POPULATION AND DEVELOPMENT REVIEW

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Etats-Unis (New York) 17

POPULATION AND DEVELOPMENT REVIEW

SEPTEMBRE 1996 - VOLUME 22, NUMERO 3

97.17.1 - anglais - Kevin M. WHITE, Medical School, et Samuel H. PRESTON, Population Studies Center, University of Pennsylvania, 3718 Locust Walk, Philadelphie, PA 19104-6298 (E.-U.)

A combien d'Américains la baisse de mortalité du vingtième siècle a-t-elle permis d'être en vie aujourd'hui ? (How many Americans are alive because of twentieth-century improvements in mortality?) (p. 415-429)

Les auteurs estiment le nombre d'Américains qui sont en vie grâce à la baisse de mortalité qui s'est produite au cours du XXe siècle. Ils ont fait ce calcul en projetant la population américaine de 1900 à 2000 avec les taux de mortalité de l'année 1900 au lieu des taux réellement observés. Ils font la distinction entre les personnes qui seraient nées puis décédées et celles qui ne seraient pas venues au monde du fait du décès prématuré d'un ancêtre. Les résultats indiquent que, si les conditions de mortalité qui prévalaient en 1900 avaient été maintenues pendant tout le siècle, l'effectif de la population américaine n'atteindrait aujourd'hui que la moitié du chiffre réel : un quart des Américains seraient déjà morts, et un quart ne seraient jamais nés. La part de la population qui doit sa survie aux progrès en matière de mortalité varie peu selon le sexe et l'âge, bien qu'elle soit plus grande chez les très jeunes et les très âgés. La baisse de mortalité chez les moins de 15 ans est responsable de près des deux tiers de l'augmentation du nombre de personnes en vie aujourd'hui. (ETATS-UNIS, BAISSE DE LA MORTALITE, ACCROISSEMENT DE LA POPULATION)

97.17.2 - anglais - Stan BECKER et Robert E. BLACK, Johns Hopkins School of Hygiene and Public Health, 615 North Wolfe Street, Baltimore, MD 21205-2179 (E.-U.)

Modélisation de la morbidité, de la mortalité et des actions sanitaires chez les enfants (A model of child morbidity, mortality, and health interventions) (p. 431-456)

Les auteurs présentent un modèle global de morbidité et de mortalité chez les enfants âgés de moins de cinq ans. Ce modèle a été établi à partir des taux mensuels de morbidité et de létalité par cause, l'efficacité et la couverture des interventions médicales par maladie modifiant ces valeurs. De plus, la fragilité est modélisée par les risques de mortalité relatifs de cinq groupes d'enfants, caractérisés pour les nouveau-nés par la distribution du poids à la naissance et, à partir du deuxième mois après la naissance, par la proportion des enfants qui survivent à une maladie donnée mais en ressortent affaiblis et la proportion de ceux qui ne tombent pas malades, qui ont une alimentation adéquate et qui deviennent moins fragiles. Une validation du modèle a été effectuée à l'aide de données provenant du Système de surveillance démographique du Matlab, au Bangladesh. Les résultats du modèle rejoignent avec une grande précision le niveau de mortalité observé. Les auteurs modélisent des scénarios d'amélioration de la couverture de certaines actions sanitaires dans divers contextes en Asie du sud, en Afrique de l'ouest et en Amérique du sud, et ils évaluent leurs effets sur la mortalité. Le modèle constitue un bon outil pour ceux qui désirent estimer l'effet de certains ensembles de mesures sanitaires sur la mortalité dans un contexte donné. (MORTALITE INFANTILE, MORBIDITE, POLITIQUE SANITAIRE, MODELE DEMOGRAPHIQUE)

97.17.3 - anglais - Ronald R. RINDFUSS, Carolina Population Center, University of North Carolina at Chapel Hill, University Square, CB# 8120, 123 West Franklin Street, Chapel Hill, NC 27516-3997 (E.-U.), Karin L. BREWSTER, Center for the Study of Population, Florida State University (E.-U.), et Andrew L. KAVEE, Department of Sociology, University of North Carolina at Chapel Hill (E.-U.)

