ECONOMIE ET STATISTIQUE, 1999, 2000

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ECONOMIE ET STATISTIQUE, 1999 - N° 1/2 (N° 321/322)

FERMANIAN, Jean-David; LAGARDE, Sylvie.

Les horaires de travail dans le couple.

Les horaires de travail dépendent fortement des caractéristiques individuelles, notamment du sexe et de la catégorie socioprofessionnelle, mais également des caractéristiques familiales et de celles du conjoint.

Ainsi, pour des couples de salariés à temps complet et à catégorie socioprofessionnelle iden-tique, les femmes travaillent moins longtemps que leur conjoint et leur rythme de travail est plus régulier. Les horaires de départ ou de retour quotidiens de chacun dépendent de leurs positions sociales relatives.

La présence de jeunes enfants s'accompagne d'une réduction de la durée hebdomadaire de travail de la mère, essentiellement par le recours au temps partiel, compensée bien souvent par un allongement de celle du père. Avoir de jeunes enfants amène les parents à des arrangements en termes d'horaires, notamment pour assurer une présence plus longue au domicile.

Une approche économétrique originale permet de dépasser ces simples constats : elle se dis-tingue par une modélisation des comportements individuels de chaque conjoint rigoureusement symétrique entre l'homme et la femme et par l'adjonction de la catégorie socioprofessionnelle en tant que variable explicative de la durée du travail. Chez les salariés un effet d'entraînement joue entre les durées de travail des deux conjoints : plus l'un travaille longtemps, plus l'autre fait de même et inversement. Cet effet est sensiblement plus fort pour la femme que pour l'homme, la présence de jeunes enfants l'éliminant, sans toutefois aller jusqu'à une compensation des horaires de l'un par ceux de l'autre. La prise en compte des femmes inactives, en corrigeant le biais de sélection inhérent au phénomène étudié, accuse l'effet de la présence de jeunes enfants.

(COUPLE, MENAGE AVEC DEUX REVENUS, HORAIRE, HEURES DE TRAVAIL, DIFFERENCE ENTRE SEXES).

A Couple's Working Hours.

Working hours depend a great deal on individual characteristics, especially sex and socio-economic category, but also the characteristics of the family and spouse.

Among full-time wage-earning couples in identical socioeconomic categories, the women work fewer hours than their spouses and their working patterns are more regular. Daily departure and return times depend on relative social positions.

When young children are present, the mother reduces her working week mainly by working part time. This is often offset by the father's working longer hours. Having young children bring parents to organise their time differently, mainly to gain more time at home.

A new econometric approach takes these simple observations a step further. It models the individual behaviour of the male and female spouse as being perfectly symmetrical and adds in the socioeconomic category as an working hours explanatory variable. Among wage earners, a ratchet effect operates between the two spouses' working hours: the longer one works, the more the other does. This effect is considerably greater among women than men. Having young chil-dren eliminates this "upward working spiral", but does not go so far as to offset the hours of one by those of the other. Including women out of the labour force by means of correcting the selec-tion bias inherent in the phenomenon studied shows the effect of the presence of young children.

(COUPLE, TWO-INCOME HOUSEHOLD, TIME-TABLE, HOURS OF WORK, SEX DIFFERENTIALS).

Français - pp. 89-110.

J.-D. Fermanian et S. Lagarde, Division Emploi et Division Exploitation des fichiers admi-nistratifs, INSEE, 84 bd Adolphe Pinard, 75014 Paris, France.

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ECONOMIE ET STATISTIQUE, 2000, N° 4 (N° 334)

MESRINE, Annie.

La surmortalité des chômeurs : un effet catalyseur du chômage ?

Aux âges actifs, chômage ou inactivité s'accompagnent d'une surmortalité, pour les hommes comme pour les femmes. Dans les cinq ans qui suivent l'observation du chômage, le risque an-nuel de décès d'un homme chômeur est, à chaque âge, environ trois fois celui d'un actif occupé du même âge. La mortalité des chômeuses est environ le double, à âge égal, de la mortalité des actives occupées. L'excès de mortalité des inactifs est encore plus élevé. La surmortalité mascu-line est accentuée en cas de persistance du chômage ou de l'inactivité.

Les raisons de la surmortalité des chômeurs sont multiples : un état de santé déficient qui provoque le chômage, les conséquences financières et psychologiques du chômage de longue durée, le rôle " catalyseur " du chômage. Le statut matrimonial, le niveau de diplôme et le groupe socioprofessionnel expliquent également une part de ce surplus de mortalité des hommes chômeurs, mais jouent peu sur celui des femmes chômeuses.

Parmi les mères de famille âgées de 30 à 50 ans, les inactives sans diplôme ni qualification ont la mortalité la plus élevée, surtout si elles n'ont jamais exercé d'activité. Effet de sélection par la santé mis à part, l'exercice d'une activité ou la possession d'un diplôme ou d'une qualification joue un rôle intégrateur, il facilite l'accès à l'information portant sur la santé et la prévention, et contribue ainsi à la réduction du risque de mortalité.

(FRANCE, CHOMEUR, SURMORTALITE, MORTALITE MASCULINE, DIFFERENCE ENTRE SEXES, FACTEUR DE MORTALITE).

The high death rate among job seekers: A catalyst effect of unemployment?.

Being unemployed or out of the labour force at working age is associated with a high death rate among both men and women. In the five years following the observation of unemployment, the annual risk of death for a male job seeker is, at each age, approximately three times higher than an employed worker of the same age. The death rate among female job seekers is approxi-mately twice, at equal ages, the death rate of female employed workers. The death rate among those out of the labour force is even higher. The high male death rate is accentuated when unem-ployment or being out of the labour force persist.

There are a number of reasons for the higher death rate among job seekers: a poor state of health leading to unemployment, the financial and psychological repercussions of long-term unemployment, and the "catalyst" role of unemployment. Marital status, level of qualifications and socio-economic group also explain part of this higher death rate among male job seekers, but has little effect on the death rate among female job seekers.

Unskilled and unqualified mothers out of the labour force have the highest death rate among mothers aged 30 to 50, especially if they have never worked. The health selection effect aside, working and holding qualifications or skills play an integrating role. They make it easier to ac-cess information on health and prevention and hence contribute to reducing the risk of death.

(FRANCE, UNEMPLOYED, EXCESS MORTALITY, MALE MORTALITY, SEX DIFFERENTIALS, MORTALITY DETERMINANTS).

French - pp. 33-48.

A. Mesrine, INSEE, 84 bd Adolphe Pinard, F-75014 Paris, France.

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