JOURNAL OF FAMILY HISTORY

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America (Newark, Delaware) 12

JOURNAL OF FAMILY HISTORY

JANVIER 1996 - VOLUME 21, NUMERO 1

97.12.1 - anglais - John CASHMERE, La Trobe University, Melbourne (Australie)

Les soeurs en ménage : les femmes sans homme dans la culture villageoise française du dix-septième siècle (Sisters together: Women without men in seventeenth-century French village culture) (p. 44-62)

On pense souvent que l'institution familiale, avec tout ce qu'elle impliquait en termes de pouvoir patriarcal, de mode d'établissement et de coutumes successorales, enfermait les femmes dans les communautés villageoises. L'auteur entreprend d'examiner si des ménages à noyau féminin, basés sur un lien entre deux soeurs, ont pu exister en France au dix-septième siècle, si ces ménages étaient libres de toute suzeraineté masculine et dans quelle mesure ils ont pu se maintenir dans les communautés villageoises avec l'appui des réseaux féminins agissant dans le cadre des réunions de filage à la veillée. Il analyse en détail des textes qui décrivent une querelle judiciaire autour d'un incendie en Normandie vers la fin du dix-septième siècle, et examine les cheminements complexes par lesquels les voix masculines, dans ces textes, représentaient la vie des villageoises impliquées. (FRANCE, HISTOIRE, COMPOSITION DU MENAGE, CONDITION FEMININE, SOEUR)

97.12.2 - anglais - Jeffrey R. WATT, University of Mississippi (E.-U.)

La famille, l'amour et le suicide à Genève au début des temps modernes (The family, love, and suicide in early modern Geneva) (p. 63-86)

L'analyse des procès criminels et des registres de décès genevois du début des temps modernes révèle une explosion des suicides après 1750. De nouvelles attitudes à l'égard des fréquentations amoureuses, du mariage et de la famille ont contribué à cette flambée extraordinaire, car des nombres jamais atteints auparavant de personnes se sont donné la mort pour des raisons familiales telles que la rupture d'un mariage, des amours malheureuses ou le décès d'un proche. La vogue croissante du mariage d'amour a joué un rôle essentiel dans cette évolution. Après 1750, le mariage, plus encore que la fécondité, a eu un effet protecteur contre le suicide, puisque les personnes mariées sont sous-représentées parmi les suicidés. Bien que les hommes soient nettement plus nombreux que les femmes à se donner la mort, l'engouement pour les sentiments conjugaux transcendait le clivage des sexes et des classes sociales. (SUISSE, HISTOIRE, SUICIDE, MARIAGE, SYSTEME DE VALEURS)

97.12.3 - anglais - Barray REAY, University of Auckland (Nouvelle-Zélande)

Parents et voisins dans l'Angleterre rurale du dix-neuvième siècle : le mythe de la famille nucléaire autonome (Kinship and the neighborhood in nineteenth-century rural England: The myth of the autonomous nuclear family) (p. 87-104)

Dans le domaine de l'histoire de la famille en Angleterre, il existe un lieu commun qui a envahi les analyses de la société du dix-neuvième siècle pour devenir rapidement un dogme sociologique, c'est celui qui affirme le caractère central de ce que l'on a appelé la famille nucléaire autonome. Dans cette ligne d'interprétation, la famille nucléaire domine les structures du ménage, les liens de parenté sont lâches et c'est la communauté locale, plutôt que la famille ou la parenté, qui est la principale source de secours pour les segments les plus fragiles de la société. L'auteur, utilisant la technique de la reconstitution complète des familles, examine le rôle de la parenté dans trois villages contigus du Kent au dix-neuvième siècle, afin de remettre en question certains de ces dogmes. Il montre que le ménage constitué pendant une certaine période d'une famille étendue est aussi fréquent que celui qui n'a jamais connu qu'une structure familiale simple. Il montre aussi que, dans un périmètre étroit, les liens de parenté étaient forts. Toute distinction entre la parenté et le voisinage aurait été dénuée de signification dans ces paroisses rurales où les apparentés partageaient le même espace. (ANGLETERRE, HISTOIRE, FAMILLE ETENDUE, FAMILLE NUCLEAIRE, PARENTE, COLLECTIVITE)

AVRIL 1996 - VOLUME 21, NUMERO 2

97.12.4 - anglais - Muriel NAZZARI, Department of History, Indiana University (E.-U.)