Les femmes, le travail et les enfants : évolution des comportements et des attitudes aux Etats-Unis (Women, work, and children: Behavioral and attitudinal change in the United States) (p. 457-482)

Au milieu du siècle, une des normes qui prévalaient chez les Américains était que les mères de jeunes enfants rester au foyer. Depuis lors, la tendance à une participation accrue des mères d'enfants d'âge préscolaire à l'activité économique s'est renforcée. De plus, depuis le début des années 1970, les taux de fécondité se sont stabilisés. Les auteurs démontrent, à l'aide de renseignements sur les attitudes, que la norme de la mère au foyer s'est considérablement affaiblie. Ce changement dans les attitudes se fait sentir un peu partout et semble résulter de la large diffusion d'un changement de comportement. Les auteurs estiment que cette évolution des attitudes a joué un rôle important dans la stabilisation des niveaux de fécondité chez les Américains. (ETATS-UNIS, NORME SOCIALE, MERE, FEMME AU FOYER, PARTICIPATION DANS LA POPULATION ACTIVE, ATTITUDE)

97.17.4 - anglais - John BONGAARTS, Research Division, The Population Council, One Dag Hammarskjold Plaza, New York, NY 10017 (E.-U.)

Pression démographique et système d'approvisionnement alimentaire dans les pays en développement (Population pressure and the food supply system in the developing world) (p. 483-503)

En analysant les tendances de la production agricole des pays en développement entre 1962 et 1989, l'auteur cherche à obtenir une estimation de la part de l'accroissement des ressources alimentaires due respectivement à l'intensification de l'exploitation des terres, à la fréquence et au rendement des récoltes, et aux importations. Selon que leur densité de population était forte ou faible, les pays ont réagi différemment à la demande alimentaire croissante. Au cours des cinquante prochaines années, la croissance démographique rapide et l'amélioration continuelle des régimes alimentaires, en quantité et en qualité, entraîneront une forte hausse (peut-être un triplement) de la demande alimentaire. Même si l'on ne prévoit pas de pénurie durable à l'échelle mondiale, plusieurs problèmes - y compris la dégradation de l'environnement, la production vivrière dans les pays les plus peuplés et les plus pauvres, et la sous-alimentation - méritent une attention concertée. (PAYS EN DEVELOPPEMENT, PRESSION DEMOGRAPHIQUE, BESOINS ALIMENTAIRES, DISPONIBILITES ALIMENTAIRES)

97.17.5 - anglais - Ester BOSERUP, Nevedone, CH-6614 Brissago (Suisse)

Théorie du développement : un cadre analytique et quelques applications (Development theory: An analytical framework and selected applications) (p. 505-515)

Cette note propose un cadre analytique qui permet d'interpréter simplement des théories antagonistes en matière de développement et de décrire divers processus de développement. Ce cadre suppose des flux entre six structures dotées d'une certaine stabilité, mais capables de changement lorsqu'elles sont exposées à une pression forte ou persistante. Ces structures sont les suivantes : l'environnement, la population, la technologie, l'emploi, la famille et la culture. De façon schématique, on peut figurer ces six structures comme des points sur un cercle, reliés par des flèches qui indiquent l'origine et la direction de la pression qu'une structure peut exercer sur une autre. Ce cadre analytique peut servir à une approche dynamique dans les études au niveau micro comme macro, ou à établir une distinction entre les principales approches conceptuelles de la théorie du développement. (STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT, THEORIE, METHODE DE RECHERCHE)

97.17.6 - anglais - Lincoln C. CHEN, Harvard Center for Population and Development Studies, 9 Bow Street, Cambridge, MA 02138 (E.-U.), Friederike WITTGENSTEIN, Department of Population and International Health, Harvard School of Public Health (E.-U.), et Elizabeth McKEON, John F. Kennedy School of Government, Harvard University (E.-U.)

