à différentes échelles des informations recueillies traduit une inégalité de la diffusion du VIH dans les différents quartiers de la métropole. Des lieux " pathogènes " depuis des décennies semblent en effet avoir été les premiers contaminés par le virus. L'analyse intra-urbaine des quartiers de la prostitution (Kamathipura) reflète en outre une contamination des populations liée à l'accessibilité et à des facteurs culturels. Le gouvernement hindou extrémiste de l'Etat a, quant à lui, réagi par des pratiques ségrégatives vis-à-vis des populations infectées qui risquent d'engendrer de fortes tensions. (INDE, METROPOLE, SIDA, RASSEMBLEMENT DES DONNEES, PROSTITUTION, POLITIQUE GOUVERNEMENTALE)

97.01.17 - français - Florence RIOUHEY, Université de Rouen, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, 76821 Mont-Saint-Aignan Cedex (France)

L'émergence de nouveaux réseaux de soins en Inde. Hyderabad, un centre d'innovation (p. 265-278)

Depuis le début des années quatre-vingt-dix, un nouveau type d'infrastructure de soins se développe dans les métropoles indiennes. La croissance non contrôlée des unités de soins privées, celle de la classe moyenne et le nouveau contexte économique et politique ont contribué à l'émergence d'un secteur privé de luxe. Selon leur stratégie et leur origine respectives, ces centres de soins ont adopté différentes logiques d'organisation et de diffusion spatiale. Le système hospitalier privé prend aujourd'hui le relais d'un secteur public à l'abandon ; une médecine à deux vitesses isole de plus en plus les populations économiquement les plus défavorisées. (INDE, METROPOLE, EQUIPEMENT SANITAIRE, MEDECINE PRIVEE, DISCRIMINATION)

97.01.18 - français - Jackie ASSAYAG, Institut Français de Pondichéry, Department of Social Sciences, 11, St. Louis Street, BP 33, 605 001 Pondichéry (Inde) ; Centre d'Etudes de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS), EHESS, 54, bd Raspail, 75270 Paris Cedex 06 (France)

La politique du nombre. Etat, statistiques et minorités en Inde (Karnataka) (p. 279-288)

Depuis l'indépendance (1947), l'Inde exemplifie comment s'est articulée l'exigence maintenue d'une égalité de droit avec la volonté d'en compenser le formalisme contre-productif par une justice distributive, et ce dans le cadre d'une société démocratique qui se caractérise par le pluralisme. C'est à cet objectif que répondent les State Minority Commissions, notamment celle du Karnataka qui a diligenté un rapport sur les minorités en 1995. Ce qui fait l'intérêt mais aussi la faiblesse de ce rapport, dont on discute le modus operandi statistique, c'est d'avoir travaillé sur la base des catégories religieuses héritées des opérations de classement du colonialisme britannique, lui-même inspiré par l'orientalisme. Aujourd'hui ces conventions, c'est-à-dire les normes et les mesures qui en seront issues, sont le fruit institutionnalisé de transactions entre tous les partenaires sociaux de l'Etat régional et central. La possibilité de mettre en place une Commission d'Etat pour les minorités dans un régime démocratique passe donc finalement par la reconnaissance et l'acceptation des réalités et des conceptions locales de l'organisation sociale. (INDE, DEMOCRATIE, MINORITE ETHNIQUE, ORGANISATION SOCIALE, STATISTIQUES SOCIALE)

97.01.19 - français - Gilles BOQUERAT, 48, avenue de la Division Leclerc, 92320 Châtillon (France)

Les flux de réfugiés en Inde (p. 289-300)

L'Inde, depuis cinquante ans, a eu à de multiples reprises l'occasion d'accueillir sur son sol des réfugiés. La position gouvernementale à leur égard a évolué au fil du temps. Au lendemain de la Partition, l'accueil des populations hindoues et sikhs venant du Pakistan fut d'autant moins contesté que l'exode semblait stigmatiser les débordements auxquels conduisait inévitablement un Etat religieux par opposition au modèle laïc indien. A la fin des années cinquante, les Tibétains réfugiés personnifiaient la perfidie de la Chine communiste, dont les Indiens se sentaient également victimes. Par contre, c'est presque à contrecoeur que l'Inde accueillit les membres de la communauté indienne de Birmanie et du Sri Lanka. A partir du début des années soixante-dix, les réfugiés vont davantage être considérés comme un facteur potentiel de déstabilisation, que ce soit en aiguisant les tensions ethniques, en entrant en concurrence avec les populations locales pour l'accès à des produits de première nécessité ou à des infrastructures publiques, voire même en faisant peser des menaces sur le maintien de l'ordre public. Dès lors la politique gouvernementale, une fois les objectifs stratégiques imbriqués remplis, fut surtout d'oeuvrer au retour de ces réfugiés dans leur pays d'origine. (INDE, REFUGIE, POLITIQUE GOUVERNEMENTALE)


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