Le concubinage au Brésil à l'époque coloniale : inégalités selon la race, la classe sociale et le sexe (Concubinage in colonial Brazil: The inequalities of race, class, and gender) (p. 107-124)

La société coloniale exigeant que le mariage soit strictement endogame, la seule forme de relation sexuelle et affective durable entre un homme de statut supérieur et une femme de statut inférieur (en termes de race et de classe sociale) était le concubinage. L'auteur s'attache à décrire ces inégalités, surtout raciales, dans la pratique du concubinage et démontre que, à côté de la haute valeur qu'elle reconnaissait au mariage, l'Eglise souscrivait aussi à la norme de l'endogamie. Donc, face à des partenaires de statut social très inégal, l'Eglise ne les obligeait pas à se marier, mais au contraire essayait de les séparer. (BRÉSIL, HISTOIRE, UNION CONSENSUELLE, ENDOGAMIE, DISCRIMINATION RACIALE, INSTITUTION RELIGIEUSE)

97.12.5 - anglais - Charlotte NEFF, Department of Law and Justice, Laurentian University, Ontario (Canada)

La mise en apprentissage des enfants pauvres en Ontario au début du dix-neuvième siècle (Pauper apprenticeship in early nineteenth century Ontario) (p. 144-171)

Le premier mécanisme structuré de prise en charge du problème des enfants orphelins et abandonnés en Ontario avant la Confédération était la mise en apprentissage. Cette forme légalement reconnue de placement des enfants, dérivée de la législation sociale anglaise (poor law), fut intégrée à la législation provinciale de 1799 et, plus en détail, à celle de 1851, ainsi qu'à un règlement municipal de Toronto de 1846 - bien que l'Ontario ait rejeté la poor law anglaise. Les contrats d'apprentissage qui ont été conservés et les archives judiciaires indiquent que les gens connaissaient bien cette législation et y avaient recours. A côté de sa pratique individuelle, la mise en apprentissage des jeunes indigents fut appliquée dès les années 1830 par des organismes qui s'occupaient d'introduire au Canada des enfants pauvres anglais, et par des organismes d'assistance aux immigrés orphelins. Les placements familiaux, y compris la mise en apprentissage, furent aussi largement pratiqués par les foyers pour enfants à partir du milieu du siècle, même dans le cas de très jeunes enfants. La mise en apprentissage des petits indigents s'avère donc être un élément très important de l'histoire de l'assistance aux enfants sans famille. (CANADA, PROVINCE, HISTOIRE, ENFANT ABANDONNE, ORPHELIN, APPRENTI, AIDE A L'ENFANCE)

JUILLET 1996 - VOLUME 21, NUMERO 3

97.12.6 - anglais - Lynn ABRAMS, University of Glasgow (R.-U.)

Putains et coureurs de jupons : la régulation de la sexualité et la restauration de l'ordre lors des procédures de divorce en Allemagne au dix-neuvième siècle (Whores, whore-chasers, and swine: The regulation of sexuality and the restoration of order in the nineteenth century German divorce court) (p. 267-280)

L'auteur avance que, dans une société qui connaissait des bouleversements économiques et politiques, le mariage, et particulièrement le langage utilisé pour parler de l'échec conjugal, était en première ligne des efforts visant à renforcer l'idée d'une répartition équilibrée des rôles et des pouvoirs entre hommes et femmes. L'analyse des dépositions faites lors de procédures de divorce devant un tribunal de la province prussienne du Rhin entre 1814 et 1871 démontre que l'organisation sociale dépendait de certains clivages en matière de sexualité et de production, qui, à leur tour, étaient la clé de la stabilité conjugale. Les couples qui ont comparu pour demander le divorce illustrent la manière dont les relations entre mari et femme étaient sujet de négociations et de disputes autour de ces deux pôles, et comment les abus de langage et la violence étaient utilisés pour réaffirmer, ou ébranler, les rapports de pouvoir et d'autorité au sein du mariage. (ALLEMAGNE, HISTOIRE, RELATIONS ENTRE EPOUX, DIVORCE, VIOLENCE)

97.12.7 - anglais - Gordon A. CARMICHAEL, Research School of Social Sciences, Australian National University (Australie)

Des maisons de perdition à la semi-respectabilité des banlieues : deux siècles de grossesses illégitimes en Australie (From floating brothels to suburban semirespectability: Two centuries of nonmarital pregnancy in Australia) (p. 281-315)