La hausse de la mortalité en Russie : causes et conséquences politiques (The upsurge of mortality in Russia: Causes and policy implications) (p. 517-530)

Cette note résume les conclusions auxquelles a abouti une conférence internationale récente consacrée aux causes et aux conséquences politiques de la recrudescence de la mortalité en Russie après la chute du régime communiste en 1989. Cette crise de mortalité est réelle ; ce n'est pas un effet de " glasnost statistique ". Il y a peu de données qui appuient l'idée populaire que cette crise est attribuable à la détérioration de l'environnement ou à la dégradation des services médicaux. Ces problèmes existent, certes, mais ils n'expliquent pas la hausse de la mortalité. La crise est plutôt une manifestation des pathologies économique, sociale et politique dont souffre la société russe. La source du problème est sans doute une combinaison de facteurs historiques et contemporains : les effets retardés d'anciens modes de vie malsains et les décès différés par la campagne anti-alcool de la fin des années 1980, ou encore le climat perturbé qui se caractérise par l'appauvrissement économique, l'inégalité sociale croissante et la dégradation des institutions politiques. La Russie ne se conforme pas et ne s'est jamais conformée au modèle classique de la " transition sanitaire " fondé sur l'expérience occidentale. Malgré quelques indices rassurants, l'avenir de cette crise demeure incertain. (RUSSIE, HAUSSE DE LA MORTALITE, FACTEUR DE MORTALITE, SOCIETE EN TRANSITION)

97.17.7 - anglais - Paul E. WAGGONER, Connecticut Agricultural Experiment Station, P.O. Box 1106, 123 Huntington, New Haven, CT 06504 (E.-U.), Jesse H. AUSUBEL et Iddo K. WERNICK, Program for the Human Environment, Rockefeller University, New York (E.-U.)

L'allègement de la pression démographique sur le sol : exemples américains (Lightening the tread of population on the land: American examples) (p. 531-545)

La population transforme la nature du sol en y construisant des bâtiments, en y coupant les arbres et en le cultivant. Moins on utilise le sol, plus il conserve son état naturel. Dans le présent article, les auteurs font un retour sur le siècle écoulé pour déterminer les principes et les tendances qui ont influencé l'utilisation du sol aux États-Unis, et ils supputent l'avenir, quand la population américaine comptera 100 millions d'habitants de plus. Des études de cas sur des villes, des comtés et des Etats américains indiquent que la superficie occupée par des constructions augmente moins vite que la population. De même, que l'utilisation du papier ait augmenté plus vite que le produit national brut, le recul de l'emploi du bois de charpente et la sylviculture ont permis de maintenir à peu près stable la superficie des espaces forestiers. Enfin, la hausse des rendements et l'évolution des goûts ont contré l'impact de la croissance de la population et de la richesse sur les terres cultivables. Somme toute, l'allègement de la pression de la population américaine sur son sol au cours du prochain siècle pourrait conserver à l'état naturel plus de 90 millions d'hectares, soit 100 fois la superficie du Parc national de Yellowstone. (ETATS-UNIS, PRESSION DEMOGRAPHIQUE, UTILISATION DU SOL)

DECEMBRE 1996 - VOLUME 22, NUMERO 4

97.17.8 - anglais - Constance A. NATHANSON, Department of Population Dynamics, School of Hygiene and Public Health, Johns Hopkins University (E.-U.)

La prévention des maladies en tant que changement social : vers une théorie de la santé publique (Disease prevention as social change: Toward a theory of public health) (p. 609-637)

