MIGRATIONS INTERNATIONALES

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Suisse (Genève) 51

MIGRATIONS INTERNATIONALES

1996 - VOLUME 34, NUMERO 2

97.51.1 - anglais - Nora HAMILTON, University of Southern California (E.-U.), et Norma STOLTZ CHINCHILLA, California State University, Long Beach, California (E.-U.)

Restructuration économique mondiale et migrations internationales : quelques observations fondées sur l'expérience du Mexique et de l'Amérique centrale (Global economic restructuring and international migration: Some observations based on the Mexican and Central American experience) (p. 195-232)

L'auteur analyse les liens entre la restructuration économique mondiale et la migration internationale à travers un examen de la migration mexicaine et centraméricaine vers les Etats-Unis. Ces liens sont analysés comme des relations de cause à effet. D'une part, la restructuration mondiale influe sur la situation des pays de départ et de destination ; elle est à la fois une cause de l'émigration et un facteur de l'ouverture économique et politique aux immigrants dans le pays de destination. D'autre part, la migration internationale a des effets importants sur les pays d'origine et de destination, comme sur les rapports unissant les uns et les autres.

La crise économique actuelle au Mexique et la poursuite de la politique de libéralisation économique dans ce pays et dans les autres pays d'Amérique centrale, à quoi s'ajoute le phénomène cumulatif des relations de cause à effet, donnent à penser que les mouvements migratoires se poursuivront, et qu'il en résultera un phénomène continuel de transformation des régions d'origine et de destination. Ces tendances pourraient s'infléchir ou s'accentuer sous l'effet de l'évolution des conditions économiques et d'une hostilité politique croissante à l'intérieur des Etats-Unis, ou par un changement possible (bien qu'improbable) des politiques d'aide et de développement. (MEXIQUE, AMERIQUE CENTRALE, ETATS-UNIS, MIGRATION INTERNATIONALE, ECONOMIE DE MARCHE, DEPENDANCE ECONOMIQUE)

97.51.2 - anglais - Harry CLARKE, School of Economics, La Trobe University, Victoria (Australie)

Emigration de main-d'oeuvre et exportation de capitaux entre 1816 et 1991 au Royaume-Uni (United Kingdom labour emigration and capital exports 1816-1991) (p. 233-256)

L'auteur analyse les liens entre l'émigration de main-d'oeuvre et les exportations de capitaux depuis le Royaume-Uni à partir de 1816. L'émigration de main-d'oeuvre a dominé au début et semblait devoir être attribuée essentiellement aux facteurs répulsifs. Progressivement, les facteurs d'attraction sont devenus plus importants, de 1860 à 1913. Il faut toutefois observer que les facteurs d'attraction exerçant une influence sur les exportations de capitaux du Royaume-Uni peuvent différer des facteurs d'attraction influant sur les migrations de main-d'oeuvre, ce qui complique l'analyse des déterminants de la conjonction de ces deux flux. Les statistiques réunies ne confirment pas l'hypothèse selon laquelle le capital aurait chassé la main-d'oeuvre, ou l'inverse, même durant les périodes de forte conjonction des flux. Par conséquent, s'il existe indéniablement un lien étroit entre les déterminants respectifs des flux, la nature de la causalité favorisant ce lien n'est pas claire. Il n'est dès lors pas surprenant que de simples explications analytiques de la conjonction des déterminants des flux ne puissent pas s'appliquer sur une tranche aussi large de l'histoire du Royaume-Uni. (ROYAUME-UNI, HISTOIRE, EMIGRATION, MIGRATION DE TRAVAIL, MOUVEMENT DE CAPITAUX)

97.51.3 - anglais - Ahmet ICDUYGU, Department of Political Science and Public Administration, Bilkent University, Ankara (Turquie)

Acquérir la nationalité du pays où l'on a immigré : le cas des Turcs en Australie et en Suède (Becoming a new citizen in an immigration country: Turks in Australia and Sweden, and some comparative implications) (p. 257-272)

Cette étude, qui se fonde sur les renseignements fournis par des immigrés turcs en Australie et en Suède, met l'accent sur les perceptions et les attitudes relatives à l'accès à la citoyenneté et aux droits qui y sont liés. Si les résultats des enquêtes menées auprès des immigrés turcs à Melbourne et à Stockholm ont débouché sur des conclusions hétérogènes et quelque peu étonnantes quant à l'impact de la durée de résidence sur la propension des immigrés à la naturalisation, les effets des autres caractéristiques de l'échantillon d'immigrés étudié se sont révélés moins contradictoires. Les hommes se montrent plus enclins à la naturalisation que les femmes. Mises à part les variations tenant au sexe, le schéma d'accession à la citoyenneté varie considérablement selon l'âge des immigrés à leur arrivée, leur lieu de naissance, leur éducation, leur profession et leurs aptitudes linguistiques.