La révolution sexuelle qui, au cours des années 1950 et 1960, a vu la fécondité illégitime et les conceptions prénuptiales augmenter rapidement en Australie, surtout parmi les très jeunes femmes, a fait l'objet de nombreuses recherches. Maintenant, au milieu des années 1990, le phénomène des grossesses hors mariage a changé de caractère. La mariée adolescente et enceinte est presque un personnage du passé, et les naissances illégitimes surviennent généralement à un âge normal de procréation au sein d'unions consensuelles. On observe des tendances similaires dans les autres pays développés, mais l'Australie s'enorgueillit d'un précédent spécifique : aux premiers temps de la colonisation, il y eut déjà une large diffusion de la procréation dans les unions consensuelles. Ce précédent et les circonstances particulières qui l'ont engendré sont analysés ici dans le cadre d'une recherche sur les divers aspects historiques de la fécondité liée aux relations sexuelles hors mariage en Australie. (AUSTRALIE, HISTOIRE, FECONDITE ILLEGITIME, CONCEPTION PRENUPTIALE, UNION CONSENSUELLE)

97.12.8 - anglais - Barrie M. RATCLIFFE, Université Laval, Québec (Canada)

Classes populaires et cohabitation à Paris, au milieu du dix-neuvième siècle (Popular classes and cohabitation in mid-nineteenth-century Paris) (p. 316-350)

L'auteur tente de montrer que nous ne savons pas ce que nous croyons savoir en ce qui concerne l'ampleur et la signification de la pratique de la cohabitation parmi les classes populaires parisiennes pendant la première moitié du dix-neuvième siècle. En passant au crible le discours sur la cohabitation et l'illégitimité, il révèle que les analyses des comportements des gens du peuple s'appuient sur des données douteuses et des méthodes défectueuses. Si la cohabitation était répandue, c'était plus un effet des contraintes juridiques et économiques imposées aux ouvriers, et particulièrement aux migrants, que le symptôme d'une décomposition culturelle ou de l'émergence d'une contre-culture. L'auteur exploite des séries de données, comme les registres des mariages, et les archives des organismes de charité pour soutenir que l'ouvrier parisien était fasciné par le mariage, le mariage à l'église, le mariage respectable. Il suggère que l'on dédramatise la cohabitation et que l'on reconnaisse que les attitudes et les comportements des classes populaires étaient plus conformistes et traditionnels qu'on n'a été amené à le croire jusqu'à présent. (FRANCE, CAPITALE, HISTOIRE, COHABITATION, CLASSE OUVRIERE, CULTURE POPULAIRE)

97.12.9 - anglais - Elinor A. ACCAMPO, University of Southern California (E.-U.)

Rhétorique de la reproduction et reconfiguration du statut de la femme dans le mouvement néo-malthusien français, 1890-1920 (The rhetoric of reproduction and the reconfiguration of womanhood in the French birth control movement, 1890-1920) (p. 351-371)

Les mouvements pour le contrôle des naissances qui ont surgi en Europe et aux Etats-Unis au cours du dernier tiers du dix-neuvième siècle ont perdu leur potentiel libérateur et féministe au vingtième siècle, en se soumettant au milieu médical, aux eugénistes et aux objectifs institutionnalisés de planification familiale. Cependant, le mouvement néo-malthusien français a conservé un caractère radical et a été le centre de ralliement des revendications libertaires, féministes et anarchistes. En libérant les femmes de leur "destin biologique" et en séparant la sexualité de la reproduction, la rhétorique néo-malthusienne a reconfiguré le statut de la femme et a jeté les bases de l'émancipation des femmes en tant qu'individus et citoyennes à part entière. (FRANCE, HISTOIRE, PLANIFICATION DE LA FAMILLE, EMANCIPATION DE LA FEMME, ORGANISATION)

97.12.10 - anglais - Jane LEWIS, Wellcome Unit for the History of Medicine, Oxford University (R.-U.), et Kathleen KIERNAN, London School of Economics and Political Science, Londres (R.-U.)