L'auteur soutient que les politiques de santé publique sont cruciales pour la prévention et le contrôle des maladies. Mais elles ne surgissent pas du néant : elles sont le fruit du changement social et politique. On doit analyser les facteurs de changement si on veut les maîtriser dans l'intérêt de la santé publique. L'auteur propose un schéma conceptuel qui tient compte des variations observées dans l'adoption et la mise en oeuvre de politiques de santé publique visant à réduire les niveaux de mortalité. Ce schéma incorpore trois séries de variables ayant trait respectivement aux Etats, aux mouvements sociaux et aux processus de risque. L'utilité du schéma à des fins analytiques a été testée sur deux études de cas relatives à l'élaboration de politiques de santé publique en France et aux États-Unis. L'auteur évoque brièvement les possibilités d'application de ce schéma à d'autres contextes. (ETATS-UNIS, FRANCE, POLITIQUE SANITAIRE, MEDECINE PREVENTIVE, CHANGEMENT SOCIAL, METHODOLOGIE)

97.17.9 - anglais - John BONGAARTS, Research Division, The Population Council, New York (E.-U.), et Susan Cotts WATKINS, Population Studies Center, University of Pennsylvania, Philadelphie (E.-U.)

Interactions sociales et transitions de fécondité contemporaines (Social interactions and contemporary fertility transitions) (p. 639-682)

Une analyse des transitions de fécondité dans 69 pays en développement depuis 1960 révèle que la relation entre le développement, la fécondité prétransitionnelle, l'époque de démarrage de la transition et le rythme de la baisse de fécondité s'écarte sensiblement de ce qu'elle aurait été si la fécondité et le développement, tels qu'ils sont mesurés par l'indice de développement humain, étaient étroitement liés. Quelques régularités empiriques intéressantes ont été identifiées, dont un seuil variable de développement nécessaire pour déclencher la transition. Ceci suggère que dès qu'un certain nombre de pays d'une région donnée entament leur transition, les autres pays les suivent plus tôt que prévu. En outre, le rythme de la baisse de fécondité n'est pas lié au rythme du développement, comme on aurait pu s'y attendre, mais plutôt au niveau de développement atteint quand la transition a commencé. Afin d'expliquer ces résultats, les auteurs proposent de faire jouer à l'interaction sociale un rôle clé à trois niveaux d'agrégation. Les réseaux personnels relient des individus ; les réseaux nationaux d'interaction sociale, comme la migration et la langue, relient des communautés sociales et territoriales à l'intérieur d'un pays ; et les réseaux mondiaux, comme le commerce et les organisations internationales, relient des nations au sein de la société globale. Par l'entremise de ces réseaux, les acteurs de chacun de ces trois niveaux, échangeant et discutant informations et idées, exercent et subissent des influences sociales qui affectent les comportements procréateurs. Le développement est une variable importante pour comprendre le calendrier et le rythme de l'évolution de la fécondité, mais l'interaction sociale peut exercer une influence indépendante sur la fécondité. Etant donné les niveaux de développement actuels et la prolifération des réseaux d'interaction sociale, on peut s'attendre à ce que très peu de pays aient échappé à la transition de fécondité au terme des trois prochaines décennies. (PAYS EN DEVELOPPEMENT, TRANSITION DEMOGRAPHIQUE, BAISSE DE LA FECONDITE, DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL, SYSTEME SOCIAL)

97.17.10 - anglais - John KNODEL, University of Michigan, Ann Arbor (E.-U.), et Gavin W. JONES, Australian National University, Canberra (Australie)

Les politiques démographiques après Le Caire : les programmes de scolarisation des filles manquent-ils leur but ? (Post-Cairo population policy: Does promoting girls' schooling miss the mark?) (p. 683-702)