Il n'est pas facile de dire si les écarts que révèlent les deux enquêtes résultent des contextes historiques, sociaux et économiques des processus migratoires vers ces deux pays, ou des différentes caractéristiques des populations d'immigrés turcs, ou encore d'une combinaison de ces facteurs. Les conclusions surprenantes auxquelles aboutit l'étude quant à l'effet de la durée de résidence sur la naturalisation pourraient être le reflet de cette complexité. Si la différence entre les deux cas d'étude est évidente, on constate une similitude entre les immigrés de Melbourne et de Stockholm en ce qui concerne leur perception et leurs attitudes face aux processus d'établissement et d'accession à la citoyenneté. On note également que les immigrés turcs de Suède ressentent davantage le caractère temporaire de leur situation que leurs homologues d'Australie, mais pour la grande majorité de ces deux populations d'immigrés, la question de la naturalisation est avant tout un choix pragmatique, plutôt qu'un engagement moral ou une démarche de normalisation. (TURQUIE, SUEDE, AUSTRALIE, MIGRATION INTERNATIONALE, ASSIMILATION DES MIGRANTS, NATURALISATION, DUREE DE RESIDENCE)

97.51.4 - anglais - Mostafa H. EL-SHALAKANI, Department of Statistics and Operations Research, Amal Y. A. EL-SABAH, Department of Geography, et Mahmoud A. ISKANDER, Department of Statistics and Operations Research, Kuwait University (Koweït)

Un modèle optimisé du remplacement de la main-d'oeuvre expatriée dans un pays membre du Conseil de coopération du Golfe : le cas du Koweït (An optimized model for substitution of expatriate workforce in a Gulf-council country: The case of Kuwait) (p. 273-295)

L'un des premiers objectifs des politiques de planification mises en oeuvre au Koweït au lendemain de la guerre a été de limiter l'entrée des travailleurs étrangers et de réduire leur durée de séjour. L'article présente un projet de mécanisme de remplacement de la main-d'oeuvre expatriée par le recrutement de Koweïtiens dans le secteur public, ainsi qu'un projet de modèle de programmation par objectifs. Sur la base du mécanisme et du modèle présentés, les auteurs affirment que le processus de "koweïtisation" peut se dérouler de manière simple et naturelle. Appliquée à des données réelles, cette approche laisse entrevoir une diminution de 77 % de la main-d'oeuvre expatriée en l'espace de cinq ans. (KOWEIT, TRAVAILLEUR IMMIGRE, RENOUVELLEMENT DE LA MAIN-D'OEUVRE)

97.51.5 - anglais - S. ROBOLIS et E. XIDEAS, Department of Business Administration, University of the Aegean, Chios (Grèce)

Les déterminants économiques des migrations de retour vers les îles orientales de la mer Egée (The economic determinants of Greek return migration to the islands of the East Aegean) (p. 297-319)

La migration internationale a eu une influence considérable sur l'économie grecque des trente-cinq dernières années. La majeure partie des mouvements d'émigration au départ de la Grèce se sont effectués à destination de l'Europe occidentale, avec un pic en 1971. Après 1973, les retours ont été plus nombreux que les départs. Les auteurs étudient les déterminants économiques de la migration de retour vers les îles de la partie orientale de la mer Egée. Les estimations empiriques se fondent sur un modèle prenant en compte à la fois les facteurs répulsifs et les facteurs attractifs et utilisant les données régionales de la période 1970-1988.

Par rapport aux enquêtes empiriques antérieures, cette étude révèle une influence différente des facteurs économiques sur la migration de retour vers les îles. Le niveau de production dans la région d'établissement choisie, ainsi que les conditions d'emploi et de revenu prévalant dans la région d'origine sont les facteurs qui pèsent sur la migration de retour. En raison des caractéristiques économiques locales, le chômage dans les îles n'influe pas sur la décision de rentrer.