Les frontières entre le mariage, le non-mariage et la maternité : évolution des comportements et des politiques dans la Grande-Bretagne de l'après-guerre (The boundaries between marriage, nonmarriage, and parenthood: Changes in behavior and policy in postwar Britain) (p. 372-387)

Les auteurs soutiennent qu'il y a eu deux grands changements dans le schéma d'évolution de la fécondité des femmes célibataires depuis la Seconde Guerre mondiale. D'abord, la vie sexuelle a pris peu à peu son indépendance par rapport au mariage. Le second changement, plus récent, serait aussi plus radical : la dissociation du mariage et de la maternité. Si le premier changement a été considéré avec beaucoup d'optimisme par les commentateurs, le deuxième a déclenché une réaction morale de panique relative à la fécondité des femmes célibataires. Les auteurs estiment que le résultat a été une restructuration de la législation familiale, mettant l'accent sur les responsabilités parentales plutôt que sur le mariage. (ROYAUME-UNI, FECONDITE ILLEGITIME, MARIAGE, COMPORTEMENT SEXUEL, CHANGEMENT CULTUREL, LEGISLATION)

OCTOBRE 1996 - VOLUME 21, NUMERO 4

97.12.11 - anglais - David M. STARK, Indiana University (E.-U.)

A la recherche de l'introuvable famille esclave portoricaine du dix-huitième siècle : analyse de données démographiques (Discovering the invisible Puerto Rican slave family: Demographic evidence from the eighteenth century) (p. 395-418)

Les thèses traditionnelles selon lesquelles la vie familiale des esclaves des Antilles non-hispaniques, pendant la période antérieure aux grandes plantations, était nécessairement instable sont discréditées par les recherches récentes. Si les mariages d'esclaves à Caguas, Cayey, San Germán et Yauco (quatre paroisses de Porto Rico) ne constituent qu'une partie de l'ensemble des mariages célébrés dans ces villages, ils sont beaucoup plus fréquents qu'on ne l'a supposé jusqu'à présent. Les familles esclaves portoricaines du dix-huitième siècle semblent avoir été très stables, comme en témoigne la reconstruction des intervalles intergénésiques des femmes mariées et des femmes célibataires. Ces deux catégories de femmes ont les mêmes comportements de fécondité. Ceci indique que la majorité des mères esclaves non mariées vivaient dans des unions non officialisées mais néanmoins stables, leur calendrier de fécondité étant en grande partie identique à celui des femmes mariées. L'auteur estime donc que nous devons reconsidérer notre approche des familles d'esclaves de la période coloniale, non seulement à Porto Rico, mais peut-être aussi dans le reste des Antilles et de l'Amérique latine. (PORTO RICO, ESCLAVE, STABILITE FAMILIALE)

97.12.12 - anglais - Joshua COLE, University of Georgia (E.-U.)

"Une révélation soudaine et atroce" : maternité et mortalité infantile en France, entre 1858 et 1874 ("A sudden and terrible revelation": Motherhood and infant mortality in France, 1858-1874) (p. 419-445)

En 1874, le législateur français édicta une loi réglementant l'activité des nourrices. Citant les résultats de recherches médicales récentes sur les causes et les coûts sociaux de la forte mortalité infantile, les partisans de la loi rencontrèrent peu d'opposition, bien que cette loi remettait en question les traditions d'autorité paternelle et d'autonomie familiale inscrites dans la législation française depuis le Code civil de 1804. L'extension des pouvoirs de l'Etat dans le domaine de la famille demanda un effort concerté de la part des réformateurs, qui concentrèrent leur action sur deux thèmes : la responsabilité de la mère à l'égard du nouveau-né et le coût social des décès précoces. Puisque les ouvrières des régions urbaines recouraient aux services des nourrices pour préserver leur gagne-pain, les réformateurs misèrent sur une réprobation générale du travail des femmes hors de leur foyer. Si la loi rencontra peu d'opposition, c'est en partie grâce au fait que les questions relatives à l'autorité paternelle avaient déjà été l'objet d'un débat de fond plusieurs mois auparavant, à l'occasion de la discussion de la loi de 1874 sur le travail des enfants. (FRANCE, LEGISLATION, NOURRICE, TRAVAIL FEMININ, MORTALITE INFANTILE)

97.12.13 - anglais - Sharon SASSLER, Department of Sociology, Wellesley College

S'incruster ou s'envoler ? Variations de la corésidence des enfants avec leurs parents selon le sexe et le groupe ethnique (Feathering the nest or flying the coop? Ethnic and gender differences in young adults' coresidence in 1910) (p. 446-466)