L'un des points principaux du nouveau paradigme surgi de la Conférence sur la population et le développement du Caire (1994) concerne l'inégalité des sexes en matière d'éducation et la nécessité de promouvoir la scolarisation des filles au niveau secondaire, tant comme objectif de développement humain que comme moyen de favoriser la baisse de la fécondité dans les pays en développement. Cette approche présente une sérieuse faiblesse : elle ne tient pas compte de l'inégalité socio-économique qui prive les garçons aussi bien que les filles d'une scolarisation adéquate. L'intérêt excessif porté à un seul aspect de l'inégalité réduit l'attention accordée à ses autres dimensions. De plus, si la discrimination sexuelle en matière d'accès à l'éducation demeure un problème grave dans certaines régions, il y a beaucoup de pays, même dans le tiers monde, où le fossé entre les sexes est inexistant ou modéré ; et, presque partout, ce fossé s'est fortement rétréci au cours des dernières décennies. Par contre, les auteurs estiment que I'inégalité des classes socio-économiques face à l'éducation est pratiquement universelle et, dans la plupart des cas, plus prononcée que l'inégalité des sexes. Des données provenant de différents pays en développement, en particulier la Thaïlande et le Vietnam, servent d'illustration. (PAYS EN DEVELOPPEMENT, TAUX DE SCOLARISATION, EDUCATION DES FEMMES, DIFFERENCE ENTRE SEXES, DIFFERENTIEL SOCIO-ECONOMIQUE)

97.17.11 - anglais - Neil G. BENNETT, National Center for Children in Poverty, Columbia University (E.-U.), et S. Jay OLSHANSKY, Department of Medicine, University of Chicago (E.-U.)

La projection de la structure par âge américaine et l'avenir de la sécurité sociale : impact des corrections apportées aux tables de mortalité officielles (Forecasting US age structure and the future of social security: The impact of adjustments to official mortality schedules) (p. 703-727)

La prévision des dépenses liées aux programmes américains de sécurité sociale et d'assurance-maladie pour les personnes âgées, ainsi que l'élaboration de politiques gouvernementales visant à financer ces programmes, nécessitent des estimations précises de la taille actuelle et future de la population bénéficiaire. Étant donné que la plupart des personnes qui auront droit aux avantages offerts par ces programmes au cours des 65 prochaines années sont déjà nées, le facteur clé pour la prévision de la taille et de la structure par âge de la population bénéficiaire est la mortalité. Des études récentes remettent en question la validité des taux de mortalité des personnes âgées aux États-Unis, en invoquant principalement les erreurs d'âge et les taux de mortalité étrangement faibles des Américains par comparaison aux autres pays à basse mortalité et à données fiables. Les auteurs examinent l'impact de la correction des taux de mortalité aux âges élevés sur les espérances de vie observées ou projetées, sur les projections de la population âgée, et sur les perspectives de financement de quelques programmes sociaux spécifiques à certaines classes d'âge aux États-Unis. Les prévisions calculées pour les 60 prochaines années à l'aide de tables de mortalité corrigées donnent des estimations d'espérance de vie à la naissance et d'espérance de vie à un âge avancé qui sont plus faibles que celles qu'ont publiées le Bureau du recensement et l'administration de la sécurité sociale. (ETATS-UNIS, PERSONNE AGEE, PROJECTION DE POPULATION, TABLE DE MORTALITE, STRUCTURE PAR AGE, SECURITE SOCIALE)

97.17.12 - anglais - Jean-Claude CHESNAIS, Institut National d'Etudes Démographiques, Paris (France)

Fécondité, famille et politique sociale en Europe occidentale (Fertility, family, and social policy in contemporary Western Europe) (p. 729-739)

Dans tous les pays d'Europe occidentale, les indicateurs conjoncturels de fécondité sont inférieurs au niveau de remplacement des générations. Les pays méditerranéens communément considérés comme traditionnalistes, catholiques et centrés sur la famille, présentent les taux de fécondité les plus bas, alors que la Suède - le berceau de l'État-providence moderne et libéral, et la société où l'émancipation des femmes est la plus avancée - a la plus haute fécondité d'Europe occidentale. Cherchant à expliquer ces différences de fécondité, l'auteur compare le statut des femmes en Italie et en Suède, et il oppose les attitudes et les politiques à l'égard de la famille en Italie et en Allemagne, d'un côté, à celles de la Grande-Bretagne et de la Suède, de l'autre. Les résultats indiquent que, dans les sociétés industrielles avancées, l'amélioration du statut de la femme peut être une condition préalable au retour de la fécondité au niveau de remplacement des générations. (EUROPE OCCIDENTALE, FECONDITE DEFICITAIRE, ANALYSE COMPARATIVE, CONDITION FEMININE)

97.17.13 - anglais - William H. FREY, Population Studies Center, University of Michigan, Ann Arbor (E.-U.)