Les auteurs sont d'avis que ce modèle est utilisable pour prédire les tendances futures de la migration grecque de retour. Des recherches complémentaires sur l'estimation de la migration de retour au niveau régional faciliteraient la tâche des décideurs dans leur travail de planification du développement de chaque région. (GRECE, MIGRATION DE RETOUR, CONDITIONS ECONOMIQUES)

1996 - VOLUME 34, NUMERO 4

97.51.6 - anglais - Tamar HOROWITZ, Ben-Gurion University of the Negev, Beer-Sheva (Israël)

Les paramètres touchant au système de valeurs dans les politiques migratoires des années 1990 : l'expérience israélienne (Value-oriented parameters in migration policies in the 1990s: The Israeli experience) (p. 513-537)

L'auteur centre son étude sur six paramètres touchant au système de valeurs : la loi du retour, les relations entre Israël et la diaspora, le pluralisme et le melting pot, la perception des concepts d'égalité, de préférence et de mesures anti-discriminatoires (en faveur des minorités), l'interventionnisme et le marché du travail, et enfin la dispersion des populations par opposition à leur concentration. Trois modèles de valeurs ont été mis en oeuvre dans la politique israélienne. Le modèle des années 1950 et 1960 était avant tout un modèle de type "melting pot", à savoir un modèle d'inspiration sioniste niant la diaspora. L'absorption économique était à l'ordre du jour, autant que l'absorption sociale et culturelle. Le deuxième modèle est apparu vers la fin des années 1960 et dans les années 1970. C'était un modèle sioniste, mais moins enclin à dénigrer la diaspora. L'absorption économique, sociale et culturelle était considérée comme étant du devoir de l'État, mais on percevait désormais la nécessité de permettre à certaines communautés immigrées d'exprimer leur identité culturelle et de préserver leur propre culture. Le troisième modèle, qui s'est développé dans les années 1990, conférait une plus grande légitimité à la diaspora. L'attitude à l'égard des immigrés était moins collective et plus individuelle. L'État n'accordait plus la même importance à l'absorption sociale et culturelle et l'on découvrait un modèle d'absorption plus pluraliste. Pour la première fois, Israël appliquait les mesures anti-discriminatoires aux immigrés éthiopiens. Dans son article, l'auteur présente le résultat des politiques appliquées en Israël depuis les années 1950 suivant les trois modèles évoqués. (ISRAEL, POLITIQUE D'IMMIGRATION, SYSTEME DE VALEURS, MINORITE ETHNIQUE, CULTURE)

97.51.7 - anglais - Prema-Chandra ATHUKORALA, Research School of Pacific and Asian Studies, Australian National University, Canberra (Australie), et Piyasiri WICKRAMASEKARA, ILO East Asia Multidisciplinary Advisory Team, Bangkok (Thaïlande)

Evaluation des statistiques sur les migrations internationales de main-d'oeuvre en Asie (International labour migration statistics in Asia: An appraisal) (p. 539-566)

Cette étude examine les caractéristiques et les limites des données officielles sur la migration internationale de main-d'oeuvre dans les pays d'Asie qui exportent des travailleurs, le but étant de fournir un guide à la recherche en matière de migration et de stimuler l'appui des institutions à l'effort d'amélioration des données existantes. Le message essentiel est que la portée de l'analyse des migrations est sérieusement limitée par une dépendance excessive à l'égard des données administratives qu'il est très difficile de mettre en parallèle d'un point de vue chronologique et d'un pays à l'autre. Si on peut sans doute améliorer ces données administratives, la mise au point d'une base d'informations satisfaisante exige une stratégie de collecte de données intégrées prenant en compte le phénomène de la migration internationale de main-d'oeuvre en tant que partie intégrante du système de contrôle aux frontières, ainsi que des recensements nationaux et des enquêtes par sondage effectuées dans les pays exportateurs de main-d'oeuvre. (ASIE, STATISTIQUE DEMOGRAPHIQUE, MIGRATION DE TRAVAIL, MIGRATION INTERNATIONALE, QUALITE DES DONNEES)

97.51.8 - anglais - Xisowei ZANG et Riaz HASSAN, Department of Sociology, Flinders University of South Australia, Adelaide, South Australia (Australie)

Les choix résidentiels des immigrants en Australie (Residential choices of immigrants in Australia) (p. 567-582)

Dans les débats publics sur les politiques et les tendances migratoires récentes en Australie, I'augmentation des flux d'immigration en provenance de l'Asie a parfois été citée comme un facteur favorisant l'émergence d'enclaves ethniques dans les villes du pays. Les communautés asiatiques d'Australie ont été critiquées pour leur propension présumée à vivre en "société fermée" et dans des "ghettos ethniques". Dans cet article, les auteurs s'appuient sur des données provenant d'enquêtes menées en 1991 à Sydney et à Melbourne (Housing and Location Preference Surveys) pour montrer que si certains groupes d'immigrés préfèrent effectivement s'installer dans le voisinage de leur famille et de leurs semblables pour des raisons pratiques ou sentimentales, cette préférence n'est pas strictement marquée du point de vue ethnique. Les immigrés d'origine asiatique ne sont ni plus ni moins susceptibles de changer de lieu de résidence par souci de nourrir leurs contacts sociaux ou familiaux que ne le sont les résidents nés en Australie ou les immigrés d'Europe occidentale. Et la prise en compte, dans l'analyse des données, de diverses variables telles que le niveau d'éducation, les revenus, le type de logement, l'âge, ou la date d'arrivée dans le pays ne change pratiquement rien au schéma de préférences qu'affichent tant les communautés immigrées que les résidents nés en Australie. En revanche, les auteurs montrent que, plutôt que les contacts familiaux et sociaux, les facteurs qui pèsent sur le choix du lieu de résidence des immigrés d'origine asiatique sont la proximité par rapport au lieu de travail de l'épouse, les services de proximité et le coût du logement. (AUSTRALIE, ASIE, IMMIGRANT, RESIDENCE, REPARTITION DE LA POPULATION)