Aux alentours de 1900, les enfants apportaient une contribution importante à l'économie familiale. L'auteur exploite les données de l'échantillon public du recensement américain de 1910 pour démêler les variations de la corésidence des enfants avec leurs parents selon le sexe et le groupe ethnique. En première analyse (bivariée), la corésidence était plus fréquente chez les femmes ; mais ce résultat s'inverse quand on contrôle l'effet de l'emploi rémunéré et de l'appartenance ethnique. Travailler à l'extérieur amenait les femmes à s'émanciper beaucoup plus que les hommes. Les jeunes hommes les plus à même de contribuer au revenu de la famille étaient les plus suceptibles de vivre chez leurs parents : on peut supposer qu'ils étaient plus fortement incités à rester à la maison. Les familles irlandaises et allemandes tiraient profit de la présence de leurs fils, tandis que les ménages juifs veillaient à bénéficier de l'apport de leurs filles autant que de leurs fils. Comparées aux "nouveaux immigrants", les familles noires qui comptaient sur l'apport de leurs enfants célibataires corésidents étaient désavantagées. (ETATS-UNIS, PARENT, ENFANT, COHABITATION, DIFFERENCE ENTRE SEXES, ETHNICITE)

97.12.14 - anglais - Marilyn MORRIS, University of North Texas, Denton (E.-U.)

Famille royale et valeurs familiales en Angleterre à la fin du dix-huitième siècle (The royal family and family values in late eighteenth-century England) (p. 519-532)

Le concept de famille royale s'est développé en Angleterre pendant la deuxième moitié du règne de George III. En même temps que s'intensifiait la couverture médiatique des activités de la famille royale, qui avait débuté pendant la Crise de la Régence de 1788-1789, la cour faisait spectaculairement étalage d'un mélange de valeurs familiales bourgeoises et de libertinage aristocratique. L'analyse du discours de la presse quotidienne londonienne sur la famille royale à l'époque de la Révolution française révèle plusieurs modèles conjugaux en conflit ainsi qu'un souci aigu de préserver la hiérarchie sociale et le rôle des femmes dans la sphère domestique. La famille royale anglaise se trouva placée dans une position intenable quand elle voulut incarner un idéal conjugal qui transcenderait à la fois les frontières de classes et les tensions continues entre hommes et femmes. (ANGLETERRE, HISTOIRE, VIE FAMILIALE, SYSTEME DE VALEURS)

JANVIER 1997 - VOLUME 22, NUMERO 1

97.12.15 - anglais - Kristin E. GAGER, Department of History, University of New Hampshire (E.-U.)

Les femmes, l'adoption et la vie familiale à Paris au début des temps modernes (Women, adoption, and family life in early modern Paris) (p. 5-25)

L'auteur analyse un ensemble d'actes notariés relatifs à des adoptions faites par des femmes "indépendantes", à Paris, aux seizième et dix-septième siècles. Malgré l'existence de puissants obstacles juridiques, une attitude générale de rejet à l'égard de la parenté adoptive et la place dominante reconnue au modèle familial patriarcal, des femmes veuves, séparées, célibataires, et même une épouse abandonnée, ont choisi la "reproduction par adoption" pour perpétuer leur lignée familiale. Les mères adoptives n'avaient pas d'enfant et avaient toutes acquis un certain degré de maîtrise autonome sur leurs biens, ce qui leur a permis de désigner librement leur héritier. Ces données sur l'adoption enrichissent nos connaissances sur les relations entre les mères et les enfants, sur le statut juridique de la femme et sur la diversité des modes de vie familiale en France au début des temps modernes. (FRANCE, CAPITALE, HISTOIRE, ADOPTION, CONDITION FEMININE)

97.12.16 - anglais - Marie-Pierre ARRIZABALAGA, University Studies Abroad Consortium Program, Université de Pau (France)

La famille souche au Pays basque français : Sare au dix-neuvième siècle (The stem family in the French Basque country: Sare in the nineteenth century) (p. 50-69)

Les propriétaires terriens de Sare, au dix-neuvième siècle, ont maintenu leurs pratiques successorales afin de préserver la maison familiale et l'équilibre éco-démographique de la communauté. L'Ancien Régime pivilégiait le fils aîné ou la fille aînée ("aînesse intégrale"), mais cette coutume s'est modifiée au dix-neuvième siècle, quand de nombreux chefs de famille ont préféré choisir l'un quelconque de leurs enfants comme héritier de la maison et de la propriété. Ces nouvelles pratiques ont perpétué un système de famille souche dans lequel deux unités conjugales, avec ou sans enfants célibataires, cohabitaient au début et à la fin de leur cycle familial, avec parfois une phase de famille nucléaire au milieu du cycle. La famille souche a donc continué à connaître trois phases (souche, nucléaire, souche), la première et la troisième étant plus longues dans les ménages les plus riches, qui pouvaient entretenir un ou plusieurs frères/soeurs célibataires, plus courtes chez les pauvres, dont la ferme était trop petite pour entretenir plus de deux unités conjugales. (FRANCE, PROVINCE, HISTOIRE, FAMILLE SOUCHE, CYCLE FAMILIAL, HERITAGE)

97.12.17 - anglais - M. Nabil EL-KHORAZATY, Research Triangle Institute, Rockville, Maryland (E.-U.)