Immigration, migrations internes et balkanisation démographique aux États-Unis : nouvelles données pour les années 1990 (Immigration, domestic migration, and demographic balkanization in America: New evidence for the l990s) (p. 741-763)

Les recherches approfondies récemment consacrées aux effets de l'immigration aux États-Unis depuis 1965 ont, en grande partie, négligé un effet important à long terme : les clivages sociaux et démographiques entre régions, engendrés par les modèles migratoires très différents des immigrés et des migrants internes, pour la plupart autochtones. Les données de la période 1990-1995 montrent : (1) que les immigrés dont le profil racial/ethnique et le niveau de qualification les distinguent du reste de la population continuent d'affluer vers certaines destinations particulières, (2) que les migrants internes autochtones continuent à préférer les destinations qui n'attirent pas les immigrés, et (3) que les anciens résidents des zones qui attirent les immigrés ont de plus en plus tendance à partir, surtout si leurs niveaux d'instruction et de revenu sont faibles. Ces modèles migratoires différents engendrent des écarts croissants de composition raciale/ethnique et de dynamique démographique entre les grandes régions du pays. Ils risquent de rendre l'assimilation des immigrés plus difficile et les clivages sociaux et politiques plus prononcés. (ETATS-UNIS, IMMIGRATION, MIGRATION INTERNE, REPARTITION GEOGRAPHIQUE, COMPOSITION ETHNIQUE)

MARS 1997 - VOLUME 23, NUMERO 1

97.17.14 - anglais - Malcolm POTTS, School of Public Health, University of California, Berkeley (E.-U.)

Rapports sexuels et taux de natalité : biologie humaine, évolution démographique et accès aux méthodes de contrôle des naissances (Sex and the birth rate: Human biology, demographic change, and access to fertility-regulation methods) (p. 1-39)

En matière d'évolution des espèces, l'individu qui réussit est celui qui fournit à la génération suivante plus de rejetons vivants que ses concurrents de la même espèce dans la même population. La conception, chez les humains, est un événement aléatoire qui survient sur un fond de rapports sexuels fréquents, habituellement inféconds et qui contribuent à entretenir l'union des parents. Les humains ont un instinct naturel pour les rapports sexuels et pour l'élevage des enfants qui leur naissent ; mais ils n'ont aucune prédisposition biologique à avoir un nombre d'enfants déterminé. Dans les sociétés primitives sans écriture, en l'absence de méthodes artificielles de contrôle des naissances, les grossesses sont espacées de plusieurs années par des mécanismes physiologiques involontaires liés à l'allaitement maternel. Dans ces sociétés, ainsi que dans les sociétés pré-industrielles, les individus qui réussissaient sur le plan social avaient généralement une famille plus nombreuse que la moyenne. Dès que les gens ont librement accès à une gamme de méthodes de contrôle des naissances (y compris l'avortement sans risque), la dimension de la famille baisse dans tous les groupes et dans toutes les sociétés. Dans un tel contexte, la réussite sociale tend à être associée à l'accumulation de biens matériels plutôt qu'au nombre d'enfants. L'idée que le développement entraîne la baisse de la fécondité présente une faille du fait que les individus ne peuvent décider de la taille de leur famille s'ils n'ont pas accès aux techniques de planification familiale ; or cet accès aux techniques de contrôle de la fécondité est un phénomène historiquement récent et géographiquement limité. Lorsque les moyens de contrôle des naissances ne sont pas largement disponibles, les plus riches et les plus instruits sont généralement plus à même de surmonter les obstacles pour y accéder, d'où le rapport inverse fréquent entre le revenu et la taille de la famille. L'auteur évoque les politiques qui découlent de ce point de vue. (EVOLUTION, FECONDITE DIFFERENTIELLE, FREQUENCE DU COIT, DIMENSION DE LA FAMILLE, PLANIFICATION DE LA FAMILLE)

97.17.15 - anglais - Rosamond NAYLOR, Walter FALCON, Institute for International Studies, Stanford University (E.-U.), et Erika ZAVALETA, Department of Ecology and Evolutionary Biology, Princeton University (E.-U.)