97.51.9 - anglais - Xiao-Feng LIU, Department of Geography, York University, Ontario (Canada)

Etude de la position des immigrés récemment arrivés de Chine continentale sur le marché du travail de la région métropolitaine de Toronto (A case study of the labour market status of recent mainland Chinese immigrants, metropolitan Toronto) (p. 583-607)

A partir d'une enquête menée en 1993 dans la grande agglomération de Toronto, cette étude examine les effets qu'ont pu avoir les caractéristiques individuelles des Chinois arrivés récemment de Chine continentale sur leur statut au sein du marché du travail. L'éducation, les connaissances linguistiques, le sexe et la date d'arrivée sont autant de facteurs qui peuvent expliquer les différences de statut parfois considérables à l'intérieur de ce groupe. Parmi tous ces facteurs, le niveau d'éducation est celui qui a le plus de poids sur le statut. En comparaison des autres facteurs, I'appartenance à l'un ou à l'autre sexe a relativement moins d'importance lorsque tous les facteurs sont réunis en un modèle logique. L'auteur conclut que dans une société où l'adaptation économique des immigrants est contrôlée au niveau le plus général par les conditions structurelles de la société et du marché du travail, leur profil individuel peut encore peser sur le processus au niveau microéconomique, ce qui peut produire des variations à l'intérieur du groupe. Pour bien comprendre ceci, il faut étudier le rôle des réseaux et la répartition générale des immigrés du groupe dans le marché du travail, compte tenu des conditions structurelles. Ce dernier aspect exige cependant des données globales qui ne sont pas encore disponibles. (CANADA, CHINE, TRAVAILLEUR IMMIGRE, MARCHE DU TRAVAIL)

97.51.10 - anglais - Branka GOLUB, Institute of Social Research, Zagreb (Croatie)

L'exode des scientifiques croates et ses sources (Croatian scientists' drain and its roots) (p. 609-625)

La mobilité des scientifiques, en termes de fuite ou de gain de matière grise suivant le point de vue d'où l'on se place, est un phénomène qui n'est apparu en Europe qu'à la fin du XIXe siècle, lorsque les économies nationales se sont constituées et que l'on a commencé à reconnaître le cerveau humain (intelligence, capacités et connaissances) comme un atout précieux dans la course au progrès et à la prospérité. Le point culminant de l'intérêt qu'a suscité l'exode des cerveaux à l'échelle mondiale se situe dans la période recouvrant les années 1960 et 1970 ; cet intérêt a fortement diminué depuis lors, mais il n'a pas complètement disparu. Il est d'ailleurs différemment perçu d'un pays à l'autre. La Croatie a ainsi perdu des personnes disposant d'un niveau élevé d'éducation, et notamment des scientifiques, lorsqu'elle faisait encore partie de l'ex-Yougoslavie. Aujourd'hui, ce phénomène est ressenti de façon plus cruelle encore. Les troubles sociaux engendrés par la transformation de l'ordre socialiste en économie de marché et en démocratie multipartite, encore aggravés par la guerre, ont stimulé cet exode, qui dépasse à présent les limites du tolérable pour un pays de la taille et du niveau de développement de la Croatie. Le système scientifique national est à présent engagé dans un processus de reconstruction. L'une des conditions préalables essentielles à un changement qualitatif consiste à traiter l'investissement dans les sciences et l'éducation comme un investissement productif et non comme une source de dépenses. C'est la première attitude à avoir pour créer un environnement dans le cadre duquel le développement économique et social pourra faire progresser le capital scientifique de la Croatie. Des subventions accrues et une amélioration des infrastructures (équipement informatique et de communication) mettraient les scientifiques croates en meilleure position pour dialoguer avec la communauté scientifique mondiale et réduire ainsi l'hémorragie de matière grise à destination de l'étranger. (CROATIE, EXODE DES COMPETENCES)


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