Le cycle de vie familial américain et ses déterminants au vingtième siècle (Twentieth-century family life cycle and its determinants in the United States) (p. 70-109)

L'auteur utilise des données d'état civil sur les calendriers de fécondité pour élaborer un nouvel ensemble de séries chronologiques de données agrégées, longitudinales et transversales, sur le cycle de vie familial, la fécondité et les facteurs qui y font obstacle au Etats-Unis, au vingtième siècle. Le calcul de ces indices aggégés annuels fait appel à des techniques démographiques récentes qui ne requièrent que la connaissance des taux de fécondité par âge. De tels paramètres, qui, sans ces nouvelles méthodologies, auraient exigé des données biographiques détaillées sur la datation des événements, sont nécessaires pour rendre compte de l'entièreté de l'évolution démographique, pour obtenir une évaluation quantitative des changements d'attitudes et de comportements en matière de fécondité, et finalement pour décrire les structures familiales et le calendrier et le rythme de la production des enfants, afin de mieux comprendre la société américaine. (ETATS-UNIS, CYCLE FAMILIAL, MESURE DE LA FECONDITE, ANALYSE DEMOGRAPHIQUE)

AVRIL 1997 - VOLUME 22, NUMERO 2

97.12.18 - anglais - Anna ZARNOWSKA, Department of Social History, Institute of History, Warsaw University, Varsovie (Pologne)

La recherche récente en Pologne sur le changement social, la femme et la famille à l'ère de l'industrialisation (Social change, women, and the family in the era of industrialization: Recent Polish research) (p. 191-203)

L'auteur tente de répondre à trois questions : (a) les modifications de la structure de la famille conduisent-elles au déclin relatif de la famille plurigénérationnelle au profit de normes familiales non traditionnelles, y compris la famille nucléaire, liées directement à l'industrialisation ? (b) le modèle de la famille urbaine de l'ère industrielle est-il réellement différent de celui de l'époque préindustrielle, en termes de structure ? (c) l'évolution de la fonction économique de la famille due à l'industrialisation entraîne-t-elle une évolution corrélative de la structure de la famille, particulièrement en termes de répartition sexuelle des rôles ? En analysant le cas polonais, l'auteur souligne plusieurs développements paradoxaux, mais parallèles, qui remettent en question bien des hypothèses traditionnelles relatives à l'impact de l'industrialisation sur le modèle patriarcal de la famille préindustrielle. (POLOGNE, CHANGEMENT SOCIAL, INDUSTRIALISATION, COMPOSITION DE LA FAMILLE, CONDITION FEMININE)

97.12.19 - anglais - Laurie BERNSTEIN, Rutgers University, Camden, NJ (E.-U.)

L'évolution de la législation soviétique relative à l'adoption (The evolution of Soviet adoption law) (p. 204-226)

Cet article décrit l'évolution de la législation relative à l'adoption en URSS depuis la promulgation de la première loi en 1926 jusqu'à sa réforme en 1968. L'auteur estime que les réformes de la législation et les pratiques légales en matière d'adoption reflètent les étapes politiques et idéologiques de l'histoire soviétique. Interdite en 1918, l'adoption fut légalisée en 1926 comme remède à l'énorme problème des enfants sans foyer. La loi prit forme dans un climat hostile à la famille. Par conséquent, elle ne chercha même pas à reproduire les liens familiaux naturels. Les attitudes à l'égard de l'adoption changèrent avec les politiques favorables à la famille mises en oeuvre après 1936, et aussi en réponse aux problèmes créés par la Seconde Guerre mondiale. A l'époque où le législateur soviétique modifia la loi, en 1968, les familles naturelles et les familles adoptives avaient obtenu l'égalité juridique. (URSS, HISTOIRE, ADOPTION, LEGISLATION)


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