Fluctuations et évolution des récoltes de céréales de 1950 à 1994 : va-t-on vers une plus grande instabilité ? (Variability and growth in grain yields, 1950-94: Does the record point to greater instability?) (p. 41-58)

Le résultat de la "course" entre population et subsistances est plus que jamais d'actualité. Ces deux variables ont un caractère fondamentalement différent. La population est essentiellement un stock qui grossit continuellement, tandis que la production alimentaire est avant tout un flux qui connaît de fortes oscillations d'une année à l'autre ; ces fluctuations ont à leur tour des conséquences économiques et alimentaires importantes au niveau du ménage. Pour quiconque se préoccupe de sécurité alimentaire, il est évidemment intéressant d'analyser ces fluctuations annuelles des récoltes de céréales sous l'angle de leur amplitude, de leur répartition spatiale et de leur évolution au cours du temps. Les auteurs évaluent l'évolution et les fluctuations des récoltes de maïs, de blé et de riz de 1950 à 1994, tant à l'échelle globale que régionale. Les résultats indiquent que l'idée générale d'une instabilité croissante des récoltes de céréales à l'échelle mondiale est probablement fausse. Qui plus est, la variabilité des récoltes n'a pas augmenté de façon significative entre 1950 et 1994 dans les pays en développement considérés globalement. Mais les récoltes de maïs sont de plus en plus irrégulières dans les pays industrialisés - surtout en Amérique du Nord - et en Afrique. L'instabilité des récoltes n'est pas nécessairement annonciatrice de catastrophes, mais les processus d'ajustement en matière de commerce, de bétail ou de stockage ne sont ni instantanés ni automatiques et entraînent certains coûts. Même les observateurs les plus "optimistes" de la production alimentaire mondiale devraient s'inquiéter des effets possibles de deux ou trois "mauvaises" récoltes de maïs consécutives en Amérique du Nord. (PRODUCTION ALIMENTAIRE, ACCROISSEMENT DE LA POPULATION)

97.17.16 - anglais - Naohiro OGAWA, Population Research Institute, Nihon University, Tokyo (Japon), et Robert D. RETHERFORD, Program on Population, East-West Center, Honolulu, Hawaï (E.-U.)

Le Japon veut reporter sur les familles la charge des personnes âgées : est-ce réalisable ? (Shifting costs of caring for the elderly back to families in Japan: Will it work?) (p. 59-94)

Au Japon, au cours des 30 prochaines années, le pourcentage des personnes âgées s'élèvera rapidement à des niveaux sans précédent, et la population japonaise deviendra la plus vieille de la planète. De lourdes contraintes financières pèseront sur le système de sécurité sociale. Afin d'alléger cette pression, le gouvernement tente de reporter sur les familles une partie des coûts de la sécurité sociale. Mais des changements fondamentaux d'ordre économique et social et l'évolution du système des valeurs, étudiés dans cet article, minent l'aptitude de la famille japonaise à prendre en charge ses membres âgés. Il est donc improbable que le gouvernement réussisse à mettre en oeuvre cette réforme. (JAPON, VIEILLISSEMENT DEMOGRAPHIQUE, PERSONNE AGEE, SECURITE SOCIALE, FINANCEMENT, FAMILLE)

97.17.17 - anglais - Gavin W. JONES, Division of Demography and Sociology, Research School of Social Sciences, Australian National University (Australie)

Modernisation et divorce : des tendances opposées dans les pays islamiques de l'Asie du Sud-Est et les pays occidentaux (Modernization and divorce: Contrasting trends in islamic Southeast Asia and the West) (p. 95-114)

Au cours des années 1960 et 1970, tandis que les taux de divortialité grimpaient à des niveaux sans précédent dans les pays occidentaux, ils ont dégringolé dans les pays islamiques de l'Asie du Sud-Est, qui, ayant affiché des niveaux très élevés au cours des années 1950 et auparavant, ont vu leurs taux de divortialité chuter à des niveaux très inférieurs à ceux de l'Occident. Les explications de cet effondrement font largement intervenir une transformation radicale du processus de choix du conjoint, processus lié particulièrement à la prolongation de la scolarité chez les filles, qui fait que les couples ont de meilleures chances de réussir leur vie conjugale. L'enrichissement, la raréfaction de la polygamie et diverses pressions sociales et religieuses visant à rendre le divorce plus difficile ont joué un certain rôle. Dans les pays occidentaux, par contre, on insiste généralement sur l'individualisme et sur les valeurs post-matérialistes. Pour promouvoir le bien-être de la femme, on tend, en Occident, à faciliter le divorce quand l'union n'est pas heureuse, tandis que, dans les pays islamiques d'Asie du Sud-Est, on cherche à éviter de tels mariages. Même si les deux régions partagent certaines caractéristiques, elles présentent des situations de départ si différentes que les tendances du divorce doivent y être expliquées en référence à leur contexte spécifique plutôt qu'à la lumière d'une théorie universaliste du divorce. (DIVORCE, ANALYSE COMPARATIVE, MODERNISATION, ISLAM)

97.17.18 - anglais - Philippe FARGUES, Centre d'Études et de Documentation Économique, Juridique et Sociale (CEDEJ), Le Caire (Egypte)

Politiques gouvernementales et taux de natalité en Égypte : du socialisme au libéralisme (State policies and the birth rate in Egypt: From socialism to liberalism) (p. 115-138)

L'auteur examine l'influence des politiques gouvernementales sur la baisse de la natalité en Égypte au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle. Les trois régimes politiques successifs ont développé des politiques semblables visant à généraliser la pratique du contrôle des naissances. Malgré cette continuité dans la politique démographique, la natalité a connu plusieurs renversements de tendance, tantôt à la baisse, tantôt à la hausse, ce qui signifie qu'elle dépendait d'autres facteurs. Les fluctuations à court terme du taux de natalité suivent celles des ressources des ménages, influencées elles-mêmes par les changements de la politique gouvernementale en matière de distribution des revenus et, récemment, par la domination croissante des lois du marché. D'autre part, la tendance décroissante à long terme du taux de natalité accompagne l'élévation progressive du niveau d'instruction des femmes, qui résulte de la politique de scolarisation des filles. Ces observations montrent que l'on ne doit pas isoler l'analyse des politiques démographiques de l'économie politique globale qui sert de cadre à la transition de la fécondité. (EGYPTE, POLITIQUE ANTINATALISTE, REGIME POLITIQUE, TAUX DE NATALITE)

97.17.19 - anglais - Gerhard K. HEILIG, International Institute for Applied Systems Analysis, Laxenburg (Autriche)

Les facteurs humains de l'évolution des modes d'exploitation du sol en Chine (Anthropogenic factors in land-use change in China) (p. 139-168)

L'auteur analyse cinq éléments déterminants de l'évolution des modes d'exploitation du sol en Chine : la croissance démographique, l'urbanisation, l'industrialisation, l'évolution des modes de vie et de la consommation, et la transformation des structures et des institutions politiques et économiques. L'objectif est de montrer la grande diversité des facteurs autres que bio-géophysiques qui affecteront les schémas futurs d'utilisation du sol en Chine. On a rassemblé une première série de données statistiques pour analyser les tendances démographiques et socio-économiques. L'auteur y ajoute une nouvelle évaluation de la superficie cultivée et souligne qu'elle est plus gravement sous-estimée par les statistiques officielles qu'on ne l'a cru jusqu'à présent. (CHINE, UTILISATION DU SOL, ACCROISSEMENT DE LA POPULATION, MODERNISATION)


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